Après l'euphorie des années post-Covid, le marché de l'emploi IT va-t-il finir par marquer le pas ? Le cabinet de recrutement Michael Page s'est penché sur la question dans un domaine qui reste très porteur tout en connaissant des ajustements. « « Le secteur de l’IT est un des plus dynamiques en termes de recrutement avec une demande croissante sur les profils experts. Dans ce contexte, les entreprises augmentent leurs propositions d’embauche afin de rester attractives auprès de ces talents », indique Sacha Kalusevic, directeur senior Michael Page Technology. Cela ne veut pas dire que les progressions salariales vont se poursuivre, en tout cas pas pour tous les profils et ce, malgré une pénurie de talents dans certains domaines clés.
Evolution des salaires IT moyens par région par rapport à Paris. (crédit : Michael Page)
« Il y a toujours eu des pénuries de compétences IT mais elles ont été amplifiées ces dernières années pour divers raisons liées aux évolutions des technologies ou des usages IT. La tendance a été exceptionnelle et en faveur des candidats sur ces deux derniers années », fait savoir Sacha Kalusevic. « Depuis 2023 on observe un léger retour à la raison du marché de l'emploi. On est passé d'une tendance euphorique à un peu plus de normalité dans les échanges. En 2024 dans les stratégies de recrutement des entreprises, nous aurons d'un coté une course forte effrénée aux recrutements des profils IT experts les plus pointus et nécessaires à la vie de l'entreprise, de l'autre des recrutements moins indispensables pour lesquels les entreprises prendront leur temps pour recruter les bonnes personnes ».
Salaires dans le secteur IT pour les fonctions de direction. (crédit : Michael Page)
Pour Michael Page, certains métiers verront leur situation se « normaliser », en particulier dans le domaine du support IT. En revanche pour d'autres métiers pointus, en architecture et cybersécurité tout particulièrement, la demande restera encore largement supérieure à l'offre. « Cela rendra difficile la recherche de profils experts et fera grimper les salaires », fait savoir Sacha Kalusevic. Et ce, d'autant que les candidats sachant leurs compétences rares, les profils les plus prisés regarderont de près où ils mettront les pieds en étant très attentifs par exemple au projet sociétal et aux valeurs de l'entreprise autant que les conditions de travail, ce qui donnera d'autant plus de fil à retordre aux recruteurs.
Parmi les salaires qui résisteront en force, ceux de la cybersécurité seront en haut du panier pour 2024, avec dès 5 ans d'expérience des prétentions autour des 60 K€ brut par an, pouvant grimper à 75 K€ pour les architectes en sécurité et cybersécurité et dépassant les 110 K€ pour les RSSI avec au moins 10 ans d'expérience.
Salaires dans le secteur IT pour les fonctions sécurité et cybersécurité. (crédit : Michael Page)
Dans son étude des rémunérations 2024, Michael Page fait ressortir des bons niveaux de salaire aussi pour les architectes et urbanistes IT avec pour les juniors une fourchette comprise entre 65-75 K€ et grimpant quelques années plus tard à 85 K€ pour dépasser les 100 K€ pour les plus expérimentés.
Salaires dans le secteur IT pour les fonctions transverses. (crédit : Michael Page)
S'agissant des profils les plus recherchés (mais pas forcément les mieux payés), Michael Page pointe les développeurs web applicatif, les chefs de projets SAP/Salesforce, les ingénieurs cloud, en data et machine learning et sans surprise, en cybersécurité. Concernant les secteurs qui payent le mieux, arrive en tête celui du conseil, des services financiers et de l'assurance, suivi par la santé/pharmacie et l'industrie logicielle. Enfin c'est en Ile-de-France que les rémunérations sont les plus élevées, devant le Grand Ouest, Rhône-Alpes, les Hauts-de-France et Paca. Question parité des recrutements, pas de grande surprise avec toujours une très forte représentation des hommes (78 %) devant les femmes (22 %) qui sont toujours sous représentés dans les cursus scientifiques en général et informatique en particulier.
Salaires dans le secteur IT pour les fonctions data et intelligence artificielle. (crédit : Michael Page)
« Pour réduire la pression sur le marché des talents IT, les entreprises peuvent recourir à des solutions concrètes et éprouvées telles que la formation et la certification de nouvelles générations de talents mais aussi investir dans la reconversion professionnelle. Pour capter les talents, elles doivent aussi élargir leurs critères de localisation et de flexibilité au travail voire même envisager des politiques RH spécifiques à ces métiers », indique par ailleurs Michael Page. « Afin de répondre à leurs besoins en main d’œuvre et d’avancer sur leurs projets technologiques, les sociétés doivent également envisager des modèles mixtes en faisant appel à des experts indépendants. Ces freelances peuvent intervenir en complément d’un processus de recrutement long, dans l’attente d’identifier un talent à intégrer, ou dans le cadre d’une collaboration à plus long terme ».
Salaires dans le secteur IT pour les fonctions infrastructures et production. (crédit : Michael Page)
Les profils en études et développement connaissent de fortes disparités : alors que le technicien support applicatif débute sa carrière avec une prétention salariale faible (28-35 K€), d'autres sortent mieux (business analyst, AMOA, scrum master...). Les années d'expérience n'arrangent pas la situation avec au bout de 10-15 ans d'expérience des salaires ne dépassant pas les 55 K€ pour les premiers alors que les autres s'envolent jusqu'à 80-90 K€.
Salaires dans le secteur IT pour les fonctions études et développement. (crédit: Michael Page)
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