Accompagner la croissance rapide de la société, en structurant les pratiques IT dans un environnement peuplé d'ingénieurs et scientifiques. C'est en somme le défi auquel s'est attaqué Benjamin Colart, le DSI d'Aerospacelab, arrivé dans la société en 2022. Créée en 2018, cette start-up du New Space, appellation masquant un écosystème visant à relancer la conquête spatiale en se basant sur l'initiative privée, a vite grandi. Dès 2021, la jeune société née en Wallonie lance son premier satellite à bord d'un lanceur SpaceX. Dès l'année suivante, les effectifs explosent, passant d'une quarantaine de personnes à 150. « Je suis arrivé dans la société pour structurer l'IT et aider la société à grandir, mais sans perdre son agilité », résume Benjamin Colart, le DSI.
Objectif affiché de la petite équipe de deux informaticiens que la société recrute alors : imaginer une architecture multisites, multi-continents capable d'amener l'entreprise à une taille d'environ 1000 personnes. Actuellement forte de 350 personnes environ, la jeune pousse belge vient d'ouvrir une usine de fabrication de satellites aux Etats-Unis - un passage obligé pour accéder au marché américain - et a lancé les travaux d'une gigafactory en Belgique. Située à Charleroi, cette usine de 7 000 mètres carrés doit produire, à terme, pas moins de 500 satellites par an, ce qui en ferait la plus grosse unité de production en Europe. Le site, qui doit être opérationnel à la fin 2026, devrait se traduire par une industrialisation des procédures et processus dans une industrie encore abonnée aux très petites séries.
Une infrastructure on-premise pour les besoins métiers
C'est ce plan de développement que la DSI doit accompagner. « Je suis assez partisan du cloud hybride, afin d'utiliser les outils les plus performants où ils se trouvent », indique Benjamin Colart, pour synthétiser les orientations qu'il a prises. D'où le choix d'un SI basé sur la suite Office 365 pour la bureautique, et sur des logiciels hébergés on-premise pour les aspects les plus proches du métier. Car la société doit aussi se conformer aux attentes de ses clients, des grandes organisations publiques, comme l'Agence spatiale européenne, restant très réticentes à l'hébergement de données sur des cloud américains.
Benjamin Colart, DSI d'Aerospacelab : « Nous avons en réalité monté deux systèmes d'information distincts et séparés, l'un pour l'Europe, l'autre pour les Etats-Unis ». (Photo : D.R.)
A son arrivée, le DSI s'est d'abord attelé à un état des lieux, pour recenser le large panel de solutions couvrant tous les aspects - des RH à l'ingénierie - et souvent choisies par les ingénieurs des métiers eux-mêmes. « Nous voulions aussi comprendre comment les données étaient utilisées, et tendre vers des architectures stateless, explique Benjamin Colart. Par ailleurs, nous avons aussi un peu adapté ce qui avait été fait avant notre arrivée, pour amener un contrôle d'accès plus fin et mieux contrôler les accès sur Internet. » Pour héberger son architecture, Benjamin Colart bâtit une infrastructure virtualisée, reposant sur une trentaine de serveurs et supportant environ 800 VM et un peu moins d'une centaine de clusters Kubernetes.
Une solution de sauvegarde pour toutes les données
Pour ses sauvegardes, Aerospacelab s'appuie sur l'éditeur Veeam. Des solutions que le DSI connaît depuis une quinzaine d'années et qui ont le mérite de couvrir l'ensemble du SI de Aerospacelab, des micro-services à Office 365. « La solution a le mérite de simplifier les sauvegardes, sans avoir besoin de monitoring », détaille Benjamin Colart. Plusieurs centaines de To sont aujourd'hui sauvegardés ainsi, y compris les données les plus proches des métiers comme celles relatives aux tests ou au fonctionnement des satellites une fois ceux-ci en orbite.
Si l'équipe IT, aujourd'hui forte de 14 personnes et couvrant tous les domaines (de la R&D au service client), doit s'assurer que les systèmes d'information ne freineront pas la croissance, elle doit aussi veiller aux aspects relatifs à la conformité. Et ce, des deux côtés de l'Atlantique. « Nous avons en réalité monté deux systèmes d'information distincts et séparés, l'un pour l'Europe, l'autre pour les Etats-Unis », détaille le DSI, décrivant des contraintes finalement plus strictes outre-Atlantique qu'en Europe. Un passage obligé pour espérer travailler avec les grands donneurs d'ordre locaux.
Le développement d'une structure aux Etats-Unis, à Torrance en Californie, a d'ailleurs poussé la société de fabrication de satellites à se lancer dans une certification ISO 27001, relative à la sécurité des SI. Un processus entamé fin 2023 que Aerospacelab espère clore au premier trimestre 2025. « Nous devons rebalayer toutes les procédures et processus », résume le DSI. La norme internationale a le mérite de couvrir les attentes de la législation européenne NIS 2 - à laquelle doit se conformer la société belge -, tout en étant reconnue à l'international.