Selon le Département américain de la Justice et Europol, qui ont coopéré, c'est le plus grand raid jamais mené contre des sites utilisant le réseau Tor. Le réseau crypté The Ognion Router (TOR) permet aux internautes de rester anonymes sur le net. Il est très utile et sert de façon très légitime, pour protéger par exemple certains activistes contre les représailles de gouvernements autoritaires. Mais il est aussi utilisé par les criminels pour des trafics illégaux, suscitant une certaine controverse. Si bien que, de plus en plus, la police cible les sites illégaux tournant sur Tor. Les raids lancés la semaine dernière ne sont pas exceptionnels, mais cette fois leur nombre est particulièrement élevé.
Des bitcoins utilisés pour acheter des armes et des stupéfiants
Troels Oerting, chef de l'European Cybercrime Center (EC3), le centre européen de lutte contre le cybercrime au siège d'Europol, a déclaré que les criminels utilisant Tor se sont longtemps considérés comme hors de portée de la loi, mais ce n'est plus le cas. « Nous pouvons montrer maintenant qu'ils ne sont ni invisibles ni intouchables », a-t-il dit dans un communiqué. « Les criminels peuvent courir, mais ils ne peuvent pas se cacher », a-t-il ajouté. Dans la liste des sites fermés après ces raids, on trouve des noms comme Blue Sky, Hydra et Cloud Nine, lesquels, selon le Département de la Justice américain, étaient spécialisés dans la vente de drogue, la fausse monnaie, la revente de données de cartes de crédit volées et de faux documents d'identité. Parmi eux également, un site nommé Executive Outcomes, spécialisé dans la vente d'armes à feu qu'il expédiait dans le monde entier, le site Fake Real Plastic, spécialisé dans la vente de cartes de crédit contrefaites, ou encore Fake ID, qui vendait de faux passeports, ou encore Fast Cash et Super Notes Counter qui proposait de faux billets libellés en euros et en dollars américains en échange de bitcoins, selon les autorités.
La première information en relation avec ces raids a été l'annonce, jeudi, par la police américaine, de l'arrestation de l'opérateur présumé de Silk Road 2.0, un site soupçonné de vendre des drogues illégales, des outils de piratage informatique et de faux documents d'identité. Mais les autorités n'ont pas révélé qu'une action conjointe de large envergure était en cours. « Les activités illégales en ligne ont pris beaucoup d'ampleur, mais les criminels ne peuvent plus espérer se cacher dans le côté noir de la toile », a déclaré dans un communiqué le juge américain Preet Bharara. « Nous avons fermé le site Silk Road original et aujourd'hui nous avons fermé une plate-forme qui comptait lui succéder, ainsi que plusieurs autres sites de « marché noir » soupçonnés de vendre toutes sortes de biens et de services illégaux, des armes à feu jusqu'aux logiciels de piratage informatique ». Cependant, malgré les affirmations de Troels Oerting et de Preet Bharara, il reste extrêmement difficile pour les autorités judiciaires de découvrir qui sont les administrateurs de sites Tor. Les criminels utilisent les mêmes mesures de protection intégrées au réseau crypté que celles utilisées par les dissidents qui veulent cacher leur identité pour rester anonymes. Souvent, la véritable identité est découverte parce que l'utilisateur a, à un moment donné, oublié de masquer son adresse de messagerie.