Le secteur IT et numérique en France se porte bien, merci pour lui. A l'occasion d'un point presse ce jeudi pour sa conférence semestrielle à Paris, le président du Syntec Numérique, Godefroy de Bentzmann - par ailleurs co-président et co-fondateur de Devoteam - a dévoilé les derniers chiffres à jour du secteur. Force est de constater qu'ils sont plutôt bons : sur l'année écoulée, le secteur du conseil, services et logiciels IT et numérique en France , a progressé de 3,9% pour atteindre en valeur 54,1 milliards de d'euros. « L'accélération de la croissance a été portée par les projets en transformation numérique et mise en conformité et RGPD », a expliqué Godefroy de Bentzmann. « Le moral est bon et, pour 2018, on table sur une croissance qui va augmenter notamment grâce aux SMAC (réseaux sociaux, mobile, analytique et cloud) ». Concernant RGPD, Syntec Numérique estime que les dépenses dans ce domaine par les entreprises IT et numériques ont atteint en 2017 680 millions d'euros et devraient s'élever à 980 millions cette année avant de se stabiliser en 2019 et de reculer à partir de 2020.
Pour cette année, Syntec Numérique table sur une croissance prévisionnelle attendue du marché des services et logiciels IT et numériques en France de 4,2%, ce qui représente en valeur 56,4 milliards d'euros. Une progression par rapport à 2017 mais qui reste prudente (+0,3 point) au regard des précédentes évolutions annuelles (+ 1 point entre 2016 et 2017, +0,7 point entre 2015 et 2016 et +1,3 point entre 2014 et 2015). « Pour continuer à faire de la croissance, il faut réussir à ce que la demande d'embauches augmente », a expliqué Benoît Darde, administrateur de Syntec Numérique interpellé par la rédaction de LMI. « On a pris cette estimation avec un peu de prudence ». En termes d'embauches justement, Syntec Numérique estime que le secteur devrait créer entre 55 000 et 60 000 recrutements de cadres cette année, soit a minima autant qu'en 2017 (55 240). Sur l'année écoulée, on notera cependant une petite déception concernant le niveau de création nette d'emplois cadre du secteur IT qui a légèrement reculé par rapport à 2016 en passant de 13 790 à 13 410 d'après les chiffres de Syntec Numérique et de l'Apec.
30% de jeunes recrutés contre 18% en 2017
Cette baisse de création nette d'emplois cadres en 2017 contraste cependant avec un indicateur mis en avant par Syntec Numérique concernant les besoins de recrutements en ce début d'année 2018. «Les besoins de recrutements augmentent mais sont freinés par la difficulté à trouver les compétences adaptées », pointe du doigt le syndicat. Alors que 61% des entreprises du secteur indiquaient mi-2017 éprouver des difficultés à recruter, ce taux a grimpé à 81% début 2018. « Le principal enjeu du recrutement est la capacité à fidéliser les collaborateurs », a lancé Benoît Darde. « Le taux d'attrition reste à maîtriser ». Pour tenter d'atteindre cet objectif de fidélisation et de rétention des talents, Syntec Numérique estime qu'il faudra notamment miser sur les jeunes. Et cela semble plutôt bien parti : « Aujourd'hui, 30% des recrutements sont parmi les jeunes contre 19% l'année dernière », indique Benoît Darde.
Pour former de façon satisfaisante des collaborateurs à même de répondre aux enjeux des éditeurs et sociétés du secteur IT, Syntec Numérique met en avant les efforts louables du gouvernement. « La réforme du compte personnel de formation a débouché sur une augmentation importante en termes de formations certifiantes et apporter de la séniorité dans les recrutements », a précisé Benoît Darde. « Les contrats de professionnalisation ont permis aux jeunes demandeurs d'emploi de moins de 26 ans de trouver un emploi dans notre secteur grâce à une formation qualifiante ou diplômante. Plus de 13 800 demandeurs d'emploi on retrouvé un CDI en 4 ans grâce à ce dispositif, et sur 2017 plus de 5 000 personnes ont été recrutés venant de Pole Emploi ».
186 M€ investis en IA par les entreprises du secteur IT et numérique en France pour 2018
En partenariat avec le cabinet IDC, Syntec Numérique a par ailleurs présenté à l'occasion de son point semestriel les résultats d'une étude portant sur la montée en puissance des investissements en matière d'intelligence artificielle. De 125 millions d'euros en 2017, ils devraient progresser de 46% cette année pour se hisser à 186 millions. Parmi les compétences nécessaires et recherchées par les entreprises du secteur IT et numérique pour développer leurs projets AI (algorithmes de machine learning, chatbots...), les datascientists arrivent en tête (27%), devant les spécialistes UX (18%), analystes métiers avec compétences AI (18%), programmeurs et gestionnaires de base de données pour les systèmes IA (16%), les architectes des données (13%) et les gestionnaires en qualité des données (8%). Interrogé par la rédaction concernant le nombre de spécialistes IA souhaité par les entreprises du secteur, Benoit Darde a joué son joker : « Difficile de savoir, trop peu d'entreprises ont répondu ».