Antitrust : le gouvernement américain s'invite à Bruxelles
C'est à huis-clos que les principaux acteurs de l'action antitrust intentée par la Commission européenne contre Microsoft se réunissent les 30 et 31 mars. Un huis-clos au cours duquel l'éditeur tentera de démontrer qu'il s'est conformé aux exigences de Bruxelles. Et cette fois avec un soutien de taille : une délégation du gouvernement américain vient en effet faire du lobbying dans le temple de l'Europe.
Les représentants américains ont rendu visite aux collaborateurs de Neelie Kroes, la commissaire à la concurrence. Ils auraient également rencontré le vice-président de la Commission et commissaire aux entreprises et à l'industrie Gunter Verheugen, et Charlie McCreevy, chargé du marché intérieur et des services. Les mandataires américains leur ont remis un document, qui a également été distribué aux ambassades européennes, dans lequel Washington se dit préoccupé par la façon dont Microsoft est traité. L'éditeur s'est en effet fréquemment plaint, au cours des derniers mois, que la Commission lui refusait le droit de se défendre loyalement. Il a, par ailleurs, accusé l'exécutif communautaire d'avoir noué des "contacts secrets" avec ses principaux concurrents tout en niant son droit d'accès à des documents présentés comme essentiels pour la défense. Des concurrents qui devaient d'ailleurs être auditionnés ce 31 mars. Il serait ainsi question qu'Oracle, IBM, Novell ou encore Red Hat viennent expliquer en quoi la documentation technique publiée par le mis en cause ne suffit pas pour assurer l'interopérabilité de leurs produits avec ceux de Microsoft.
S'ils indiquent être présents à Bruxelles simplement pour "prendre garde que tout se déroule normalement", le mémo remis par les représentants du gouvernement des Etats-Unis précise : "nous prenons garde de ne pas prendre position sur la véracité des accusations portées par Microsoft, mais si elles étaient avérées cela engendrerait de sérieuses préoccupations".
Selon Jonathan Todd, le porte-parole de Neelie Kroes, ce n'est pas la première fois que le gouvernement américain intervient dans l'action antitrust intentée contre Microsoft : "la décision de mars 2004 (NDLR : qui établissait l'amende de 497 M$) a été précédée d'une activité politique frénétique".