Concerné au premier chef par la logistique du e-commerce, Amazon crée AIIF (Amazon industrial innovation fund), un fonds de venture capital pour doper l’innovation en la matière. Doté d’un milliard de dollars, il accompagnera de jeunes pousses dans le monde entier, mais aussi des entreprises plus établies, quel que soit leur niveau de développement - de l’amorçage à l’accompagnement de croissance -.
Déjà 5 start-ups de wearables et robotiques financées
Le dispositif accompagne déjà cinq jeunes pousses dont quatre aux États-Unis et une en Israël. Elles évoluent dans les domaines des wearables en entrepôt et de la robotique. Modjoul, en Caroline du Sud, a créé une ceinture qui collecte des data biomécaniques sur son utilisateur, et émet des alertes personnalisées et des recommandations en cas de posture ou mouvement susceptibles de déclencher des TMS (troubles musculosquelettiques). Les Californiens Vimaan et Mantis Robotics développent respectivement une IA avec de la computer vision pour l’inventaire et un bras robotisé tactile équipé de capteurs pour collaborer avec les employés d’entrepôt. Agility Robotics dans l’Oregon conçoit lui un robot bipède pour contourner les obstacles rencontrés par d’autres types de robots logistiques. Enfin, l’Israélien BionicHIVE développe des robots autonomes capables de s’adapter aux racks et aux stockages existants en entrepôt et d’évoluer du sol au plafond. Un concurrent direct du Français Exotec.
Amazon justifie la création de son fonds entre autres par la nécessité de répondre aux changements de comportement des consommateurs en ligne et d’exigences de livraison rapide nécessitent de nouvelles réponses. Des éléments qui concernent directement sa propre stratégie de numéro un mondial du e-commerce avec une puissance logistique ad hoc. Le fonds AIIF se focalisera ainsi en particulier sur des solutions destinées à « l’augmentation incrémentale de la vitesse de livraison et l’amélioration de l’expérience des employés de la logistique et des entrepôts. »
Robotique, IA, machine learning et wearables
Reste que plus globalement, la logistique fait aussi face aujourd’hui à des problèmes nombreux et complexes de gestion des flux, de multimodalité de transport, de gestion du dernier kilomètre, d’optimisation et d’automatisation des entrepôts ou de réduction de son empreinte environnementale. Comme le soulignait récemment Fabien Esnoult, président fondateur de la cellule de veille et d’innovation française Sprint Project, cette situation fait naître de nombreuses start-ups logistiques dans le monde en entier, et en particulier en Europe. Le fonds IAAF servira à identifier les plus pertinentes du point de vue d’Amazon.
L’États-Unien ne souhaite d’ailleurs pas se limiter dans l’éventail des technologies à financer, même s’il cite sans surprise en priorité la robotique, l’intelligence artificielle et le machine learning ou les équipements autonomes. Et il dispose d’une expertise indéniable et précieuse pour trier le bon grain de l’ivraie parmi les innovations disponibles. Son activité de e-commerce bénéficie en effet déjà depuis ses débuts de ses propres capacités à la fois financière et technologique d’innovation en interne sur ces sujets. Amazon évoque par exemple ses bras robotiques qui réalisent des tâches répétitives et ses technologies de mouvement autonome pour accompagner le transport de produits volumineux. Il dispose aussi de ses propres robots autonomes pour la préparation de commande en goods-to-men dans ses entrepôts, au sein de sa filiale Amazon Robotics. Une solution rachetée à Kiva en 2012 qu’il réserve cependant à ses propres sites.
Contribuer à l’amélioration des conditions de travail
Pour justifier la création de son fonds, Amazon met cependant aussi en avant l’amélioration des conditions de travail de ses employés avec des cobots, des robots exécutant des tâches pénibles ou des dispositifs d’accompagnement de l’effort comme des ceintures ou des exosquelettes. Un argument qui frappe alors que les problèmes du groupe avec ses employés logistiques, en particulier aux États-Unis, sont récurrents. Au point qu’ils ont abouti à la validation historique début avril de la création du premier syndicat sur un des sites d’Amazon, à Staten Island (New York). Une étude publiée en avril 2022 par le cabinet de recherche Strategic Organizing Center également lié au monde syndical, estime même que le nombre de blessures dans les entrepôts Amazon aux États-Unis a augmenté de 20% en 2020. Il représenterait la moitié de la totalité des blessures en entrepôt dans tout le pays.