Pour savoir où en sont les administrations françaises en matière de traitement et d'analyse de données, le cabinet de conseil Invenis a interrogé 178 agents travaillant dans des services publics en septembre 2021, dont 46% dans des administrations locales et un tiers dans des services centraux. Les réponses confirment que la valorisation des données est un enjeu clef, notamment pour améliorer les politiques publiques (cité par 58% des sondés au niveau global, et même 64% des administrations locales). À un degré moindre, il s'agit également pour les répondants d'innover (24%) et d'améliorer la transparence vis-à-vis des citoyens (18%). Toutefois, un certain nombre de freins pénalisent les administrations dans ce domaine.
Ainsi, seuls 7% des répondants estiment leur administration mature en matière d'analyse de données. La majorité (58%) considère qu'elle est peu ou pas mature, et 35% se disent en phase de maturité (35%). Des divergences notables apparaissent en outre selon le type d'administration : si 63% des services centraux se pensent matures, c'est le cas de seulement 26% des acteurs locaux. Pour près de quatre répondants sur dix (38%), le premier facteur en cause dans ce retard est le manque de compétences, suivi par le manque d'outils (16%). Les autres freins concernent le volume croissant des données (16%), la difficulté à définir des cas d'usages précis autour de l'exploitation des données (15%) et des organisations et infrastructures IT inadaptées (dans 15% des cas).
Près de 60% des acteurs publics sans pôle data
Les répondants sont assez partagés sur l'impact de la crise sanitaire de la Covid-19. Pour un peu plus de la moitié (52%), celle-ci a accéléré les projets de traitement de la donnée, mais pour 48%, elle les a retardés ou stoppés. En regardant plus finement, les acteurs centraux sont plus nombreux (56%) à avoir vécu la crise comme un accélérateur que les services locaux (45%). La circulaire promulguée par le Premier ministre Jean Castex le 27 avril 2021, pour inciter au pilotage, à l'ouverture, à la circulation et au partage des données, des algorithmes et des codes sources au sein des administrations, semble également n'avoir eu qu'un impact limité, du moins à court terme. Ainsi, 66% des répondants estiment que celle-ci n'a pas eu de répercussions immédiates, un chiffre grimpant à 75% dans les administrations locales. En revanche, un tiers (34%) pense qu'elle a eu une influence perceptible : pour 26%, elle a permis d'accentuer les efforts déjà engagés et pour 8% elle a permis d'entamer un plan d'action.
La priorité des administrations sur les 12 prochains mois se porte sur l'amélioration de leur organisation data interne (pour 67% des répondants). Un enjeu clef quand 37% seulement des participants à l'enquête indiquent disposer d'un pôle d'expertise data interne et 6% d'un pôle externe, ce qui laisse 57% des sondés sans aucun pôle data. Près d'un cinquième (18%) des sondés souhaitent par ailleurs accélérer leurs investissements dans ce domaine et 15% veulent adopter des technologies d'IA et de Big Data, en particulier dans les administrations centrales (17%, contre 9% des acteurs locaux).