Au terme d’un procès fleuve (près de 10 semaines), un jury du tribunal fédéral de San Francisco a acquitté Mike Lynch, ancien CEO d’Autonomy, des accusations de fraude. Avec son CFO d'alors, Stephen Chamberlain, il était poursuivi par le ministère américain de la Justice pour avoir artificiellement gonflé le chiffre d'affaires de l'éditeur britannique avant son rachat. En 2011, Leo Apotheker, CEO de HP, avait acquis l'éditeur pour un montant de 11 Md$. Son successeur Meg Whitman avait ensuite déprécié de 8 Md$ cette opération en constatant des irrégularités comptables (carnet de commandes gonflé) un montant de 5 Md$. Elle avait enclenché le contentieux avec les dirigeants d’Autonomy aussi bien aux Etats-Unis et qu'au Royaume-Uni.
Les deux prévenus, extradés depuis mai 2023 aux Etats-Unis, faisaient l’objet de 15 chefs d’accusation auprès du tribunal californien. Pour sa défense, l’ancien dirigeant a expliqué qu'il n'était qu'un ingénieur et un spécialiste du marketing, un entrepreneur intelligent et avisé plutôt qu'un maître de la manipulation financière, et que s'il y avait des problèmes avec les chiffres d'Autonomy, HP aurait dû les repérer et les mettre en évidence pendant l'offre publique d'achat. Des arguments qui ont fait mouche auprès du jury. La décision satisfait bien évidemment l’accusé, « je suis ravi du verdict rendu aujourd'hui et je remercie le jury pour l'attention qu'il a portée aux faits au cours des dix dernières semaines ».
Si Mike Lynch en a fini avec la justice américaine, il entend maintenant laver son honneur dans un autre procès qui se déroule au Royaume-Uni. En 2015, HP a poursuivi le dirigeant et le CFO devant la Haute Cour d'Angleterre et du Pays de Galle. Après plusieurs reports, HPE (après la scission de HP) a obtenu gain de cause en 2022 auprès d’un tribunal civil britannique et réclame maintenant à l’ancien CEO la modique somme de 4 Md$ de dommages et intérêts. La juridiction doit statuer sur cette demande, mais Mike Lynch a déjà fait savoir qu’il ferait appel.