Belle prise. Les enquêteurs du FBI qui ont arrêté fin août Harold Martin, un ancien consultant de la NSA de 51, disent avoir saisi à son domicile 50 téraoctets de données, plus des milliers de pages de documents. Parmi ces documents, les agents fédéraux auraient retrouvé des plans opérationnels classifiés visant un ennemi connu des États-Unis, pour lesquels Harold Martin n’avait normalement pas de droit d’accès. Mercredi, le New York Times a également rapporté que l’ancien consultant détenait des outils de piratage appartenant à la NSA, et récemment mis en vente sur un site de hackers. Un groupe de pirates anonymes se faisant appeler les Shadow Brokers a essayé de les vendre depuis la mi-août, mais on ne sait toujours pas comment ils les ont obtenus.
Selon la plainte déposée auprès d'un tribunal de Baltimore, les enquêteurs ont également trouvé un document comportant des notes manuscrites décrivant l'infrastructure informatique de la NSA et des opérations techniques classifiées. Les enquêteurs pensent que ces notes étaient destinées à un « public n’appartenant pas à la communauté du renseignement ». Harold Martin qui travaillait auparavant pour Booz Allen Hamilton, une entreprise chargée de la maintenance des infrastructures de la NSA, disposait de l’habilitation de sécurité maximale. Dans un premier temps, le ministère américain de la Justice avait déclaré que l’ancien consultant avait volé six documents classifiés produits en 2014. Mais la plainte déposée jeudi indique qu’il avait accumulé une série de documents couvrant une période allant de 1996 à 2016, dont beaucoup étaient classés « secret » ou « top secret ». Les autorités américaines examinent toujours les informations saisies, mais quoi qu’il en soit, elles estiment qu’Harold Martin n’avait pas besoin d’avoir connaissance de ces documents. « Les preuves contre l'accusé sont accablantes », indique la plainte.
Un patriote qui laisse des traces
Par ailleurs, Harold Martin n’aurait pas pris beaucoup de précautions pour stocker en toute sécurité les informations volées. « Un grand nombre de documents classifiés étaient posés tels quels sur le bureau de son domicile ou stockés sur la banquette arrière et dans le coffre de son véhicule », précise encore la plainte. Pour l’instant, les enquêteurs ne disent pas que Harold Martin a livré ces documents à des pirates ou à un gouvernement étranger. Mais la plainte indique qu'il aurait facilement pu transférer ces informations par Internet et masquer ses communications en ligne. Les avocats de Harold Martin ont déclaré que leur client n’avait pas trahi les États-Unis.
Des personnes connaissant Harold Martin, interrogées par le New York Times, ont aussi déclaré qu’il était très patriote - il avait également servi dans la Marine américaine - et elles ne pensent pas qu'il ait pu livrer des informations classifiées à un autre pays. Cependant, les procureurs fédéraux ont demandé à ce que Harold Martin reste en détention, de crainte qu’il ne divulgue les informations volées. « Aujourd’hui, tous les services de contre-espionnage étrangers et tout acteur non gouvernemental savent qu’il a eu accès à des informations hautement classifiées », font valoir les enquêteurs.