A l'heure du big data, les entreprises sont souvent noyées dans une masse de données. En cause : la multiplication des sources (SGBD Oracle, SQL Server, bases multi-dimensionnelles, ERP, applications cloud de type Salesforce, Hadoop...) et des problématiques d'intégration parfois compliquées qui empêchent les opérationnels (ventes, marketing, support) et la direction générale de les exploiter de façon optimale. C'est la que la virtualisation des données entre en jeu afin d'apporter une couche d'abstraction permettant de connecter des sources de données disparates, de les combiner et de les injecter dans n'importe quelle plateforme ou support (portails, services web, applications mobiles, outils de reporting/datavisualisation...).
« On a commencé il y a 18 ans par interconnecter les sources et bases de données avant de créer une technologie permettant d'ajouter de la valeur aux infrastructures distribuées en les alimentant aussi bien avec des données internes que des cloud assets », nous a expliqué Angel Viña, CEO et fondateur de Denodo que la rédaction du Monde Informatique a eu l'opportunité de rencontrer jeudi 17 mai à Paris. « La technologie est complexe mais on est les mieux placés pour apporter une solution de classe entreprise ». Facile à dire, mais la concurrence est féroce avec Informatica, Tibco Software, Information Builders, SAP ou encore IBM, sur un marché de la virtualisation des données qui devrait dépasser 4 milliards de dollars en 2022 (versus 1,6 en 2017) selon ResearchAndMarkets.com et concerner d'après le Gartner 35% des entreprises d'ici 2020.
Une seule plateforme pour unifier, gérer, sécuriser et monitorer des données
Bien que la société ne publie pas ses comptes et qu'il soit difficile de confirmer les chiffres avancés par son dirigeant, Denodo semble cependant bien tirer son épingle du jeu. « Denodo est une entreprise profitable qui a vu ses revenus progresser l'année dernière de plus de 60%, qui gagne 40 clients tous les trimestres et dépasse aujourd'hui les 500 références », nous a assuré Angel Viña. Selon le CEO, l'une des clés de succès de l'adoption de sa solution réside dans sa performance avec des temps de latence (délai entre le requêtage des données et leur exploitation) qui seraient jusqu'à 100 fois inférieurs par rapport à d'autres. « Nous sommes capables au travers d'une seule plateforme d'unifier les couches de données, gérer des catalogues de données, sécuriser des sets de données et monitorer de la data », précise Angel Viña.
Sûr de ses forces - aidée par une levée de fonds et l'arrivée de HGGC l'année dernière - Denodo a engagé un vaste plan de conquête à l'international. Après la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Espagne, le temps est venu de s'attaquer à d'autres pays européens. Pour ce faire, un directeur régional EMEA, Olivier Tijou, vient d'être nommé pour tirer le business en France, Belgique, Luxembourg et Suisse. L'homme connait son affaire : avant d'arriver chez Denodo, il était directeur clientèle chez Tibco Software, acteur historique de l'intégration de données qui s'est musclé dans la virtualisation des données fin 2017 avec le rachat de l'activité Data Virtualization de Cisco. « Nous sommes arrivés tardivement sur le marché français, c'est vrai. Personne ne nous attendait. Mais nous avons choisi de le faire à un instant clé, après que les entreprises aient essuyé le rêve des promesses du big data et le rêve de pouvoir tout mettre dans un datalake et de pouvoir en extraire facilement les données », glisse Olivier Tijou.
80% du business en direct
Le modèle de ventes de Denodo est essentiellement basé sur du canal direct (80%), le reste étant assuré par de l'indirect. Les clients visés ? Principalement les grands comptes et le CAC 40 avec d'ores et déjà de belles références dont Arcelor et l'une des plus grandes banques françaises. A l'international, on peut citer Volkswagen ou encore Intel. Le réseau de partenaires intégrateurs et de conseil, aujourd'hui une dizaine en France (dont Capgemini, Business&Decision, Keyrus, Solutys...), devrait s'étoffer d'ici la fin de l'année. C'est en tout cas l'un des objectifs à atteindre, au-delà de la croissance des revenus, pour la branche française de Denodo.
Mise à jour du 22 mai à 9h55 : c'est l'investisseur HGGC et non Colony Capital comme précédemment indiqué dans l'article qui est entré au capital de Denodo l'année dernière.
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