La France ne manque pas de start-ups mais elle peine encore à les faire croître. En dépit des structures existant pour les encadrer, ces jeunes entreprises ne trouvent pas toujours l’accompagnement approprié au moment où il le faudrait. Or, 400 000 emplois nets supplémentaires d’ici 2022 pourraient être créés par la croissance des start-ups en France, estime The Boston Consulting Group dans une étude qu’il vient de publier avec La Boussole, qui regroupe 10 structures d’accompagnement allant de l’incubateur d’école au réseau d’entrepreneurs en passant par les accélérateurs et jusqu'à Google (*). Sur 226 licornes dans le monde (le terme désigne les start-ups non cotées valorisées à plus d’un milliard de dollars), l’Hexagone n’en compte que deux, Blablacar et Vente-privée, rappelle le BCG dans cette étude justement intitulée « Devenir une licorne ? ». Et la taille moyenne des entreprises françaises reste bien inférieure à celle des entreprises américaines ou allemandes : seules 5% avaient plus de 10 salariés en 2014 contre 21% outre-Atlantique et 16% outre-Rhin.
La France est propice à la création d’entreprise et elle profite d’un fort dynamisme entrepreneurial : plus de 8 entreprises créées par millier d’habitants (autoentrepreneurs inclus), contre 5,5 outre-Manche et 2 aux Etats-Unis, rapporte le BCG. Dans les technologies de pointe, elle dispose d’une main d’œuvre compétente. Et sur sa capacité à faire croître ses entreprises, plusieurs signes indiquent que le pays est entré dans une dynamique de rattrapage : multiplication des structures d’accompagnement, augmentation des levées (2,6 Md€ levés en 2017 contre 1,7 Md€ en 2016), en nombre et en valeur, initiatives gouvernementales dont la création d’un fonds d’innovation de 10 Md€ avec Bpifrance, French Tech Visa pour faire venir des talents étrangers.
Au 1er semestre 2017, les collectes de fonds par le capital-risque en France ont dépassé celles réalisées au Royaume-Uni, avec 2,7 Md€ contre 2,3 Md€ outre-Manche. (source : BCG)
50% des 400 000 emplois créés par 10% des start-ups
Mais, à court terme, la croissance des start-ups, comme leur pérennité, passe par un meilleur accompagnement, estiment les professionnels de l’encadrement regroupés au sein de La Boussole. Depuis ses prémices jusqu’à son développement optimal, chaque start-up doit franchir 5 étapes : l’idéation, la création, l’amorçage, le scaling et l’expansion. Chacune de ces étapes apporte son lot de casse-tête qu’il s’agisse de questions légales, comptables, de financement, de production, de pilotage, de recrutement… Les structures d'accompagnement ne manquent pas, mais cette offre manque de visibilité, estime La Boussole en soulignant qu’il y avait en 2016 dans l’Hexagone plus de 250 incubateurs et 50 accélérateurs.
Avec le BCG, La Boussole a donc constitué un guide pour aider les entrepreneurs à choisir le meilleur accompagnateur pour la structure qu'ils ont créée à chaque étape de sa croissance. L’écosystème français compte actuellement 10 000 start-ups. En 2022, il devrait y en avoir 12 000, estiment le BCG et La Boussole. Selon eux, la moitié des 400 000 emplois nets supplémentaires que leur croissance pourrait apporter « proviendrait de seulement 10% des start-ups, celles identifiées comme à forte croissance et haut potentiel ». Sur la pérennité des jeunes entreprises, l’accompagnement joue aussi un rôle primordial. Les statistiques américaines montrent en effet que le taux de faillite d’une start-up non accompagnée s’élève à 40% contre seulement 20% pour une start-up accompagnée.
(*) La Boussole regroupe 50 Partners, Blue Factory, ESCP Europe, Google, INCO, Le Village by CA, NUMA, le Fonds de dotation de RAISE (Raisesherpas), Réseau Entreprendre Paris, Schoolab et UR Link - Unibail Rodamco.