Redevenu indépendant depuis sa séparation de Symantec - et son rachat par un groupe d’investisseurs emmené par le fonds Carlyle pour un montant de 8 milliards de dollars -, Veritas Software a terminé sa réorganisation et relancé son logiciel pour désormais afficher une ambition retrouvée avec 8 000 employés dans le monde selon Financial Review. Comme nous l’a indiqué Jean-Pierre Boushira, directeur général Europe du Sud (France, Italie, Espagne, Portugal et bientôt Israël), « Veritas a réinvesti une grande partie de son budget en R&D pour développer une dizaine de nouveaux produits dans le domaine du data management, du multicloud et de la GDPR ».
Acteur historique du stockage avec des solutions de sauvegarde et d’archivage utilisées dans de nombreuses entreprises, entend répondre aux problématiques qui comptent dans les entreprises : transformation numérique, mais également adaptation aux contraintes réglementaires comme le GDPR ou plus spécifiquement MiFID II (Markets in Financial Instruments Directive) et FRTB (Bâle IV) dans les banques. « Pour développer notre activité GDPR, nous pouvons compter sur notre base installée », nous a indiqué Jean-Pierre Boushira. « Nous possédons toutes les briques logicielles nécessaires pour cartographier les données dans les entreprises afin de savoir où elles se trouvent et qui les utilisent ».
Accompagner l'adoption GDPR
En France, la CNIL accompagne les entreprises dans la transposition de la directive GDPR avec un guide succinct regroupant les 6 actions à mener. De son coté, Veritas propose une solution intégrée baptisée 360 Data Management pour GDPR, pour aider les entreprises à répondre à ces exigences réglementaires avec une équipe d’experts (audit, animation d’ateliers de sensibilisation et mise en oeuvre des technologies nécessaires) et des outils capable de cartographier les données chaudes et oubliées - avec l’ajout de métadata - pour repérer les informations sensibles et personnelles, déterminer qui y accèdent et depuis quand elles sont conservées. Enfin, la solution propose d’accompagner les entreprises dans la gouvernance de leurs données afin de supprimer les informations inutiles, prévenir toute perte ou détérioration des données et même alerter plus rapidement la Cnil - le délai sera bientôt de 72 heures - en cas de fuite ou de vol de données. Autre initiative, Antemeta a mis en place un portail avec le concours de Veritas pour proposer un package GDPR en mode abonnement à destination des PME.
Interrogé sur la maturité GDPR dans les pays d’Europe du Sud, le dirigeant nous a répondu sans détour que les PME-PMI européennes commencent à peine à s’attaquer au sujet. « Elles s’informent, elles mettent en place des structures mais elles sont un peu perdues ». Le responsable Europe du Sud cite ainsi l’exemple d’un club de foot en Italie avec un président qui s’inquiète de la conservation des données (médicales, statistiques des matchs…) des joueurs de son équipe première mais également de seconde division, des espoirs entrainés dans le centre de formation et bien sûr des tickets et des supporteurs abonnés. Autant de données personnelles qui entrent dans le cadre de GDPR. Pire encore, des petits malins commencent à inonder des entreprises avec des menaces à peine voilées sur leurs capacités à traiter les demandes de droit à l’effacement (article 17). S’il s’agit d’une dizaine de demandes par jour, le traitement est envisageable « dans les meilleurs délais » (prévus par le texte) mais s’il s’agit de centaines de demandes, comment faire face sans les outils d’automatisation adéquats. D’autant que certaines données clients sont partagées avec des prestataires qui doivent eux aussi répondre à cette injonction d’effacement.
Concurrence accrue sur la sauvegarde
Challengée sur son marché historique, la sauvegarde et l’archivage, par des start-ups comme Cohesity ou Rubrik - qui vient de racheter Datos IO -, Jean-Pierre Boushira considère que ces dernières se sont lancées dans des brèches tout en reconnaissant qu’elle pousse Veritas à se réinventer pour sortir des produits plus disruptifs. « Nous travaillons avec les trois plus gros éditeurs cloud et les providers grâce aux passerelles que nous avons développé ». Aujourd’hui, NetBackup supporte les principales plateformes clouds (Microsoft Azure, Google Cloud et AWS) pour assurer des sauvegardes depuis et vers différents environnements (cloud, hybride, On-Premise). Et l’intégration avec CloudPoint 2.0 permet également aux entreprises de sauvegarder leurs charges de travail hébergés dans les environnements AWS et, depuis peu, Azure et Google Cloud. Signalons encore que depuis NetBackup 8.1, Veritas s’attaque aussi à la sauvegarde des environnements distribués comme la base de données Cassandra avec la possibilité de traiter des flux parallèles. Précisons que Rubrik supporte en sus MongoDB et compte ajouter Couchbase et MySQL depuis le rachat de Datos IO. Interrogé sur les appels d'offre en France, Jean-Pierre Boushira avoue principalement se frotter à Dell EMC, Commvault, Veeam et enfin Rubrik sur le marché de la sauvegarde.
Avec le retour de Greg Hugues chez Veritas, au poste de CEO cette fois, l’éditeur s’est mis en ordre de marche. Les prochains résultats financiers de l’éditeur sont attendus fin mars - pour l’exercice fiscale 2018 - et si la société non cotée n’est pas obligée de publier ses chiffres, un coup d’oeil sur ceux de Carlyle Group permet de suivre l’évolution de l'activité de Veritas.
Commentaire