Antitrust : Intel pourrait écoper d'une amende de plusieurs milliards d'euros
La Commission européenne pourrait prononcer mercredi contre Intel l'une des condamnations les plus lourdes jamais infligées dans le cadre d'une procédure antitrust. Le fondeur, dont les supposées pratiques anticoncurrentielles font l'objet d'une enquête lancée en 2000 après une plainte déposée par AMD, encourt une condamnation pécuniaire équivalant à 10% de son chiffre d'affaires. Si l'exécutif européen n'a encore jamais prononcé de sanction aussi lourde, des sources proches de Bruxelles révèlent que les 27 pourraient frapper un grand coup cette semaine.
Si cela était confirmé, l'amende de 899 M€ à laquelle Bruxelles avait condamné Microsoft l'année dernière pour son abus de position dominante sur le marché des OS - et qui s'ajoutait aux 497 M€ déjà infligés en 2004 - ferait presque pâle figure : le fondeur a en effet réalisé un CA de 37,6 Md$ l'an passé, ce qui l'expose à une sanction pouvant atteindre 3,7 Md$. Dans l'attente du prononcé de sa peine, le géant des processeurs affiche un bel optimisme et claironne que les sommes record évoquées par les observateurs ne sont que « des rumeurs lancées par les journalistes ».
L'enquête menée par la Commission a mis en lumière de nombreuses pratiques commerciales d'Intel faussant le jeu de la libre concurrence. Le numéro un des processeurs aurait notamment accordé des remises à plusieurs constructeurs de PC pour qu'ils n'intègrent pas de puces AMD dans leurs machines, ou qu'ils retardent le lancement des CPU concurrents. Bruxelles reproche également à Intel de s'être montré généreux avec le distributeur Media Markt afin qu'il déréférence tout PC équipé de composants AMD. Ce type de pratiques ne serait pas l'apanage des activités d'Intel en Europe : en 2005, le fondeur s'est arrangé à l'amiable avec les autorités antitrust japonaises après avoir été poursuivi pour des faits similaires. L'an dernier, le régulateur sud coréen a condamné le géant à une amende de 20 M€. Et une enquête est en cours aux Etats-Unis, toujours pour des pratiques commerciales outrepassant le cadre de la saine concurrence.
Selon IDC, Intel bénéficiait à la fin de l'année dernière d'une part de marché de 81,9% sur le segment des processeurs pour PC, contre 17,7% pour AMD.