Des experts et des fournisseurs de solutions RFID, des acteurs de la grande distribution tels que Carrefour ou Auchan, des spécialistes de la vente au détail tels que Cléor (une chaîne de bijouteries) ou du secteur de la santé se sont réunis lundi 10 mai au Ministère des Finances à Paris. Il s'agissait de faire le point sur la technologie RFID qui se développe rapidement dans le monde de l'entreprise. Les applications de ces puces de traçage sont doubles pour les industriels et les distributeurs. L'entreprise peut opter pour une amélioration de la gestion de sa chaîne logistique ou choisir de se concentrer sur le produit final qu'elle commercialise et de ce fait sur la gestion de la relation clients.
Pour le groupe Auchan, François Laveissière, directeur de l'innovation précise : « nous n'avons expérimenté le RFID qu'en interne sur la chaîne logistique, afin de retracer les échanges depuis la commande d'un produit jusqu'à sa réception. » Le groupe de distribution Carrefour a décidé, quant à lui, de ne négliger aucun aspect. Pierre Blanc, responsable de programme dans l'entité Innovation au sein de la Direction des Systèmes d'Information du groupe Carrefour, précise : « nous avons testé les puces RFID depuis plusieurs années, notamment pour la vente et la logistique ». Il semble satisfait de l'implantation d'une telle technologie car selon lui les puces RFID permettent « de contrôler rapidement et précisément les stocks ». En matière de logistique, le groupe passe ainsi moins de temps pour effectuer une commande. Pour l'heure, la mise en place de ces puces n'est déployée que sur quelques produits.
D'autres ne se sont concentrés que sur la dimension « suivi du produit », à l'image de Cléor, spécialisé dans la vente de bijoux, à travers ses 49 points de vente. A chaque inventaire la société doit défaire toutes ses vitrines. Pour Aurélien Senechal, directeur Général Délégué Opérationnel de Cléor, « les puces RFID permettent de tracer les bijoux et d'améliorer la gestion des stocks. Ainsi le temps consacré aux inventaires est réduit et les vendeurs peuvent se concentrer sur leur activité principale. » En tant que bijoutier, le groupe doit de plus faire face à un autre problème. Il ne doit pas dévaloriser les produits avec des étiquettes trop grosses. Les puces RFID répondent à ce besoin. C'est pourquoi il a commencé à déployer cette technologie il y a six mois.
Photo : les intervenants lors de la table ronde réunissant les acteurs de la grande distribution. De gauche à droite : Xavier Barras, Directeur innovation et technologie chez GS1, Aurélien Senechal, Directeur Général Délégué Opérationnel de Cléor, Pierre Blanc, Responsable de Programme dans l'entité Innovation du groupe Carrefour, Stefan Barbu, Business Development Manager chez NXP, François Laveissiere, Directeur de l'innovation chez Auchan, lors des Assises de la RFID le 10 mai à Paris.
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Pour ce projet orienté clients, les entreprises doivent prêter attention à ne pas entraver la vie privée des consommateurs. Un cadre réglementaire a à ce titre été instauré par la Commission Européenne. Manuel Mateo, Policy Officer - RFID and Internet of Things, European Commission, insiste sur le fait que « les opérateurs sont responsables des moyens mis en oeuvre et des applications ». Il précise que les entreprises doivent « informer les clients et indiquer la présence de puces dans les produits ». Dans ce cadre d'analyse, les distributeurs ont une alternative, soit ils décident de désactiver les puces au passage en caisse, ce qui s'appelle l'« opt-in », soit la puce n'est désactivée qu'à la demande du client. C'est l'« opt-out ».
Quelque soit l'option choisie, il y a une obligation d'information. En réponse à cette réglementation, le groupe Carrefour a mis en place des affichettes simples sur l'alimentaire, précisant que les produits sont tracés et une mention sur les étiquettes du textile. Comme le précise Pierre Blanc, « c'est un usage éthique des TIC (Technologies de l'Information et de la Communication) ». Les puces RFID sont totalement désactivées lors du passage en caisse et n'entravent donc pas la vie privée des clients. Le bijoutier Cléor a trouvé un autre système, ôter l'étiquette contenant la puce, et la recycler sur un autre produit. Ainsi, « il n'y a pas de lien entre le bien et le consommateur », déclare Aurélien Senechal.
D'autres secteurs ont également témoigné, dont le secteur de la santé. Christian Kovacik, directeur Général de la société KBS, a précisé que les puces RFID pouvaient « aider à tracer les poches de sang, à identifier et localiser les patients en gériatrie, et intégrer les actes dans les dossiers patients ». Les domaines d'actions de la RFID sont donc larges. Chaque secteur peut y voir une utilité.