Comment réagir face à un produit de plus en plus largement déployé et profiter d'une technologie qui modifie la donne ? C'est pour répondre à cette question que Red Hat a transformé RHEL (Red Hat Enterprise Linux) pour l'adapter à Docker, la technologie de conteneurs qui perturbe tout ce qu'elle touche. Cependant, la dernière itération de RHEL laisse entendre que si Red Hat a modifié RHEL pour le rendre compatible avec le système de conteneurs de Docker, il n'aliène par pour autant sa base de clients existants. D'ailleurs, le RHEL 7 Atomic Host Beta à l'air d'être deux produits en un. D'une part, il est entièrement compatible avec la distribution RHEL 7 actuelle, c'est-à-dire qu'il conserve les mêmes certifications matérielles et le même écosystème. Mais, en plus, Red Hat fournit un « hôte stable, optimisé pour Docker, qui isole le conteneur de l'hôte, aussi bien son application que ses dépendances ». Cette structure doit permettre « aux équipes d'exploitation et de développement de se focaliser sur leurs points forts », autrement dit, soit de continuer à utiliser l'infrastructure originale de RHEL, soit d'opter pour les conteneurs. Les utilisateurs peuvent déployer leurs propres conteneurs ou passer par le logiciel de conteneurisation de la suite Software Collections de Red Hat.

C'est la sortie récente de Fedora 21 qui a donné à Red Hat l'idée de transformer son ancien Projet Atomic. En effet, Fedora a montré qu'il était possible de modifier une distribution expérimentale pour la transformer en hôte de conteneurs. La version cloud de Fedora 21 permet de faire tourner un système minimal dans une image « atomique » pour, par exemple, déployer des conteneurs Docker. C'est cet aspect « atomique» qui apparaît dans RHEL 7 Atomic Host. Mais, la partie « Docker » de RHEL 7 Atomic Host n'est pas déployée comme une mini-distribution allégée comme c'est le cas de la version cloud de Fedora 21 : cette fois, l'hôte de conteneur fait partie intégrante de RHEL. Fedora sert de plateforme de test pour les technologies serveurs de Red Hat, qui ne sont pas nécessairement destinées à être reproduites telles quelles. Certaines innovations peuvent être réutilisées de façon radicalement différente, en partie parce que les attentes des utilisateurs de Fedora et de Red Hat ne sont pas les mêmes.

Support de la brique Kubernetes de Google

RHEL 7 Atomic Host peut également servir de plate-forme d'orchestration de conteneurs en passant par le projet Kubernetes de Google. Red Hat précise dans son communiqué de presse qu'Atomic Host « intègre Kubernetes dans sa pile de conteneurs et ajoute une couche à l'infrastructure... ce qui permet aux entreprises de créer des applications composites en organisant plusieurs conteneurs comme des micro-services dans une instance hôte unique ». Autrement dit, il sera plus facile pour une entreprise qui a déjà investi dans la technologie de Red Hat d'adopter l'infrastructure par conteneurs dans la mesure où RHEL fera office d'hôte de conteneurs. De plus, les administrateurs soucieux de la sécurité pourront plus facilement renforcer la protection des conteneurs via SELinux.

L'approche de Red Hat est différente de celle de CoreOS, qui a développé une nouvelle distribution Linux en partant de blocs de conteneurs Docker. Pour les entreprises qui veulent utiliser des conteneurs ou qui commencent à partir de zéro, CoreOS semble un meilleur choix, car il ne contient que l'essentiel. En revanche, RHEL 7 Atomic Host peut mieux convenir à ceux qui ont déjà travaillé avec Red Hat. Même si l'arrivée de Red Hat dans la virtualisation par conteneurs est encore nouvelle. Certains observateurs craignent toutefois que la focalisation des options de Fedora sur le serveur (et sur les conteneurs) ne rende la distribution moins utile. Mais Red Hat semble croire qu'Atomic Host sera une aubaine pour l'IT, peu importe la façon dont Fedora est modifiée, l'objectif étant pour l'éditeur de mettre Atomic Host à la disposition d'une clientèle payante, son coeur de cible.