(Mise à jour) Le groupe Alcatel-Lucent a présenté ce matin à son comité d'entreprise européen un projet de 15 000 suppressions de postes, avec une réduction nette de 10 000 postes d'ici fin 2015 (*). Toutes les zones géographiques sont touchées avec 4 100 suppressions de postes en Europe, Moyen-Orient et Afrique (zone EMEA), 3 800 en Asie-Pacifique et 2 100 sur le continent américain, selon le communiqué diffusé. L'équipementier franco-américain explique qu'il concentrera ses « ressources-clés sur deux fois moins de sites ». La direction d'Alcatel-Lucent communique sur les réductions nettes de postes. En fait, sur la zone EMEA, elle va supprimer 5 870 postes, précise la CFDT Métallurgie FGMM, et en créer 1 780 environ.
D'autres précisions ont été transmises par les organisations syndicales, concernant les équipes travaillant en France. La CFDT Métallurgie FGMM fait état de 900 suppressions d'emplois via un PSE (plan de sauvegarde de l'emploi) touchant tous les sites, auxquels s'ajoutent, pour 900 autres postes, des situations de mobilité entraînées par des fermetures de site ou par l'externalisation de certains services à des prestataires externes.
Trois filiales sont concernées : ALF, ALUI et ALBLF
Selon le syndicat, Alcatel-Lucent envisage « la fermeture rapide de deux sites », à Rennes et à Toulouse, et la cession d'ici fin 2015 de trois autres sites, à Eu (Seine-Maritime), à Ormes (Loiret) et à ) Orvault (Loire-Atlantique). Les salariés concernés se verront proposer, en fonction de leur activité, une mutation (vers Villarceaux, dans l'Essonne, ou à Lannion, dans les Côtes d'Armor), l'accès au PSE ou une cession à un repreneur, cette dernière disposition concernant probablement les fonctions informatiques.
Selon le communiqué de la CFDT Métallurgie FGMM, ce sont les filiales ALF (Alcatel-Lucent France), ALUI (International) et ALBLF (Alcatel-Lucent Bell Labs France) qui sont concernées. Elles comptent 6 000 salariés environ. Le syndicat indique que le plan prévu devrait aboutir à un effectif de 3 900 salariés en France dans ce périmètre d'ici fin 2015, sur les sites de Villarceaux et Lannion. Il précise que les filiales ASN, ALE et RFS, qui couvrent respectivement les câbles sous-marins, l'entreprise et les antennes, ne sont pas concernées.
Arnaud Montebourg demande à Alcatel de réduire son plan
Alcatel-Lucent a par ailleurs indiqué vouloir recruter en France 200 jeunes ingénieurs et techniciens ayant de nouvelles compétences technologiques. Le groupe rappelle son intention de créer un centre de compétences dans le domaine des « petites cellules » (small cells) pour l'accès très haut débit mobile. Il confirme que, dans l'Hexagone, les activités tournées vers les opérateurs de télécoms seront recentrées sur deux sites : celui de Villarceaux, dans l'Essonne, et celui de Lannion, dans les Côtes d'Armor. Le premier sera le principal centre de R&D du groupe en Europe, tandis que le second sera spécialisé sur le très haut débit mobile et le SDM (gestion des bases d'abonnés de dernière génération).
De son côté, la CFDT Métallurgie FGMM souligne que le plan de transformation « Shift », annoncé par Alcatel-Lucent en juin, aboutira à un groupe franco-américain de 58 000 salariés sur lesquels la France ne comptera alors que 5 900 salariés. Le syndicat souhaite un rééquilibrage des charges en faveur de l'Hexagone et appelle le Gouvernement à la rescousse. Ce matin, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a déclaré devant l'Assemblée nationale avoir demandé à la direction d'Alcatel-Lucent de « reformater à la baisse le plan social », de « le réduire ».
(*) sur un effectif mondial de 68 000 salariés fin 2013, selon un communiqué de la CFDT Métallurgie FGMM. Le groupe Alcatel-Lucent communique sur un effectif de 72 000 salariés fin 2012.
La direction a prévu 15 000 suppressions de postes et dit vouloir créer 5 000 postes, soit 10 000 suppressions nettes de postes au niveau mondial.