SAP a revu ses objectifs de croissance pour les prochaines années. Pendant longtemps, l'éditeur de logiciels d'entreprise a expliqué qu'il visait 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2015. Désormais, il parle de 22 Md€, mais en 2017, ainsi que l'a confirmé ce matin Franck Cohen, président de SAP EMEA, lors d'une conférence téléphonique. Sur ce total, de 3 à 3,5 Md€ devraient alors être générés dans le cloud. D'ici là, l'éditeur allemand va donc accélérer cette transition, ce qui constitue un mouvement de fond important pour lui, jusque-là très ancré sur les ventes de licences traditionnelles. Il a aussi différé à 2017 son objectif de réaliser 35% de marge opérationnelle, afin d'investir pour saisir les opportunités du marché cloud.

Sur son exercice 2013, dont il vient de confirmer les résultats financiers (une pré-annonce a été faite début janvier), SAP a enregistré 697 M€ sur les abonnements cloud et le support associé, contre 270 M€ en 2012. Mais il précise que son carnet de commande représente 1,2 Md€, soit une progression de 50% en un an. Quoiqu'il en soit, cela ne représente encore qu'une modeste part des 16,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires que l'éditeur a totalisé dans le monde en 2013 (un CA en progression de 8% par rapport à 2012, à taux de change constant).

Un « excellent » 4ème trimestre pour SAP France

Du 1er octobre au 31 décembre 2013, SAP a réalisé au niveau mondial un chiffre d'affaires total de 5,1 Md€ sur lequel les ventes de logiciels (licences et cloud) et la maintenance ont progressé de 4% à taux de change courant à 4,38 Md€ (IFRS) et de 8% à taux de change constant. Sur la région EMEA, cette progression a atteint 9%, a indiqué ce matin Franck Cohen. La France affiche une croissance à deux chiffres sur ses ventes de logiciels (de même que l'Allemagne, la Russie et la région Moyen-Orient Afrique). Pour la filiale française, il s'agit, selon Franck Cohen du « meilleur 4ème trimestre » depuis plusieurs années, « excellent », selon lui. Son CA logiciels et maintenance a augmenté de 8% sur la période.

Le dirigeant explique ces résultats dans l'Hexagone par les contrats importants qui ont été signés sur les trois derniers mois de l'année. Il cite notamment cinq gros projets chez Decathlon, Danone, Faurecia, Arkema et Eramet. L'enseigne d'articles de sport, qui utilise déjà l'ERP de SAP, mène maintenant un projet global sur sa gestion logistique. Decathlon a aussi retenu la base de données en mémoire HANA. Le groupe agro-alimentaire Danone a fait le choix de SuccessFactors, application de gestion des ressources humaines dans le cloud. L'équipementier automobile Faurecia a basculé sur HANA. Enfin, le groupe de chimie Arkema (14 000 personnes) va standardiser ses outils analytiques sur SAP (sur la partie GRC et BI) et Eramet, spécialisé dans les métaux d'alliage, installe l'ERP SAP sur l'une de ses divisions minières. Concernant HANA, qui peinait à décoller en France, Franck Cohen pointe les affaires gagnées au 4ème trimestre et assure « qu'il y en aura beaucoup plus en 2014 », expliquant que de grandes entreprises françaises ont commencé à déployer la base en mémoire de façon modeste, en l'axant d'abord sur l'analytique.

SAP veut simplifier la façon de travailler avec lui

Sur l'Europe, les ventes autour de la base de données en mémoire HANA ont progressé de 74% sur l'année, a encore souligné ce matin Franck Cohen. Le président EMEA a par ailleurs insisté sur l'activité liée à la mobilité qui a augmenté de 31% sur le marché européen. « Ce sont deux pivots de notre croissance », a-t-il précisé en signalant aussi la progression de deux autres marchés pour SAP en Europe : +28% sur le secteur public qui « investit en rationalisant » et +36% sur le secteur de la vente au détail (retail) sur lequel évolue par exemple Decathlon. Deux domaines clés pour SAP.

Pour l'année qui vient de démarrer, SAP a trois priorités principales en Europe, a exposé ce matin Franck Cohen. « Tout d'abord, la poursuite du développement sur le cloud, non seulement sur les offres RH (SuccessFactors) et gestion des achats (Ariba), mais aussi sur le CRM. Nous avons une solution extrêmement riche autour de l'offre Sales OnDemand avec Hybris, offre de e-commerce rachetée l'an dernier. Nous allons également continuer notre percée sur quatre industries stratégiques pour SAP, le secteur public, le retail, le secteur financier et les télécoms, sur lesquels nous avons des équipes dédiées. Nous allons aussi poursuivre notre croissance sur les pays émergents, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. » Enfin, de façon générale, le fournisseur veut faire en sorte qu'il soit de plus en plus simple de travailler avec lui et oeuvre en ce sens autour de ses modèles, de ses prix et de ses contrats.Â