Les cadres français travailleraient-ils trop en dehors des horaires de bureau ? C'est ce qui ressort d'une étude menée par l'institut de sondage Opinionway* pour le compte des éditions Tissot, un spécialiste du droit du travail en entreprise. En effet, de plus en plus de salariés disposent d'un accès Internet, d'une messagerie, d'un ordinateur portable, voire d'un smartphone. Connectés en permanence, la frontière entre leur vie professionnelle et leur vie privée a tendance à disparaître. Pour preuve, les résultats du sondage indiquent que sur les 7 cadres sur 10 qui bénéficient d'outils de connexion à distance, 73 % d'entre eux travaillent hors de leur bureau. Les exceptions au temps de travail légal se multiplient surtout chez les cadres qui continuent à travailler chez eux après une journée de travail. La moitié d'entre eux se connectent pendant leur week-end, 38 % pendant leur RTT, 24 % durant leurs trajets et 26 % pendant leur arrêt maladie. Pour autant, cette dépendance paraît invisible pour 72 % des cadres qui estiment se sentir libérés par la technologie, à la fois plus responsables et épanouis dans la gestion de leur temps. Malgré tout 26 % des cadres indiquent se sentir aliénés, Internet faisant insidieusement pénétrer le travail dans leur vie personnelle.
Certain dérapages déjà constatés à l'étranger
Si la frontière entre vies professionnelles et personnelles s'estompe pour certains salariés, pour d'autres, elle n'existe plus du tout : ils se retrouvent connectés en permanence, ont du mal à lâcher leur smartphone. Et il devient parfois difficile de distinguer le temps de travail de la vie personnelle Les éditions Tissot indiquent, en outre, qu'aux États-Unis, des salariés se mobilisent afin d'obtenir la rémunération des heures consacrées, en dehors de leur temps de travail, pour répondre aux messages reçus via leur smartphone fourni par leur employeur. Certains juristes américains conseillent même aux entreprises de ne fournir ces téléphones qu'aux salariés qui en ont vraiment besoin. Ils recommandent également la mise en place d'un décompte des heures passées à répondre aux appels, e-mails et de les rémunérer en heures supplémentaires. En France, dans deux affaires récentes des salariés ont également demandé la rémunération du temps consacré à répondre aux e-mails en dehors du temps de travail (pendant le week-end, la nuit, etc.). Ils n'ont pas obtenu gain de cause. Pour les juges, les salariés auraient répondu de leur propre initiative en dehors des heures de travail. Aucune demande de l'employeur n'allant dans ce sens.
* Cette enquête a été réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 1154 personnes, salariés du privé ou du public, âgés de 18 ans et plus, du 5 au 13 janvier 2011.
Illustration: Crédit photo: D.R
73 % des cadres sont connectés hors des horaires de bureau
Aliénation ou libération ? Les Editions Tissot et OpinionWay ont réalisé un sondage sur les rapports qu'entretiennent les salariés avec les nouvelles technologies et l'impact sur leur mode de vie.