A l'IE-Club, les éditeurs réclament des développeurs
Où l'on apprend que devenir développeur pour le compte d'un éditeur de logiciels peut être comparé « à intégrer une écurie de Formule 1 ».
Hier soir, l'IE-Club a tenu sa conférence de rentrée dans les locaux parisiens de Microsoft, rue de l'Université. Le thème de la soirée, « la révolution de l'Internet Software », a visiblement plu. Ce fut la meilleure audience depuis la création de l'IE-Club : 325 participants.
L'assistance d'hier mêlait capitaux-risqueurs (environ 15 % de l'audience) et éditeurs de logiciels, tout autant aficionados de l'Internet que fournisseurs plus traditionnels. Rappelons que l'IE-Club a vocation à rapprocher les PME du secteur IT des acteurs susceptibles de les aider dans leur essor.
La conférence, il est vrai, surfait sur une actualité plutôt chaude, de nombreux éditeurs ne parlant ces temps derniers que de SaaS (software as a service), de « on-demand » ou de « cloud computing ».
« Nous avons observé que les nouveaux modes de consommation du logiciel - à partir d'un navigateur Web, d'un téléphone portable ou de widgets - généraient aussi de nouveaux modes de développement, de financement et de commercialisation », explique Julien Codorniou, responsable chez Microsoft France des partenariats avec les éditeurs innovants et organisateur de la conférence (en partenariat avec TechCrunch et l'Afdel).
Un coût de développement divisé par dix en six ans
En trois tables rondes, la soirée a donc posé les règles de cette nouvelle industrie, avec les acteurs français du logiciel « canal historique » (selon l'expression de Julien Codorniou) et avec les éditeurs pour qui le Web est la seule plate forme possible.
Premier constat, il est beaucoup plus facile de créer une société qui fait de l'Internet qu'un éditeur traditionnel. Le coût de développement d'une application Web a été divisé par plus de dix en cinq ou six ans. Le fondateur de « Dis-moi où » a déboursé 350 euros pour [[page]]développer son « encyclopédie des lieux participative et réutilisable ».
La richesse de l'Open Source contribue à cette accessibilité, mais les ténors du logiciel y participent aussi. « Chez Microsoft, nous avons un programme pour les start-up, rappelle Julien Codorniou. Pour 300 euros, elles accèdent à l'ensemble de nos outils pour cinq développeurs. »
Deuxième constat, plus préoccupant, il y a une vraie pénurie de développeurs sur le marché, ceux-ci étant systématiquement happés par les SSII. Les jeunes sous-estiment l'intérêt de développer chez un éditeur. Pourtant, des acteurs comme Brainsonic et Yahoo souligne l'attrait du poste. Pour eux, cela revient purement et simplement à « intégrer une écurie de Formule 1 ».
Contraint à l'innovation permanente
Troisième constat, quand on se lance dans l'Internet Software, on est contraint à l'innovation permanente. A la moindre faiblesse, l'éditeur court le risque de voir le client le lâcher. Sur ce front, les nouvelles sont plutôt bonnes. Les intervenants de l'IE-Club jugent très bon le niveau des développeurs français en Europe. Un des atouts hexagonaux semble être la capacité à fabriquer de « la propriété intellectuelle », par rapport à d'autres pays, comme l'Inde, plus axés sur le développement de services.
Enfin, les investisseurs soulignent la qualité des dossiers français. Il y a davantage de bons entrepreneurs, qui ont des idées et font du chiffre d'affaires, avec des acteurs à la pointe dans le commerce électronique. Une bonification que l'on doit sans doute en partie au crédit d'impôt recherche ou encore au soutien de l'Oséo et à son label Entreprise innovante.