Ajoutant une nouvelle dimension à son combat vieux de plusieurs décennies contre Intel, AMD a annoncé qu'il vendra bien des processeurs ARM 64-bit pour serveurs dès 2014, mettant fin à son engagement exclusif sur l'architecture x86. Après plusieurs fondeurs, AMD a licencié auprès d'ARM l'architecture des processeurs ARM 64-bit d'ARM afin de la combiner à la technologie d'interconnexion bus fabric acquise lors du rachat de SeaMicro plus tôt cette année. Le résultat de cette association sera une nouvelle gamme de processeurs Opteron system-on-chip répondant idéalement, selon AMD, aux charges de travail web s'exécutant dans les centres de calcul géants exploités par Facebook et Amazon.
L'actuel CEO d'AMD, Rory Read, a précisé lors d'une conférence de presse qu'il s'agissait d'un "moment crucial" pour la compagnie de Sunnyvale et l'a comparé à l'introduction des premiers processeurs maison x86 64-bit en 2003. Avec cette licence, AMD espère bien revenir sur son principal concurrent, et obtenir un avantage concurrentiel. On ne sait pas encore si l'arrivée des puces ARM sur le marché des serveurs sera couronnée de succès, mais un analyste du secteur pense que le support d'AMD va aider à l'adoption. « Je pense vraiment que cela renforce la crédibilité des serveurs ARM et celle des micro-serveurs comme un segment à part entière», a déclaré Patrick Moorhead, président de Moor Insights and Strategy.
ARM, un complément pour AMD
Les serveurs équipés de puces x86 continueront à être le pilier de l'activité serveur d'AMD, estime M. Read, mais il pense que les puces ARM ouvriront de nouveaux marchés pour l'entreprise. Et si AMD se concentre tout d'abord sur les serveurs, il n'est pas exclu  qu'elle décide ensuite de produire des puces ARM pour les postes de travail et les terminaux mobiles du type tablette. Intel vient bien de livrer des puces Atom monocoeur pour équiper des smartphones comme Motorola RaZR i.
AMD espère vendre ses puces ARM pour serveurs à des fournisseurs tels que Dell et Hewlett-Packard, et envisage également de les intégrer dans ses propres serveurs sous la marque SeaMicro. Aujourd'hui, ces systèmes sont basés sur les processeurs x86 : Intel Atom et Xeon, et AMD Opteron.
Lors de sa conférence de presse, AMD a été rejoint par les représentants de Red Hat, Dell, Facebook et (par vidéo) Amazon, signe de l'intérêt que génèrent les puces ARM pour serveur. Le moment de l'annonce, le lundi 29 octobre, était un peu bizarre, car ARM n'a pas encore précisément dévoilé son architecture processeurs 64-bit qu'AMD prévoit de licencier. Connue sous le nom de code Atlas, cette plate-forme devait être dévoilée le mardi 30 octobre au Techcon. Le mauvais temps a joué contre ARM car une tempête de sable a empêché le PDG d'ARM, Warren Est en provenance du Royaume-Uni, d'atterrir à temps pour l'événement. Il est simplement apparu dans une vidéo, qui a été rapidement enregistrée dans un taxi à l'aéroport d'Heathrow, pour approuver le partenariat avec AMD.
Répondre à des besoins en forte croissance
L'arrivée de serveurs ARM sur le marché a du sens pour répondre aux besoins informatiques créés par des services tels que les réseaux sociaux et les jeux en ligne, a déclaré Lisa Su, vice-président et directeur général chez AMD. Ces charges de travail ont besoin d'un processeur qui peut efficacement traiter des volumes très importants de petites transactions. « Les centres de calcul sont inondés de quantités massives de données et il doit y avoir un moyen de traiter plus efficacement et avec un moindre coût ces données dans un espace restreint», a-t-elle dit. L'architecture ARM est considérée comme plus économe en énergie pour certaines charges de travail parce qu'elle a été initialement conçue pour les téléphones mobiles. De nombreux fondeurs ont été attirés par cette micro-architecture et travaillent d'arrache-pied à la conception de puces pour serveur. On peut citer Calxeda, Applied Micro et Marvell.
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AMD espère se démarquer de ces derniers grâce à deux technologies issues de SeaMicro - une micro-carte mère qui intègre les nombreux composants d'une carte mère traditionnelle, ce qui permet la conception de serveurs très denses, et son bus fabric Freedom qui peut connecter des milliers de serveurs dans un cluster avec une faible latence et à un coût relativement faible. «La technologie Freedom est la sauce secrète, c'est ce qui fera que les serveurs AMD seront différents des autres fournisseurs», a dit Mme Su.
De son côté, Intel a déclaré qu'il ne produira pas de processeurs ARM, en partie parce qu'il ne veut pas payer une redevance à ARM sur chaque puce. Mais ile fondeur de Santa Clara indique avoir travaillé dur pour réduire la consommation d'énergie de ses puces pour serveur et reste confiant dans sa feuille de route technologique. À la fin de l'année, la firme californienne va lancer une puce basse consommation pour serveur connue sous l'appellation Centerton, et l'année prochaine suivra un processeur baptisée du nom de code Avoton. «Nous allons proposer ce qui est requis par les clients - une puce basse consommation, avec un support complet des fonctionnalités serveur clés, et la compatibilité logicielle pour permettre d'utiliser les applications actuelles et ne pas imposer une migration», a déclaré par courriel un des porte-paroles d'Intel, Radek Walczyk, à notre confrère d'IDG NS, James Niccolai à San Franscico.
Cela ne permettra toutefois pas à Intel de rattraper l'avance prise par AMD avec son bus fabric Freedom. «Pensez à la puce, comme à la moitié de la bataille », a déclaré l'analyste Patrick Moorhead. «La partie de la bataille [qu'Intel] n'a pas encore disputé est le bus Freedom qui fait que des centaines ou des milliers de serveurs parlent les uns aux autres. C'est de la magie que des gars comme Calxeda et AMD apportent sur la table."