Aller chercher la compétence de ses pairs au sein de l’entreprise pour répondre à une question, débloquer une situation et enrichir une base de connaissances, c’est la vocation de l’outil développé par Wingzy. Cette application SaaS, qui s'appuie sur l'intelligence artificielle, est déjà déployée dans de grandes organisations, comme Bouygues, pour des milliers d’utilisateurs. Concrètement, elle permet à un collaborateur de poser une question et d’obtenir en retour une réponse d’un autre collègue. « Je suis chez moi, isolé, j’ai besoin de faire un webinar mais je n’en ai jamais fait, je tape la question dans l’outil et celui-ci va identifier les personnes les plus compétentes pour y répondre dans l’entreprise », expose Clément Dietschy, co-fondateur et PDG de Wingzy. « Nous avons beaucoup investi sur l’ergonomie de l'application car si elle n’est pas aussi facile d’accès que Facebook ou WhatsApp, elle ne sera pas utilisée. Dès la 1ère seconde, l’utilisateur doit voir que ça lui fait gagner du temps », pointe le dirigeant de la start-up, ingénieur en systèmes complexes.
La question posée est automatiquement envoyée par e-mail aux 10 personnes identifiées comme les plus compétentes dans le domaine couvert. Plusieurs d’entre elles vont poster une réponse, visible par tous dans l’outil, ce qui permettra de la qualifier. Si un nouvel utilisateur cherche plus tard comment créer un webinar, la réponse est déjà fournie. « Et l’expert qui aura reçu le premier mail n’aura eu à répondre qu’une seule fois », pointe Clément Dietschy. En remerciant son collègue, l’utilisateur de départ indiquera combien de temps la solution fournie lui a fait gagner (1 heure, 2 heures, 1/2 journée…).
Recréer une discussion comme à la machine à café
En ces temps de confinement, la distance a supprimé les échanges informels qui se faisaient naturellement au sein de l’entreprise, autour de la machine à café par exemple, en facilitant la mise en contact de collaborateurs à la recherche de solutions. Wingzy a été installé il y a un an chez Bouygues où le PoC a été déployé en 3 semaines. C’était au départ une sorte de moteur de recherche de compétences utilisé seulement par les RH, « un outil de terrain dans la poche », décrit Clément Dietschy, « par exemple pour trouver un commercial qui parle anglais ». Une 2ème version est sortie pendant le confinement. « Nous avons fait une cinquantaine d’interviews chez Bouygues pour chercher les vrais besoins parmi les utilisateurs, le but est de recréer une discussion comme elle pourrait se faire à la machine à café ».
Wingzy permet aussi de qualifier les compétences des collaborateurs. Si la solution s’adresse effectivement aux départements des ressources humaines, elle doit être considérée comme une application qui sert d’abord aux utilisateurs avant de donner à la DRH une vision sur les compétences. Pour susciter une adoption immédiate, l’outil est donc facile d’accès mais il ne doit pas nécessairement être déployé d’emblée sur l’ensemble de l'effectif. « Nous proposons aux DRH de construire ensemble un outil qui permettra d’engager davantage les collaborateurs ». Parmi les soutiens directs de Wingzy se trouve Bénédicte Tilloy, ancienne directrice des ressources humaines de la SNCF, qui a investi dans la start-up « parce qu’elle a inventé ce dont je rêvais lorsque j’étais DRH de la SNCF : une solution simple et intuitive qui permet aux salariés de décrire ce qu’ils savent faire, avec leurs mots, pour que leurs collègues puissent les trouver facilement et leur demander de l’aide sur un projet au moment où ils en ont besoin », décrit dans une présentation celle qui coordonne maintenant le module « RH au coeur de la transformation digital » du Master Executive RH de Sciences Po Executive Education. Parmi les autres soutiens de Wingzy, Henri Lachmann, ancien PDG de Schneider Electric, apprécie lui aussi que l'outil permette d'accéder rapidement aux expériences acquises par d'autres personnes. Si l'application cible les entreprises de plus de 500 salariés, Wingzy compte des clients qui l'ont déployée avec efficacité à partir de 100 collaborateurs. « Ce sont des entreprises à très forte expertise avec des collaborateurs éparpillés », précise Clément Dietschy. Le plus souvent, ces structures ont un réseau d’experts ou évoluent dans le conseil.
Wingzy vient s’intégrer aux applications déjà installées dans l’entreprise. La tarification démarre à 1000€ par mois pour des structures de toutes tailles. Les grands groupes passent parfois par une Proof of Value de 3 ou 4 mois pour 100 collaborateurs comme première étape. La solution est hébergée en Europe, sur le cloud d’Heroku à Dublin.
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