Pour la première Cloudweek à Paris, les manifestions éclosent un peu partout dans la région parisienne afin de promouvoir la transformation numérique des entreprises. En plus des plénières, des fournisseurs profitent de l’occasion pour détailler leurs solutions. Cisco, sponsor platine de l’événement, a ainsi organisé un point presse à Issy les Moulineaux sur Intercloud, l’occasion de mieux comprendre le fonctionnement de sa plate-forme d’hybridation.
Avec le développement des applications cloud - aussi bien privé que public dans les entreprises - de nouveaux besoins se font sentir. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent : développements et tests chez des fournisseurs bon marché avant bascule en production chez des prestataires capables d’assurer un bon SLA avec localisation des données à l’intérieur de nos frontières, débordement ponctuel en fonction des besoins et de l’activité, la migration de ressources d’un prestataire à un autre…
Une même sécurité qu'en interne
Pour répondre à tous ces besoins, Cisco dégaine donc Intercloud. Nous vous allons déjà parlé de cette plate-forme qui repose en partie sur OpenStack. L’équipementier ne compte pas se transformer en cloud provider pour directement concurrencer ses clients mais ambitionne de les accompagner pour proposer des services à leurs clients communs. Christophe Labro, directeur cloud services chez Cisco, nous a ainsi expliqué ce matin qu’il s’agit « d’aider nos clients à mieux consommer du cloud public ». En pratique les clients de Cisco peuvent installer quelques VM supplémentaires dans leur cloud privé pour héberger la partie logicielle d’Intercloud. Et une fois renseigné les mots de passe nécessaires pour se connecter à leur cloud provider (Amazon, MS Azure, Google Cloud pour les géants américains et Steria, Atos Canopy et BT avec Sungard pour les francoeuropéens), ils peuvent créer un tunnel SSL et un cloud virtuel pour créer ou transférer automatiquement des VM avec toutes leurs politiques de sécurité.
Toutes les règles sont transférées vers le fournisseur via Intercloud et leurs mises à jour est également assurée en temps réel. Pour assurer la cohérence entre les ressources internes et externes, les adresses IP des VM sont même conservées puisque ce virtual cloud est une extension dynamique du domaine d’origine de l’entreprise. « La virtualisation s’opère au niveau de l’overlay et les VM des clients sont gérées directement chez le provider », nous a précisé Bruno Dutriaux, responsable du développement des offres cloud. Et pour une question de sécurité, les échanges entre les VM hébergées dans cet espace virtualisé peuvent être cryptés pour déjouer les sniffers mis en place par certains prestataires. « Le trafic n’est pas intelligible ». Les liens peuvent également être doublés - en option - pour parer à toute panne.
Passer d'ESXi à KVM
Point intéressant comme à l’époque du PtV (PhysicaltoVirtual), une moulinette développée par Cisco permet de transférer et d’adapter une VM d’une plate-forme hyperviseur à une autre. De vSphere à KVM, Zen ou Hyper-V. Cette Moulinette VtoV maison, tout comme le support des API des principaux cloud providers, est indispensable pour assurer le bon transfert des machines virtuelles aujourd’hui. Faute de standard commun, la manipulation peut cependant être très longue s’il faut récréer comme souvent des VM dans un nouvel environnement cloud. « Un de nos clients dans la banque était persuadé de savoir-faire l’hybridation avant de découvrir notre solution », a malicieusement rapporté M.Labro. « Tout le monde dit qu’il est ouvert mais il s’agit de déplacer ses charges de travail d’une plate-forme à une autre, tout est à reconfigurer… »
Mais Cisco ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Dès la rentrée, l’équipementier compte bien mettre l’accélérateur sur les services cloud qui seront proposés sur sa plate-forme Intercloud. Ces derniers devront toutefois reposer sur des équipements Cisco. Le but est de favoriser le go-to-market (vente et support conjoint) en accompagnant des partenaires éditeurs ou ISV chez des clients. « On commence à fédérer des ISV avec un catalogue SaaS et des éditeurs français sont attendus. Les clients auront un accès direct aux applications dans un store Cisco. Avec Steria, Cisco compte par exemple proposer de la gestion de parc et du DaaS. Le VDI fait également parti des services qui seront proposés. « Un très grand choix de services sera proposé une garantie reposant sur la certification des partenaires », a souligné M. Labro. Cisco se projette en agrégateur de services cloud qui pourront être redistribués sur les plates-formes certifiées. Et la qualité de service, elle reposera sur les partenaires puisqu’ici Cisco ne touche pas au réseau. La latence sera celle entre l’entreprise et son cloud provider (35 ms en Europe, 85 ms outre-atlantique).
Un tarif à la VM
La partie tarif risque toutefois de faire tousser les DAF. Le surcoût d’Intercloud est de 10 à 15%, en sus du cloud provider. « Une fois le virtual cloud créé chez un prestataire avec la modélisation des charges de travail à transférer la facturation à la VM commence ». C’est la solution la plus simple pour le client selon Bruno Dutriaux. Une facturation au segment réseau aurait vite grimpé avec la virtualisation qui permet de multiplier les segments. Aujourd’hui d’autres fournisseurs proposent des solutions similaires pour un environnement dédié ou avec beaucoup d’intégration à la clef. OpenStack, très prometteur sur le papier, reste encore un projet avec un part de marché de 7% aux Etats-Unis pour le cloud privé contre 53% pour VMware. La prochaine étape passera toutefois par Docker. Cisco a d’ailleurs annoncé, comme beaucoup d’autres, qu’il travaillait au support des containers pour redistribuer les tâches dans les entreprises.