Sans le cash d’Airbus, le futur d’Atos est bien difficile à prédire. Pour autant, David Layani, patron de OnePoint a des ambitions sur la SSII et vient de dévoiler son plan pour sauver la société empêtrée dans une crise de gouvernance et financière. Dans une interview à nos confrères du Figaro, le dirigeant dresse ses pistes de résolution. En premier lieu, il « faut mettre fin immédiatement à tout projet de cession en préservant l’intégrité des actifs pour bâtir un New One Atos qui reparte sur des bonnes bases », explique-t-il. Et les récentes actualités abondent dans son sens. Le rachat de Tech Foundations par Daniel Kretinsky s’est soldé par un échec et Airbus a mis fin brutalement aux négociations sur le rachat de BDS (Big data, cybersécurité, supercalculateur).
David Layani revient par ailleurs sur la stratégie de scission du groupe. « Cette séparation a coûté très cher et a conduit à une désorganisation totale de l’entreprise et créé énormément de disynergies », glisse-t-il comme une pique à l’adresse de l’artisan de cette scission, Bertrand Meunier. Ce dernier, président du Conseil d’administration d’Atos à l’époque, avait éconduit en 2022 la proposition de rachat de OnePoint. Autre point soulevé par David Layani, la question des activités sensibles de BDS. La semaine dernière, le ministre de l’Economie, Bruno Lemaire, avait indiqué travailler « dans les prochaines semaines sur une solution nationale de protection des activités stratégiques ». Là encore, OnePoint entend se positionner « avec sa filiale défense-sécurité traitant déjà de sujets sensibles auprès de nos armées et de ministère de l’Intérieur ».
Demander des efforts aux actionnaires et aux créanciers
Mais pour avoir les moyens de ses ambitions, l’actionnaire de référence d’Atos (David Layani est monté à la fin 2023 au capital de l’ESN et a intégré le Conseil d’administration) doit régler le « mur de dettes » d’Atos. Pour mémoire, l’entreprise fait face à à une dette de 4,65 milliards d’euros dont 3,65 milliards à rembourser dès l’année 2025. David Layani estime que « les créanciers vont faire un effort et les actionnaires vont devoir mettre de l’argent ». Le dirigeant par contre ne s’avance pas sur des montants particuliers. Une stratégie qui ressemble à celle engagée par Patrick Drahi, propriétaire d’Altice demandant à ses prêteurs de renoncer à une partie des leurs créances à hauteur de 30%.
Les ambitions de David Layani ont été accueillies fraîchement par le Conseil d’administration d’Atos. Dans un communiqué, il indique, « Ces propos n’engagent pas la société et son Conseil d’administration » et d’ajouter, « Le plan de Onepoint n’a pas été présenté au Conseil d’administration de la société qui, si et quand il le sera, pourra l’analyser et communiquer en temps voulu sur sa position ». Le groupe en profite par ailleurs pour annoncer la publication de ses résultats financiers le 26 mars au matin. Ceux-ci avaient été retardés dans l’attente du rendu d’un audit. A l’issue de cette publication, d’autres candidats au rachat pourraient se dévoiler. On prête à Daniel Kretinsky les mêmes ambitions que David Layani et même le canadien CGI pourrait être de la partie.