"L'Académie regrette une initiative fondée sur un flou scientifique et réglementaire qui, ne pouvant se prévaloir en dernier recours que du principe de précaution, est de nature à renforcer artificiellement chez nos concitoyens un sentiment de peur et de défiance injustifié, mais préjudiciable en terme de santé publique", indique l'Académie dans un communiqué. Une proposition de loi a été déposée le 1er octobre dernier par Jean-David Ciot, député PS d'Aix-en-Provence, qui prévoit d'abaisser le seuil maximal d'exposition aux ondes électro-magnétiques.
Dans son communiqué, l'Académie de médecine souhaite "que les arguments scientifiques ne soient pas encore une fois occultés ou déformés" lors du débat parlementaire à venir. Elle rappelle notamment que diverses expertises, dont un rapport publié en 2009 par l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale et au travail (Afsset) sur les radiofréquences, ont confirmé "l'absence de risque des antennes relais".
Les mobiles augmentent leur puissance pour se connecter
Seuls les portables et non les antennes relais ont jusqu'à présent été classés comme des "cancérogènes possibles" par le Centre International de recherche sur le cancer (CIRC). Les antennes relais, note l'Académie, entraînent une exposition aux champs électromagnétiques 100 à 100 000 fois plus faible que les téléphones portables: une exposition pendant 24 heures à une antenne à 1 volt donne la même exposition de la tête que de téléphoner avec un portable pendant 30 secondes.
Quant à la proposition parlementaire d'abaisser le seuil maximal d'exposition aux ondes électromagnétiques à 0,6 volt par mètre, elle "n'a aucune justification scientifique" selon l'Afsset. On risque de surcroît "d'augmenter sans justification l'exposition des quelque 90% des Français qui utilisent un portable" ajoute l'Académie, car avec la multiplication des antennes relais et la réduction de leur zone de couverture, "la puissance d'émission du portable augmente chaque fois qu'on passe d'une zone de couverture à une autre".
En conclusion, l'Académie "met en garde contre une instrumentalisation systématique des inquiétudes de l'opinion", estimant que celle-ci aboutit à "une information biaisée par des a priori sans fondement scientifiques et à invoquer le principe de précaution de manière abusive et trompeuse".