Même si certains ne manqueront pas de voir du « green washing » dans le rapport annuel d'Apple sur l'environnement, force est de constater que peu de grandes entreprises font preuve d'autant de transparence sur l'impact de leurs activités. Dans l'introduction du document, Lisa Jackson, vice-présidente du constructeur chargée de l'environnement, de la politique et des initiatives sociales, indique que la firme travaille dans de multiples directions pour atteindre son objectif de neutralité carbone pour 2030. « Les progrès accomplis apportent la preuve de l'engagement d'Apple en faveur de l'action climatique : nous avons réduit nos émissions de plus de la moitié, tout en servant plus d'utilisateurs que jamais auparavant, déclare-t-elle. Nous avons encore du pain sur la planche, et nous comptons sur l'innovation et la collaboration pour maximiser notre impact ».
L'énergie solaire et éolienne
Pour y parvenir, l'entreprise investit massivement dans les énergies éolienne et solaire, ainsi que les technologies de recyclage et de traitement des matériaux, et cherche à intégrer la durabilité dans la conception même de ses produits. Cela signifie que la question environnementale est à l'ordre du jour de chaque réunion de conception de produit et que l'emballage utilisé est constamment optimisé pour réduire le coût du transport. Il est important de comprendre où se situe la marge de manoeuvre d'Apple dans ce domaine. Si l'entreprise est déjà neutre en carbone en ce qui concerne ses propres opérations, elle travaille depuis quelques années avec ses multiples fournisseurs pour atteindre le même objectif dans la fabrication de ses produits. « Plus de 320 fournisseurs d'Apple se sont engagés à utiliser des énergies renouvelables, tandis que plus de 20 % des matériaux utilisés dans les produits Apple proviennent de sources recyclées », indique l'entreprise. A titre d'exemple, le MacBook Air, lancé récemment, est fabriqué avec plus de 50 % de matériaux recyclés.
Un recyclage à impact social
Apple semble admettre que la justice climatique est aussi une justice sociale. C'est pourquoi, la volonté affichée de l'entreprise d'utiliser des matériaux à base de terres rares 100 % recyclés dans ses produits est importante. Déjà, les batteries des iPhone 15 sont fabriquées avec du cobalt recyclé à 100 %. Ces matériaux précieux sont souvent qualifiés de « minerais de conflit », car ils proviennent de zones de guerre et sont souvent extraits sous la menace d'une arme par des travailleurs forcés, y compris des enfants. On peut supposer qu'à l'instar de l'app « Localiser », qui rend le vol de mobile Apple moins attrayant, des réductions spectaculaires de la demande pour ces minéraux pourraient bien rendre le travail forcé moins rentable.
En quête de transparence pour la compensation carbone
En dépit du travail qu'Apple a réalisé pour atténuer l'impact de son activité sur le climat, il n'est pas possible d'éviter ou de réduire tous les processus ou toutes les utilisations. Pour compenser, Apple a largement recours au crédit carbone. Nombreux sont ceux qui ne croient pas au crédit carbone pour parvenir à la préservation de l'environnement, y compris le fabricant lui-même. Non seulement qualifie-t-il le recours à ces crédits de « solution provisoire », mais il affirme aussi que sa priorité est de réduire les émissions plutôt que de s'appuyer sur ces mesures de compensation. Selon l'auteur de cet article, cette dépendance d'Apple à l'égard des crédits carbone est le maillon faible de ses ambitions environnementales pour 2030. Mais le fait que l'entreprise la considère comme une solution provisoire et qu'elle a investi plus de 200 M$ dans des projets de compensation, comme ceux des Chyulu Hills en Afrique ou de Guizhou en Chine, témoigne d'une reconnaissance tangible de cet état de fait. Apple gagne également quelques points en termes de transparence sur son utilisation des compensations carbone, car il a publié un livre blanc détaillé expliquant son approche de manière beaucoup plus approfondie. Ce document comprend des recommandations clés visant à améliorer la qualité de ces projets à l'échelle de l'industrie.
En attente de normes de confiance
Apple souhaite une plus grande transparence indépendante des projets de compensation carbone, appelle à plus de coordination et de collaboration autour de ces projets et à de meilleures politiques nationales et internationales pour progresser de manière soutenue et rapide vers une réduction des émissions carbone. « Le marché a besoin d'un processus centralisé et transparent permettant d'examiner les projets individuels de réduction des émissions carbone en fonction de normes convenues », indique le livre blanc d'Apple. Une façon de dire que bon nombre des systèmes de crédit carbone gérés et utilisés par les grandes entreprises aujourd'hui ne font peut-être pas vraiment la différence. Mais le point positif réside dans la volonté affichée par Apple d'améliorer la qualité des compensations carbone, et l'urgence avec laquelle l'entreprise semble considérer cet objectif.
« Nous reconnaissons que les marchés carbone actuels tels qu'ils fonctionnent actuellement ne sont pas en mesure de gérer l'ampleur et l'intégrité de l'impact nécessaire pour atteindre une trajectoire de réchauffement climatique de 1,5℃ et éliminer des dizaines de milliards de tonnes de carbone d'ici à 2050 », indique le livre blanc. « Nous voulons travailler à l'amélioration de la qualité de ces marchés. Nous visons également à constituer une réserve de projets répondant aux normes de qualité les plus strictes, capables de s'adapter pour répondre à la demande croissante de suppressions basées sur la nature. Enfin, nous poursuivrons notre objectif consistant à mettre au point des solutions indispensables pour l'élimination du carbone par des techniques de haute qualité, afin de compléter ces efforts ».