A l'annonce du Truffle 100, les éditeurs réclament des mesures pour les PME
Le classement des cent premiers éditeurs français, le Truffle 100, affiche un CA total stable de 5,7 Md€. Mais comme en 2008, certaines entreprises ont disparu du marché, absorbées par des entreprises étrangères. Les acteurs du logiciel réclament des dispositions en faveur des PME.
Comme chaque année, Truffle Capital et le CXP ont présenté le classement des cent premiers éditeurs français de logiciel. Malgré la crise, le CA global de ces entreprises a baissé de 1,7% à 5,7 Md€ en 2008 contre 5,8 Md€ en 2007. L'activité directement associée au logiciel a compté pour 3,8 Md€ contre 3,7 Md€ en 2007. Encore une fois, le palmarès a subi son lot de pertes, représentant un CA total de 754 M€. Deux disparitions frappent les dix premiers : IBM a acquis Ilog, fleuron de longue date du logiciel français, et Sungard a avalé GL Trade. En 2007, deux éditeurs avaient déjà quitté le top 10 : le numéro 2, Business Objects, avait acheté Cartesis avant d'être lui-même absorbé par l'allemand SAP.
C'est toujours Dassault Systèmes qui détient la première place, loin devant les autres, faute de combattants. Son CA atteint près de 1,335 Md€ alors que le deuxième, Sopra Group, n'affiche que 312,6 M€ et Cegid, troisième, réalise 214 M€. A noter que le spécialiste de l'informatique financière, Linedata Services, monte de la 8e à la 4e place du fait de la disparition de GL Trade et de Ilog, et double GFI Informatique et Avanquest Software.
Les trois premiers totalisent 80% des profits
Le trio de tête reste le même qu'en 2007. Et, preuve de la forte concentration du marché, il représente un tiers du CA total du classement et près de 80% des profits. Seules 31 entreprises dépassent 20 M€ de CA (contre 27 en 2007) et 63 font plus de 10 M€ (54 en 2007). Malgré cette légère amélioration, le classement démontre une fois de plus la difficulté des PME françaises à devenir des entreprises de taille suffisante pour résister à des acheteurs potentiels, la plupart du temps étrangers, et pour affronter l'international. En deux ans, ce sont onze sociétés du Truffle 100 qui ont été absorbées par des sociétés étrangères.
Le comité éditeurs du Syntec Informatique, le CXP, Truffle Capital et deux éditeurs présents à l'annonce du classement, DenyAll (100e) et Lefebvre Software (16e), s'accordent sur l'urgence de prendre les choses en main. L'idée d'un Small business act (SBA) à la française refait surface. Cette disposition qui existe aux Etats-Unis depuis plus d'un demi-siècle réserve certains marchés publics aux PME. Depuis février dernier, la France a pris une première initiative, en permettant l'affectation de 15% d'un marché public de haute technologie à des PME. Un bon début, néanmoins insuffisant, selon les participants. Le comité éditeurs du Syntec Informatique travaille ainsi sur l'évolution de ce SBA, mais aussi sur le Crédit impôt recherche que le syndicat estime trop axé sur la technique, sur la visibilité des métiers du logiciel et sur la transformation du secteur avec l'arrivée du SaaS par exemple.
« Il faut aider une industrie qui s'auto-finance, contribue à l'impôt et embauche »
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Pour Bernard-Louis Roques, DG fondateur de Truffle Capital, il faut insister sur cette industrie du logiciel qui « s'auto-finance, qui contribue à l'impôt et qui embauche ». Les cent du Truffle comptent 51 184 employés dont plus de 10 000 en R&D. Mieux encore, justement parce que la R&D est au coeur de leur activité (700 M€ investis en 2008), les éditeurs ont une très faible propension à délocaliser (22% du Truffle 100).
Intervenue en vidéo, Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat au Développement de l'économie numérique et à la prospective, préfère attendre un ou deux ans et voir les effets de la disposition très récente des 15% avant d'imaginer son évolution. Nicolas Gagnez, PDG de Deny All, répond en proposant aux éditeurs de s'accorder sur un document que tous joindraient à leur réponse aux appels d'offres publics. Ce texte reprendrait les termes de la disposition gouvernementale pour l'expliquer aux donneurs d'ordre. Les résultats de cette action seraient ensuite envoyés au fur et à mesure au ministère. Un moyen simple d'observer au quotidien l'efficacité de la mesure.