Les investissements en capital-risque ont considérablement ralenti cette année, les économies mondiales étant confrontées à des risques de récession liés à la hausse de l'inflation, ainsi qu'à des taux d'intérêt plus élevés et à des troubles géopolitiques. Tel est le constat fait par Preqin, société privée de données d'investissement basée à Londres. Selon la firme, la performance au cours de la période allant jusqu'à la fin mars 2022 a commencé à s'affaiblir. Dans son rapport 2023 sur le capital-risque, Preqin indique en effet que, du fait de l’inflation très élevée, les banques centrales sont devenues belliqueuses et l'appétit pour le risque a diminué sur les marchés financiers. En ce sens, les sociétés cotées en bourse qui ont des qualités de capital-risque ont connu des baisses allant jusqu'à 80-90 % dans certains cas. « En particulier, la performance post-IPO des anciennes sociétés financées par des fonds de VC avec des sorties de SPAC a été sévèrement touchée » prévient Preqin.
Selon Preqin, « le capital-risque reste l'une des classes d'actifs les plus exposées aux turbulences actuelles du marché ». Ainsi, elle prévoit un ralentissement de la performance et de la collecte de fonds du capital-risque mondial au cours des cinq prochaines années, qui devrait néanmoins connaître une croissance significative du total des actifs sous gestion (AUM). Les évaluations d'entrée ont déjà baissé de manière significative et la concurrence pour les transactions s'est adoucie, car de plus en plus d'investisseurs attendent avant de déployer des capitaux. En septembre 2022, les gestionnaires de VC disposaient de 530,8 Md$ de « poudre sèche » à déployer sur le marché. « Malgré nos prévisions selon lesquelles les levées de fonds n'augmenteront que de 68,9 % entre 2021 et 2027, nous nous attendons à ce que la poudre sèche augmente encore pour atteindre 659,1 Md$ d'ici la fin de 2027 ». 2023 pourrait donc s'avérer un millésime très intéressant à long terme.
346,3 Mds $ de transactions sur les 3 premiers trimestres 2022
Il existe actuellement 5 048 fonds de capital-risque sur le marché mondial, qui visent un capital de 400 Md$. Du point de vue de la collecte de fonds, cela rend l'environnement extrêmement difficile pour certains. Le rapport pointe du doigt les investissements en phase de démarrage qui seront davantage privilégiés en 2023, car ce secteur pourrait mieux résister à la tempête que d'autres stratégies. De plus, avec l'augmentation du coût du capital pour les fondateurs, on peut s’attendre à voir davantage de personnes chercher à utiliser des structures de financement différentes, telles que la dette à risque, pour lever des fonds. Preqin met ainsi en avant le fait que 73 % des capitaux levés sont allés à des gestionnaires de fonds de VC expérimentés qui en sont à leur quatrième fonds ou plus.
Par ailleurs, 73,4 Md$ ont été collectés par les stratégies de capital-risque en phase de démarrage au niveau mondial pour la période allant jusqu’au troisième trimestre 2022. Sur le quatrième trimestre, les sociétés de capital-risque ont levé 20,6 Md$ de nouveaux fonds, ce qui représente une baisse de 65 % par rapport au même trimestre l'an dernier et le montant le plus bas au quatrième trimestre depuis 2013. Le nombre de transactions a atteint 17 793 pour l'année 2022, en baisse par rapport aux 27 037 de 2021, même si ce chiffre est toujours en passe de devenir la deuxième année la plus importante jamais enregistrée. La valeur totale des transactions a atteint 346,3 Md$ pour les trois premiers trimestres de 2022, en baisse par rapport aux 685,1 Md$ de 2021, car moins de transactions ont eu lieu à des multiples de prix inférieurs. Cette baisse est due aux secteurs de la consommation discrétionnaire, des services financiers et d'assurance, et des technologies de l'information, qui ont subi la plus forte baisse de la valeur totale des transactions.