Avec le zEnterprise 196, IBM remet en selle sa plate-forme mainframe pour les années à venir. Big Blue entend bien placer au centre du datacenter et du cloud sa plate-forme centralisant les technologies maison. « Après le support de Linux en 2000 (...) et l'arrivée de processeurs plus performants en 2008, nous continuons d'innover sur cette plate-forme » souligne Rod Adkins, vice-président en charge de l'activité Systems et Technology chez IBM. « Aujourd'hui, nous proposons une solution permettant de regarder son système informatique comme une seule entité. » La firme d'Armonk a en effet donné à son mainframe zEnterprise la capacité de manager des systèmes Power7 et des blades x équipées d'Intel Xeon sur une console d'administration unique. Le z196 peut accueillir jusqu'à 96 processeurs et 114 lames avec huit coeurs chacune. Pour reprendre les propos de Steve Mills, vice-président en charge de l'activité Software, « cette annonce est un des changements les plus significatifs pour la plate-forme depuis ces 20 dernières années et intègre un grand nombre d'innovations. »
Des puces quatre coeurs à 5,2 GHz
Au chapitre matériel, le zEnterprise 196 repose sur des processeurs quatre coeurs à 5,2 GHz associés à 3 To de mémoire, soit deux fois plus que la précédente plate-forme, le z10, équipé de puces quatre coeurs à 4,4 GHz. Le nouveau processeur Z intègre deux fois plus de mémoire cache et une centaine d'instructions supplémentaires. Le système se présente sous la forme de la traditionnelle grande armoire auxquelles on peut ajouter des éléments complémentaires de type Power7 et BladeCenter x86 qui fonctionneront avec AIX et Linux.
À la question de savoir quand Windows sera supporté, Ambuj Goyal (en illustration ci dessus), directeur Developpement & Manufacturing de la branche Systems & Technology, répond simplement que « c'est à l'étude suite à la demande de certains clients. Windows va venir». Mais aucun planning n'a été indiqué. « Les solutions x86 sont parfaitement supportées avec les principales distributions Linux et les machines virtuelles KVM et VMware. Nous proposons les mêmes capacités qu'un serveur Intel traditionnel, mais avec la sécurité d'un mainframe. Aujourd'hui 30% des serveurs X86 sont animés par Linux contre seulement 1% il y 10 ans, nous répondons donc à une grande partie du marché. » Impossible de savoir comment sont reliés les différents systèmes dans un z196, Amjub Goyal se contente de sourire en assurant que l'administration est parfaitement intégrée pour l'utilisateur qui peut gérer son système informatique avec beaucoup moins de complexité. Une partie des câbles et des équipements réseau deviennent par exemple inutiles puisque toutes les connexions se font au niveau du mainframe. À la question de savoir si des technologies héritées du rachat de PSI par IBM il y a deux ans déjà , sont réutilisées, Steve Mills et Amjub Goyal nous ont catégoriquement répondu que non. Toutes les technologies utilisées dans ce z196 sont issues de développements internes. Mais impossible de savoir pour l'instant quel type de switchs sont intégrés pour relier les différents équipements. Les extensions Power7 et BladeCenter sont gérés par l'Unified Resource Manager qui distribue la mémoire et les espaces disques. « Nous avons enfin réalisé une architecture de convergence entre différentes architectures », précise simplement Amjub Goyal.
Etendre la technologie System z
Avec son zEnterprise, IBM entend bien conquérir de nouveaux marchés et étendre la technologie des Z Séries en jouant notamment sur le TCO. Si le TCA reste toujours plus important que sur les systèmes Power ou X86, IBM indique après de savants calculs et une bonne dizaine de slides que son architecture hybride est censée couter un tiers de moins sur trois ans. La démonstration de Steve Mills met en scène 1603 serveurs X86 prenant en charge 10 000 workloads d'un côté et une architecte zEnterprise hybride avec 5 z196 (334 IFLS), 195 blades X86 et 250 lames Power7. Au final, le coût total d'acquisition et de fonctionnement serait inférieur d'un tiers, mais ce type de calcul est est toujours très compliqué et ne répond pas toujours à des décisions rationnelles. Il faut bien évidemment prendre en compte l'existant et les capacités techniques du personnel.Big Blue met toutefois en avant des arguments très convaincants comme un gain de performance de 60% pour une même consommation électrique ou l'automatisation d'un grand nombre de tâches au sein de ce « datacenter in the box ». Brad Day, analyste au Forrester Research, qualifie ce nouveau système de « très différent de ce qui a été fait avant » et parle même de « réelle rupture ». Brad Day croit comprendre que l'approche d'IBM est de focaliser sur la consolidation et la virtualisation, spécialement quant il voit que beaucoup de ressources Mips sont utilisées avec Linux sur les mainframes ?
Une arrivée attendue
L'arrivé de ce System z explique en partie la baisse de 24% du chiffre d'affaires d'IBM sur la partie mainframe au dernier trimestre. C'est typiquement le cas quand on nouveau système arrive. Reste à savoir comment les clients vont accueillir cette annonce. Steve Mills se montre très confiant, aussi bien avec les anciens clients qui pourront, comme à l'accoutumée, migrer leurs z10 vers cette architecture hybride mais également avec la conquête de nouveaux utilisateurs. Et de citer en exemple une jeune compagnie pétrolière américaine spécialisée dans la prospection.
Au chapitre disponibilité, le zEnterprise 196 et son extension Power7 sont livrables partir du mois de septembre. Pour le module BladeCenter, il faudra patienter jusqu'à l'année prochaine.
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Crédits photos : IBM