Exaion met à la disposition des entreprises une infrastructure de datacenter pour accéder à des services de blockchain as a service ainsi qu'à des ressources de calcul et de stockage haute performance. Avec ces offres fournies sur mesure, l’objectif de cette filiale à 100% d’EDF est double : faciliter l’accès à la puissance de traitement pour les applications exigeantes en ressources informatiques tout en limitant au maximum l’empreinte carbone nécessaire, sachant qu'un rapport de l’Ademe publié en 2019 prévoit que la consommation électrique des datacenters pourraient atteindre 13% de la demande mondiale en électricité en 2030.
Exaion a été créée en ce début d’année par deux intrapreneurs salariés du groupe français, Fatih Balyeli, directeur général, et Laurent Bernou-Mazars, directeur technique, passés par l’incubateur EDF Pulse Croissance. « Le système informatique d'Exaion est complètement indépendant de celui d'EDF, mais il a été pensé et construit en s'inspirant des meilleures pratiques du groupe et il bénéficie de ses services de cybersurveillance et du savoir-faire unique d'EDF sur la cybersécurité », nous a indiqué Fatih Balyeli, co-fondateur de la start-up en précisant que « les activités de cloud computing et de blockchain as a service s'appuient sur des infrastructures installées en France dans le datacenter d’EDF de niveau Tier 4 avec une redondance électrique et télécoms et des données dupliquées entre deux sites ».
Une blockchain Ethereum, ouverte à d'autres protocoles
L'offre Blockchain as a service répond aux problématiques de traçabilité et de sécurité rencontrées par de multiples secteurs d'activité, dans l'agro-alimentaire pour garantir la chaîne du froid, dans la fourniture d'énergie, pour certifier l'origine de l'énergie qui sera injectée sur le réseau électrique, ou encore dans le luxe pour déjouer la contrefaçon, cite entre autres exemples Fatih Balyeli. Les entreprises souhaitant développer une traçabilité sur leurs produits et services pourront donc le faire en s'appuyant sur l'infrastructure IT et réseau d'Exaion. « Il y a trois niveaux en blockchain, la couche réseau, le niveau infrastructure, le plus sensible, où nous nous positionnons, et le niveau applicatif, c'est-à-dire les smart contracts eux-mêmes », rappelle le co-fondateur de la start-up. L'offre d'Exaion s’appuie sur le protocole Ethereum, mais il est possible d'opter pour Hyperledger ou de proposer un autre protocole.
« Nous nous basons avant tout sur des cas d'usage métiers, dès lors qu'un partenaire souhaitera travailler sur un autre protocole de crypto-actif - il en existe plus de 1 500 avec des valeurs intrinsèques - celui-ci sera étudié par l'équipe éthique et conformité d'EDF pour établir sa finalité avant qu'il puisse être intégré dans notre dictionnaire de protocoles », nous a expliqué le DG. Si le protocole est validé, Exaion mettra à disposition la puissance de calcul de son infrastructure IT et le réseau nécessaires au déploiement des smart contracts. A la fin de l'année, le service Blockchain as as service devrait par ailleurs se compléter d’un coffre-fort sécurisé pour les portefeuilles de crypto-actifs.
L'équipe d'Exaion autour de Fatih Balyeli, directeur général (au centre), et de Laurent Bernou-Mazars, directeur technique (3e en partant de la droite). (Crédit : D.R.)
Rendre le métier de la blockchain éco-responsable
« Ce qui est important pour nous, c’est de professionnaliser le métier de la blockchain de manière à le rendre éco-responsable », souligne le DG. Une préoccupation qui s'applique aussi aux ressources de calcul haute performance. Concernant l’offre HPC accessible pour des projets de simulation scientifique en mécanique des fluides ou chimie, de deep learning ou d’animation 3D de jeux vidéos, la jeune filiale d’EDF dispose d’une puissance de 1 petaflop et d’une capacité de stockage de 8,5 Po en s'appuyant sur les ressources de calcul parallélisées des supercalculateurs dont elle dispose. Les données des clients seront hébergées avec le même niveau d’exigence en matière de résilience et de cybersécurité que celles du groupe EDF, à laquelle s'ajoute le niveau de sécurité du site industriel de cet opérateur d'importance vitale. Pour accéder aux ressources de calcul, les entreprises déposeront une demande sur le site web d’Exaion qui prendra ensuite contact avec elles.
Parmi les moyens utilisés pour réduire l’empreinte carbone de ses datacenters, Exaion dit notamment planifier ses périodes d’activités pour optimiser sa consommation d’énergie, exploiter des supercalculateurs entamant une seconde vie et réutiliser la chaleur émise pour chauffer des bâtiments. Ses installations sont certifiées ISO 50001, une norme volontaire internationale qui fournit des lignes directrices pour gérer l’énergie de façon efficace. « Nous avons mis en place un cycle très vertueux avec une gestion active de l’énergie. Quand le réseau électrique est sous tension, nous nous retirons et nous avons créé tout un système de récupération de chaleur pour limiter l’empreinte carbone de l’activité de cloud computing et de blockchain », explique Fatih Balyeli. « Sur le HPC, nous mettons en place une ingénierie électrique pour optimiser notre offre de service. Nous allons faire tourner nos machines sur des périodes de temps maximum de façon à pouvoir nous retirer du réseau lorsqu’il sera tendu ce qui sera répercuté dans les contrats par des tarifs plus avantageux. Sur les contrats que nous préparons, nous saurons quels mois et à quelles heures les clients pourront consommer ».
Hébergement d'infrastructure IT en container à 1 MW/unité
Les services d'Exaion sont déjà utilisés en interne par différentes équipes du groupe EDF et la start-up est actuellement en phase de PoC avec des partenaires qu'elle ne peut pas encore citer. Parallèlement à ses offres HPC et Blockchain as a service, elle propose par ailleurs une offre d'hébergement de datacenters en container pour les besoins de forte puissance. Cet hébergement est réalisé « dans des conditions optimales de sécurité et de qualité de réseaux électrique et télécom », à raison de 1 MW/unité. Une partie de l’espace alloué pour cette offre est en Tier 4 tandis une autre reste pour l'instant en Tier 1 n’ayant pas encore la redondance électrique. Cette activité de datacenter en container sera surtout développée à partir de 2021. Interrogé sur les objectifs de l'entreprise, son DG évoque un chiffre d'affaires de 10 M€ d'ici 5 ans.