« Après plusieurs mois de concertation, la mission constate que le déploiement d’usages de la 5G en France et notamment dans l’industrie française reste moins important que dans d’autres pays ». Confiée en octobre 2021, par la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, et le secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, Cédric O, à Philippe Herbert, la mission sur la 5G industrielle fait ce triste constat. On se souvient qu'en juillet dernier, les ministres avaient déjà dévoilé un plan de relance sur les réseaux privés 5G.
La mission donne plus de détails sur les raisons de cet échec en identifiant « sept freins principaux au développement de la 5G privée : l’accès aux fréquences, la nécessité d’accélérer le développement de l’écosystème 5G industrielle en France, l’insuffisante disponibilité d’équipements et de services adaptés, le besoin de simplifier et rendre plus accessible la 5G industrielle, la difficulté à trouver les bonnes compétences, les interrogations sanitaires, environnementales et sociétales et enfin le manque de visibilité et de maturité des écosystèmes 5G industrielle français et européens » précise le gouvernement.
Lever les blocages sur les fréquences
« La 5G est un facteur clé de notre compétitivité » a assuré Agnès Pannier-Runacher, comptant sur cette technologie pour assurer une dynamique de réindustrialisation sur le territoire. « La dynamique d’expérimentations doit ainsi être amplifiée pour éviter de prendre du retard dans les années à venir » a annoncé le Ministère de l’économie, des finances et de la relance. En conséquence, Agnès Pannier-Runacher et Cédric O ont annoncé la mise en place de plusieurs recommandations pour répondre aux problématiques énoncées précédemment.
Il s’agit tout d’abord de faciliter l’accès aux fréquences pour le stimuler le développement de projets d’usage de la 5G dans l’industrie. Le décret relatif aux redevances pour l’utilisation des fréquences dans la bande 2,6 GHz sera modifié pour simplifier l’accès à ces fréquences, et des réflexions seront menées à court terme sur l’accès à la bande 3,8 GHz-4GHz pour des expérimentations d’usages de la 5G. Le gouvernement veut lancer prochainement un appel à manifestation d’intérêt « Campus Fablab 5G industrielle ». Ces Campus devront rassembler en un même lieu tous les acteurs pertinents - industriels, opérateurs télécoms, équipementiers, intégrateurs, fournisseurs, experts – afin d’accompagner les industriels vers la numérisation de leurs processus de production grâce à la 5G.
Agnès Pannier-Runacher et Cédric O ont également annoncé le lancement par la France et l’Allemagne d’un appel à projets conjoint pour faire émerger des projets sur les réseaux privés 5G pour l’industrie. Cette initiative fait suite à un premier appel à projets lancé en 2021 et ayant soutenu quatre programmes sur les réseaux privés 5G. L’objectif : répondre aux besoins de connectivité des industries françaises et allemandes tout en faisant émerger (enfin) un écosystème 5G souverain. Les acteurs industriels disposant d’un besoin en termes de connectivité ou ayant identifié des cas d’usages 5G sont invités à manifester leur intérêt avant le 8 avril 2022. Un événement sera organisé le 21 avril 2022 pour mutualiser les besoins des utilisateurs et les services de fournisseurs de solutions. La date de clôture de l’appel est fixée au 14 juin 2022. Cédric O, confiant dans cette adoption de la 5G, a déclaré que « le rapport qui [leur] a été remis aujourd’hui et les recommandations associées sont structurants pour la compétitivité de l’industrie française, et nous montrent que nous sommes en capacité de surmonter le léger retard enregistré si tous les acteurs se mobilisent ». En Allemagne, un récent rapport de Nokia montrait que pour un projet lancé en France, il y en a 10 en Allemagne.
7 projets supplémentaires soutenus
A date, 31 projets ont d’ores et déjà été soutenus pour un investissement total de 478 M€, dont 179 M€ de financements publics. Dans le cadre de son nouvel appel à projets, le gouvernement prévoit de porter 7 projets supplémentaires à hauteur de 47 M€ dont 19 M€ de financements publics dans le cadre du plan France 2030. Le premier, « 6G Hauling » porté par Spectronite, basé à Sophia-Antipolis, est plus qu’en avance sur son temps, souhaitant déployer la 5G et la 6G tandis que le déploiement de la 4G n’est toujours pas terminé. L’objectif de Spectronite : devenir une référence dans la transition des réseaux mobiles « en intégrant les technologies de radio cognitive dans la perspective des déploiements 5G et 6G ».
Alcatel Submarine Networks, tombée dans le giron de Nokia, est également soutenue avec son projet 32+ paires de fibres. Ce dernier prévoit le développement d’un système sous-marin de télécommunication optique en augmentant le nombre de paires de fibre dans le câbles. Il promet des débits de l'ordre du Pbit/s. A noter que le projet était au point mort depuis 2019.
Pour participer à l’amélioration du réseau sur le territoire, deux projets sont soutenus : le projet Convergence 5G de WeAccess, en partenariat avec Arelis-LGM et Grolleau qui vise à rendre le déploiement des solutions 5G en entreprise aussi simple qu'un déploiement WiFi sur des petits sites 5G. Cette solution pourrait à l’avenir servir des cas d’usages liés à l’aménagement du territoire. De son côté, le projet Simbade d’Ekinops - en partenariat avec IDIL, Le Verre Fluoré, Orange, le laboratoire PhLAM, et Photonics Bretagne - procède à de la recherche industrielle sur la transmission optique multibandes (DWDM) au-delà de la bande « C », offrant une augmentation par 10 de la bande passante sur le réseau existant.
Firecell voit également son projet GEO 5G porté par le gouvernement, en partenariat avec Stellantis, Axians, Euroutils, Miodex, TMF, AW2S et Sequans. Son objectif : utiliser les réseaux privés 5G afin de mettre au point un système de localisation ultra précis en intérieur des outils connectés. Ce projet sera expérimenté au sein d’une usine française du groupe Stellantis.
Le projet I-COM 5G de Seamless Waves procède au développement de puces électroniques de dernière génération, reconfigurables, sécurisées et à très faible consommation d'énergie pour des stations de base 5G et pour des applications dans la défense et la sécurité.
Le dernier projet mobilise Kapteos en partenariat avec le CEA-Leti et Telecom Paris. Appelé TopTen, il vise à développer une solution dédiée au test d’antennes et s’adresse aux différents acteurs de la filière, de la recherche à la production.