D'ici à la fin de l'année, les utilisateurs de quelques applications SAP pourront commencer à demander à l’assistant à base d’IA, nommé Joule de les aider dans leur travail. Une diffusion plus large est attendue dans les mois et les années à venir. En cliquant sur un bouton dédié dans les applications SAP compatibles, le client accède à l’interface de Joule. Ils pourront formuler leur requête en langage naturel, cliquer sur des boutons suggérant des actions ou saisir des dates à partir d'un calendrier. Ce à quoi Joule répondra avec du texte, des graphiques et des tableaux provenant de SAP ou de sources de données externes, ou avec des liens vers d'autres applications et flux de travail.
Joule va s'intégrer dans quelques applications SAP. (Crédit Photo : SAP)
« L'accès à l'interface de Joule sera inclus dans les accords de licence des logiciels SAP existants, mais les cas d’usage de l'IA générative auxquels Joule fait appel seront tarifés en fonction de leur valeur commerciale », a déclaré Julia White, responsable du marketing et des solutions chez SAP. Ce lancement de l’assistant à base d’IA de SAP va de pair avec la protection des données clients. « Aucune donnée client ne sera utilisée pour former des modèles d'IA fondamentaux externes », a déclaré Bharat Sandhu, vice-président senior de l'entreprise pour l'IA et la plateforme de développement d'applications. « Dans la mesure du possible, SAP hébergera ses propres grands modèles de langage (LLM) dans ses centres de données, et toutes les données envoyées à des LLM externes pour traitement seront masquées ou anonymisées », a-t-il précisé.
Une concurrence effrénée sur l'IA générative
En septembre, d'autres grands fournisseurs de logiciels d'entreprise ont fait des annonces similaires en matière d'IA générative, plus ou moins détaillée et précise sur leur calendrier. Salesforce a été le premier à annoncer qu'il ajouterait un assistant conversationnel d'IA, Einstein Copilot, dans la barre de droite de toutes ses applications. Le fournisseur a prévu des essais avec un nombre limité de clients avant la fin de l'année, sans mentionner de date de disponibilité générale. Peu après, Oracle a déclaré qu'il prévoyait d'ajouter des capacités d’IA générative à un grand nombre de ses applications cloud. Certaines d'entre elles sont déjà testées par quelques clients, mais les utilisateurs de ses outils Fusion Cloud ERP, HCM et Customer Experience devront peut-être attendre six mois avant la disponibilité générale de ces fonctionnalités. Les utilisateurs de Clinical Digital Assistant pourraient eux attendre jusqu'à un an.
ServiceNow, dernier en date à l'annoncer, sera probablement le premier à le faire. Le fournisseur a déclaré que son chatbot d'IA générative Now Assist serait disponible pour tous à partir du 29 septembre avec la version Vancouver de sa plateforme de flux de travail. Mais, alors que SAP et Salesforce prévoient de mettre leurs outils d'IA générative à la disposition de l’ensemble des utilisateurs, seuls les clients de ServiceNow qui achètent des packs d'extension spéciaux pour Now Assist auront accès à la fonctionnalité d'IA générative, ce qui limite le nombre d'utilisateurs que l'entreprise devra servir initialement. Julia White a écarté la menace de la concurrence en déclarant qu’elle avait entendu les nombreuses annonces, et le battage médiatique qui va avec, dans l'écosystème, mais que « SAP se concentrait sur la valeur ajoutée pour le client ».
Lentement mais sûrement
L'approche lente, mais constante, de SAP est plus caractéristique de l'entreprise, et peut-être compréhensible compte tenu de la diversité de son portefeuille de produits et de la complexité de sa base de code. « Joule ne représente qu’une des trois composantes principales de la stratégie de SAP en matière d'IA », a déclaré Bharat Sandhu. La couche de base, intégrée à la plateforme technologique de l'entreprise, gère l'orchestration, l'abstraction de modèles tiers et autres, tandis que la deuxième couche est composée de capacités d'IA intégrées dans les applications. SAP utilise déjà l'IA générative pour aider les clients à créer des offres d’emploi ou des questionnaires pour les entretiens d’embauche, à traiter les bons de livraison ou à prévoir quels clients seront en défaut de paiement.
Joule « s'installera finalement au-dessus de toutes les applications SAP et jouera le rôle de couche d'engagement commune pouvant faire appel à leurs fonctions existantes », a proposé Bharat Sandhu. Mais elle ne sera pas disponible partout en même temps. « La particularité de SAP réside dans son vaste portefeuille d'applications », précise-t-il. Tout en ajoutant, « ce qui justifie un déploiement progressif. D'ici à l'année prochaine, Joule sera totalement intégré dans la plupart de nos applications. Il faut juste un peu de temps pour l'intégrer à toutes ces applications différentes. Pour l'instant, l'entreprise s'engage seulement à ce que Joule soit généralement disponible avant la fin de l'année sur SAP Start, la page d'accueil de ses applications cloud, et dans SuccessFactors, son outil SaaS HCM ».
SAP avance prudemment dans le déploiement de l'assistant Joule. (Crédit Photo: SAP)
Le déploiement de Joule dans l'édition cloud public de sa suite S/4HANA est prévue pour le début de l'année prochaine. Les clients qui utilisent des versions sur site des applications SAP, même de S/4HANA, devront attendre avant d’accéder aux fonctions d'IA générative, si cela arrive un jour. En juillet, Christian Klein, CEO de SAP, a déclaré aux analystes que les dernières innovations de SAP ne seraient disponibles que dans le cloud public ou dans les clouds privés via son offre tout-en-un Rise with SAP. Julia White a réitéré cette position lors du lancement de Joule : « Nous fournirons nos capacités d'IA comme Joule dans le cadre de notre stratégie cloud. L'IA générative ne fonctionne vraiment que dans le cadre d'un modèle cloud », avait-elle déclaré.
Une référence énergétique
Joule, le nom choisi par SAP pour désigner son assistant d'IA - le joule est l'unité du Système International pour quantifier l'énergie - met en lumière l'un des inconvénients de l'utilisation croissante de l'IA générative : l'énergie qu'elle consomme. Depuis des années, SAP achète de l'énergie renouvelable pour les datacenters qui alimentent ses propres activités et s'est engagée à réduire à zéro les émissions de carbone sur l'ensemble de ses activités d'ici à 2030. Le transfert de ses clients vers le cloud, où les applications peuvent être exécutées plus efficacement, est l'un des moyens que l’entreprise espère utiliser pour atteindre cet objectif.