Les dégâts occasionnés par l'effraction réalisée contre le groupe de sécurité et de conseil en intelligence économique Stratfor semblent avoir été gonflés par les auteurs de l'agression, le collectif anonyme connu sous le nom d'Anonymous. Ces derniers ont en effet clamé qu'ils avaient accédé aux ordinateurs de Stratfor et dérobé des milliers de numéros de carte de crédit et autres informations personnelles. Ils ont également affirmé avoir consulté la liste des clients confidentiels de l'entreprise. Cette liste contient des informations sensibles sur certaines sociétés prestigieuses telles qu'Apple et l'U.S. Air Force.
Toutefois, Stratfor dément que les Anonymous aient pu accéder aux bijoux de famille de la compagnie.«Contrairement à cette affirmation, la divulgation concernait simplement la liste de certains des membres qui ont acheté nos publications et ne comportait pas la liste des personnes ou des entités qui ont une relation avec Stratfor autre que l'achat de nos publications sur abonnement », soutient l'entreprise dans un email à ses membres en date du 25 décembre. Stratfor a ajouté qu'elle allait recourir à un service spécialisé dans la prévention de l'usurpation d'identité pour aider ses clients touchés par le vol de données. De plus amples détails sur ces services seront remis aux clients concernés plus tard cette semaine, ajoute-t-elle.
Une action totalement inutile ?
Depuis lundi matin, le site de Stratfor est inaccessible. Les curieux sont accueillis par un écran « site actuellement en travaux ». Ce qui ne fait pas très sérieux pour une entreprise spécialisée dans la sécurité. Jusqu'à présent, deux listes avec les coordonnées de cartes de crédit ont été publiées sur Internet par les membres d'Anonymous, l'une contenant 3 956 numéros, l'autre 13 191. Certains de ces numéros ont apparemment été utilisés pour donner de grosses sommes d'argent à des organisations caritatives comme la Croix-Rouge américaine et CARE.
Alors que pour certains, les Anonymous semblent agir comme des Robin des Bois des temps modernes, il n'est pas certain que cette action d'éclat - avec les cartes de crédit d'autrui - serve à quelque chose. « Ces dons n'iront jamais à ceux qui sont dans le besoin», écrit le gourou de la sécurité de F-Secure, Mikko Hypponen. «En fait, ces actions vont simplement embarrasser les organismes de bienfaisance, et non pas les aider. (...) Lorsque les propriétaires de ces cartes de crédit vont découvrir les dépenses non autorisées sur leurs cartes, ils vont les signaler à leur banque ou à leur compagnie de cartes de crédit », explique-t-il. «Les compagnies de cartes de crédit vont ensuite rejeter le débit aux organismes de bienfaisance, qui devront rendre l'argent. Dans certains cas, les organisations caritatives pourraient même être frappées de sanctions. À tout le moins, ils vont perdre du temps et de l'argent lors de ces opérations de rétrofacturation».
Une attaque menée par un groupe dissident des Anonymous
L'attaque des Anonymous contre Stratfor reste toutefois obscure puisqu'un message publié sur Internet indique que le collectif n'est pas responsable de l'action. Dans un «Communiqué de presse urgent de Noël » publié sur Pastebin.com, les Anonymous précisent que l'incursion contre Stratfor a été revendiquée par des auteurs qui prétendent représenter le collectif. Ils affirment que Stratfor a été indûment associé à un autre groupe de sécurité privé, HBGary Federal, accusé de remplir des missions abjectes pour le compte des militaires. Un cyberassaut contre HBGary Federal, un peu plus tôt cette année, avait entraîné la démission de son PDG, Aaron Barr. « Sabu et son équipe ne sont rien de plus que des putains d'opportunistes qui souhaitent attirer l'attention et sont probablement des agents provocateurs», ont-ils ajouté, se référant à un membre bien connu des Anonymous, qui semble être entré en dissidence au regard de ses derniers tweets. « Comme source d'informations, le travail de Stratfor est protégé par la liberté de la presse, un principe auquel ne déroge pas les Anonymous », ajoute encore le collectif canal historique.