Poids lourd des marques pour la maison aux États-Unis, avec un chiffre d'affaires annuel d'environ 7 Md$, Clorox commence à voir sa stratégie de transformation numérique discutée. À l'occasion de l'annonce de ses résultats trimestriels, début février, la société, créée il y a plus d'un siècle en Californie, a été bousculée par les analystes sur les coûts de sa migration vers S/4 Hana, que la société évalue à une facture de 550 à 580 M$. « Pourquoi est-ce si cher ? », a ainsi lancé un analyste expliquant qu'un concurrent mène un projet de ce type à un coût bien inférieur.

« Ce que nous faisons avec cette mise en oeuvre, c'est fondamentalement mettre à niveau l'épine dorsale et les capacités technologiques de l'entreprise. Et la dernière fois que nous avons effectué une modernisation de l'ERP, c'était il y a bien plus de 20 ans », s'est défendu Linda Rendle, PDG de l'entreprise, précisant que cette mise à niveau s'accompagne du déploiement d'un nouveau modèle opérationnel et d'une infrastructure de données modernisée. Selon le directeur financier de l'entreprise, Kevin Jacobsen, le projet doit permettre de diminuer d'un point les frais généraux et administratifs de la structure une fois la solution mise en place.

Le gros morceau en juillet

Sauf que le temps du projet, cette base de coûts est de 1 à 2 points supérieure au niveau habituel, « car nous devons maintenir deux infrastructures ; nous payons à la fois notre ancien système et notre nouveau système », a indiqué le directeur financier. Pour l'heure, S/4Hana a été déployé au Canada - le périmètre servant de test grandeur nature à Clorox - et la solution doit s'étendre aux activités aux États-Unis à partir de juillet prochain. Dans un premier temps, avec un déploiement étalé sur 6 mois, l'ERP est censé couvrir la finance et la gestion commerciale et logistique. Une transition de certains sites industriels va également être enclenchée.

Durant cette période de transition, le groupe a prévu de constituer des stocks de sécurité en interne et chez ses distributeurs pour encaisser les perturbations créées par la migration. « Pendant une période, nous devrons fermer nos systèmes existants et mettre en route le nouvel environnement, a détaillé la PDG. Nous allons donc augmenter les stocks des distributeurs et les nôtres pour tenir compte de cette période pendant laquelle les systèmes sont physiquement en transition ». La dirigeante dit s'appuyer sur de bonnes pratiques de ses pairs en la matière et vise ainsi à éliminer tout impact de la migration pour le consommateur.

Rappelons que, ces derniers mois, plusieurs sociétés ont rencontré des difficultés avec leur projet SAP respectif. Présent dans les pays du sud de l'Afrique, mais aussi en Europe, le distributeur Spar a ainsi mis son projet SAP sur pause, en raison d'une dégradation de sa marge provoquée par un premier déploiement chaotique. Des difficultés qui ne sont pas sans rappeler celles qu'ont connues l'industriel américain Lamb Westonle retailer britannique Asda ou encore le distributeur français Gifi avec, à chaque fois, des conséquences assez lourdes.