En 2017, le géant britannique des boissons Diageo a du payer à SAP 64 M€de droits de licence après que son personnel commercial ait exécuté des applications Salesforce sur des données SAP, posant brutalement la question des licences d’accès indirect. Depuis, l’éditeur allemand se démène pour répondre aux préoccupations des clients. Déjà, en avril 2018, l’éditeur a pris de nouvelles dispositions tarifaires pour son ERP. « Ce modèle doit répondre à tous les scénarios possibles d'accès indirect de l'ère digitale. Il donne aux clients des garanties commerciales et une prévisibilité sur leur engagement de licence », déclaraient à l’époque Christian Klein et Hala Zeine dans un blog de l’éditeur. Le nouveau modèle de tarification s'articule autour de neuf types de documents qui « prennent en compte la valeur commerciale la plus appréciée du système ERP », par exemple le processus de commande à l’encaissement, qui débouche que la création d’un document de vente, ou le processus de planification à la production qui génère un document de fabrication.
Globalement, si les clients et les groupes d'utilisateurs ont réagi de manière assez positive au nouveau modèle, ils ont exprimé des préoccupations pour ce qui est de la transparence et de la prévisibilité. « Cela fait plusieurs années que nous faisons part de vos préoccupations à SAP. L'an dernier, l’éditeur a répondu en lançant son modèle de licence d'accès digital que nous avons accueilli très favorablement, car nous avons pu constater les avantages que cela représentait pour les nouveaux clients. Cependant, nous avons également remarqué que l’éditeur n'avait pas répondu aux préoccupations exprimées par un grand nombre de nos membres », a déclaré cette semaine dans un blog Philip Adams, directeur du groupe d'utilisateurs SAP du Royaume-Uni et d'Irlande.
Une conversion saine vers le nouveau programme de licences pour SAP
Aujourd’hui, soit un an plus tard, le fournisseur a annoncé deux programmes, le Digital Access Adoption Program (DAAP) et le Digital Access Conversion Program. Ces programmes qui impliquent un engagement des clients avec l'équipe mondiale d'audit et de conformité des licences de SAP visent à estimer le nombre de documents créés dans le cadre d’une utilisation actuelle des applications SAP. Ces programmes comportent aussi quelques incitations financières : soit SAP licencie 100 % des documents estimés et offre une remise de 90 % sur l'accès numérique ; soit le client achète une licence pour 115 % des documents estimés et « les frais de licence facturés ne concernent que le dépassement des processus sous licence », a expliqué le vendeur dans une présentation PowerPoint.
Cela permet aux clients d'accéder au nouveau modèle de licence d'accès numérique en ayant l'assurance qu'il n’aura pas de coûts cachés liés aux frais de licence. « Les jours sont révolus où les clients croyaient, à juste titre ou non, que toute discussion sur l'accès indirect pouvait mener à une confrontation avec SAP et à des pénalités financières si la licence n’était pas adaptée », a écrit cette semaine dans un blog Robin Manherz, vice-présidente senior et responsable de la planification et de la commercialisation du portefeuille mondial chez SAP. « En fait, SAP pense que, pour de nombreux clients, cette conversion vers le nouveau programme de licence se fera en grande partie sans surcoûts nets, ou presque, et qu'aucun client ne sera pénalisé pour avoir enfreint les règles de licence dans le passé », a-t-elle ajouté. Ces annonces ont été faites la semaine de la conférence annuelle SAP Sapphire Now, organisée du 7 au 9 mai à Orlando (Floride) où l’éditeur a préféré parler de son acquisition de Qualtrics plutôt que de la question épineuse des licences indirectes.
Des garanties demandées par les groupes d'utilisateurs
En réponse au Digital Access Adoption Program, le groupe d’utilisateurs a exigé que SAP garantisse à ses clients qu’en cas d’adoption du nouveau modèle de licence d'accès numérique, ils n'auront pas à supporter de coûts supplémentaires si leur niveau d’utilisation de SAP reste identique. Philip Adams, du groupe d'utilisateurs SAP du Royaume-Uni et d'Irlande, a également déclaré que « l'annonce du Digital Access Adoption Program de SAP permet aux clients de mesurer l'impact financier de l'adoption du nouveau modèle et semble répondre à la question de la prévisibilité financière ». Ajoutant : « Même si ce n’est pas la solution qu’auraient souhaité nos membres, nous nous félicitons d'avoir pu influencer SAP et améliorer la situation pour des clients qui, jusqu'à présent, n'avaient aucune idée réelle des implications financières du modèle d'accès numérique. De nombreux éléments du programme demandent encore à être clarifiés, notamment une description beaucoup plus précise des options financières, avec des exemples réalistes et concrets de leur application dans le monde réel ».
« Nous avons également besoin de savoir si nous parlons vraiment de deux modalités de licence différentes - l'ancien modèle et le nouveau modèle basé sur les documents, car les discussions et les commentaires semblent indiquer que dans certains cas, certains clients auront un mélange de licences basées sur les documents et de licences basées sur les utilisateurs. Une possibilité de double facturation inquiète les clients. Enfin, nous continuerons à demander à SAP plus de clarté, de transparence et d'équité pour les clients de longue date qui ont toujours pensé qu’ils avaient la licence adéquate ». Le billet de blog cite également les propos de Geoff Scott, CEO du groupe d’utilisateurs Americas' SAP Users' Group (ASUG) : « Les clients SAP disposent désormais d'une solution plus claire, avec des options d'adoption bien définies, qui leur permettent de réduire l'incertitude liée à leur situation actuelle en matière de licences. Je suis impatient d'entendre les commentaires des clients sur le nouveau programme et de poursuivre la collaboration avec le DSAG, le groupe d’utilisateurs SAP germanophone, et SAP afin que tous les clients puissent consacrer leur temps et leur énergie à des projets de transformation ».