Dans un communiqué commun publié après deux jours de discussions, les Five Eyes - l’alliance comprenant l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les États-Unis - affirment leur volonté de coopérer davantage avec les industries technologiques sur les protocoles afin de partager des informations. « Au cours de la réunion des ministres des cinq pays, nous nous sommes engagés à unir nos efforts pour contrer la propagation de l'extrémisme violent et les actions de recrutement des groupes extrémistes qui défendent et utilisent la violence pour atteindre leur objectif », indique le communiqué. En outre, les ministres se sont engagés à mener une action commune pour inciter les fournisseurs de services de communication (CSP) à collaborer à la lutte contre les activités terroristes et contre la propagande en ligne et à soutenir le nouveau forum industriel mené par Google, Facebook, Microsoft et Twitter. Selon les Five Eyes, le chiffrement peut nuire considérablement aux efforts de la puissance publique en vue de garantir la sécurité, parce qu’il empêche un accès légal au contenu des communications lors d'enquêtes sur des actes criminels graves, notamment les actes terroristes. « Pour résoudre ces problèmes, nous nous sommes engagés à développer nos relations avec les entreprises de communications et les entreprises technologiques et à trouver des accords qui respectent la cyber sécurité et les droits et libertés individuels ».
Les fournisseurs vont être mis au pas
Ce communiqué va dans le sens des déclarations faites le 28 juin dernier par le procureur général d’Australie, George Brandis. Dans une interview accordée à la station ABC Radio National Breakfast, ce dernier a déclaré que l'accès aux communications chiffrées occupait « une place très importante dans les procédures mises en place entre l'Australie et ses quatre partenaires Five-Eyes ». Ajoutant : « Nous avons décidé d’obtenir des FAI et des fabricants de périphériques le meilleur niveau de coopération possible ». Le procureur général d’Australie a également précisé qu’avec son homologue américain, le procureur général Jeff Sessions, il envisageait de développer « un accès transfrontalier qui permette d’éviter la procédure trop longue d'entraide judiciaire ». Ajoutant : « Nous avons besoin de développer cette coopération et nous demanderons aux fabricants de périphériques et aux FAI d’accepter une série de protocoles quant aux circonstances dans lesquelles ils pourront fournir une assistance volontaire aux autorités judiciaires », a-t-il déclaré. George Brandis a également évoqué la possibilité de modifier la loi pour imposer le partage d'information. « Nous pourrions, comme c’est le cas au Royaume-Uni et en Nouvelle-Zélande, recourir à une législation invoquant les pouvoirs coercitifs de l’État, mais ce n’est pas ce que nous souhaitons », a-t-il ajouté. « Nous voulons parvenir à un accord avec le secteur privé ouvrant la voie à des solutions volontaires ».
Les membres du Five Eyes ont également fait part de leurs préoccupations après les récentes cyber-attaques WannaCry et Petya. « Les ministres et les procureurs généraux ont exprimé leurs préoccupations quant aux récentes attaques ayant visé diverses institutions et individus dans plusieurs pays », indique aussi le communiqué. « L'attaque du ransomware WannaCry, lancée le 12 mai, a touché des individus dans plus de 150 pays. Elle montre malheureusement que les cyberattaques sont en recrudescence ». Dans son communiqué, le groupe a également réaffirmé la forte coopération déjà en place entre les cinq pays pour lutter contre ces cyber attaques. Il insiste également sur « les efforts menés conjointement pour étudier et évaluer les tendances et les problèmes clés de la cybersécurité afin de prévenir, détecter et répondre aux menaces ».