Et si la véritable course en avant de l'évolution de l'informatique ne se trouvait pas dans la puissance ? Alors qu'en matière de puissance brute, la Chine marque des points avec son dernier supercalculateur quantique annoncé comme le plus puissant du moment, le nombre de Qubits n'est pas forcément le seul critère à prendre en compte. Atos apporte sa pierre à l'édifice en lançant un indicateur à même de mesurer non pas la puissance des différents systèmes de calcul quantique du marché - et dresser un classement un peu à la manière d'un Top500 des supercalculateurs - mais plutôt de déterminer leur performance en évaluant leur capacité à résoudre efficacement des problèmes réels. Dont en particulier le très épineux TSP (travelling salesman problem), consistant à trouver l'itinéraire le plus court possible d'un voyageur se rendant dans N nombre de villes en ne visitant chaque ville qu'une seule fois et finir en revenant à son point de départ. « Simple en apparence, ce problème devient assez complexe lorsqu’il s’agit de donner une réponse définitive et parfaite en tenant compte d’un nombre N croissant de variables (villes) », précise Atos.
La SSII a ainsi annoncé Q-Score, un indicateur qui prend en compte la capacité d'un système de calcul quantique à résoudre des problèmes d'optimisation combinatoire. « Les qubits sont volatiles et de caractéristiques très différentes (vitesse, stabilité, connectivité, etc.) d’une technologie quantique à une autre (supraconducteurs, ions piégés, silicium, photonique, etc.) rendant la comparaison de leurs performances imparfaite », explique Atos. « En se concentrant sur la capacité à résoudre des problèmes d’optimisation combinatoire, bien connus des spécialistes, Q-score d’Atos fournira aux centres de recherche, universités, entreprises et leaders technologiques des résultats clairs, fiables, objectifs et comparables sur la capacité d’un système quantique à résoudre de vrais problèmes d’optimisation ».
L'adhésion nécessaire du plus grand nombre de fournisseurs de systèmes quantiques
Attendu au premier trimestre 2021, le Q-Score est annoncé comme agnostique et devrait selon la SSII permettre d'évaluer sur un critère pertinent, fiable et juste, la performance d'un système quantique. Pour réussir son pari, Atos compte sur le bon vouloir des fournisseurs de systèmes quantiques à adhérer à son procédé d'évaluation. Interrogé sur le nombre de fournisseurs intéressés et les moyens mis en oeuvre pours les convaincre de rejoindre le Q-score à l'occasion d'un point presse en visioconférence ce vendredi, Atos n'a pour l'instant pas apporté de réponse à notre question. « Un kit logiciel gratuit, permettant d’exécuter Q-score sur n’importe quel processeur, sera disponible au premier trimestre 2021. Atos invite tous les fabricants de processeurs quantiques à utiliser Q-score sur leurs technologies et à publier leurs résultats », indique la société. Cet indicateur pourra ainsi départager plusieurs acteurs revendiquant la suprématie quantique. Dernier en date, la Chine avec un système capable de manipuler de minuscules particules de lumière.
Outre l'annonce du Q-Score, Atos en a profité pour préciser des applications actuellement développées par ses partenaires industriels du projet qu'il coordonne NEASQC (NExt ApplicationS of Quantum Computing) qui pourraient bénéficier de la performance quantique. A savoir notamment le projet de Total d'étude de la capture du C02 pour mieux comprendre les interactions entre molécules et optimiser leur absorption, l'optimisation de la charge des véhicules dans les stations de recharge rapide portées par EDF ou encore l'amélioration des modèles de tarification des produits dérivés ou de gestion des risques chez HSBC.