Depuis ce mardi 26 octobre, des perturbations du réseau de distribution de carburant secouent l'Iran et en particulier Téhéran. Les autorités iraniennes attribuent cela à une cyberattaque, même si celle-ci n’a pas été revendiquée pour l’instant selon le Times of Israel. « Le Conseil suprême de sécurité nationale a confirmé qu'il y a eu une cyberattaque contre le système informatique de distribution d'essence », a déclaré la télévision nationale avant d'ajouter que « les détails de l'attaque et sa source sont en cours d'investigation ».
L’attaque a rendu inutilisables les cartes électroniques émises par les pouvoirs publics et permettant à près de 60 millions d’iraniens d’acheter du carburant subventionné dans les stations-service. Introduites une première fois dans le pays en 2007, ces cartes avaient pour objectif de réguler le marché, lutter contre la contrebande et permettre aux ménages de régler leur carburant alors que l’inflation est à son apogée dans le pays. Abandonnées par la suite, elles ont été réintroduites progressivement en 2018. Grâce à ces subventions, les Iraniens peuvent payer un maximum de 60 litres d'essence par mois à un prix très bas (5 centimes d’euro le litre). Au-delà, chaque litre supplémentaire coûte 10 centimes d'euro. Par comparaison, l’essence coûte 1,58 euro par litre en moyenne en France.
Des motivations politiques derrière l’attaque
L'Associated Press rapporte que la cyberattaque a entraîné de longues files de voitures attendant de faire le plein dans la capitale iranienne, de nombreuses pompes étant éteintes et les stations fermées. Ceux qui ont essayé d'utiliser les pompes avec leur carte ont reçu un message indiquant « cyberattaque 64411 ». Ce numéro correspond au numéro de téléphone du bureau de l’ayatollah et guide suprême iranien Ali Khamenei, ce qui laisse penser que l'attaque pourrait avoir une motivation politique.
Ce n’est pas la première fois qu’une cyberattaque touche l’Iran et encore moins une surprise que de voir apparaître le numéro de téléphone du guide suprême iranien. Début juillet, les chemins de fer de la république islamique d'Iran (IR) - la société qui possède le réseau ferroviaire d'Iran – avait été affectée. Après avoir communiqué sur cette cyberattaque, le mode opératoire visant le gouvernement iranien avait été découvert. Les écrans piratés des trains invitaient en effet les passagers à manifester leur mécontentement en utilisant le numéro de téléphone du bureau de l’ayatollah Ali Khamenei. Hasard ou coïncidence, l’affichage de ce numéro est en tout cas intriguant. Le malware, un wiper désigné en tant que Meteor, avait alors effacé dans un premier temps le système de fichiers du système ferroviaire, puis verrouillé les postes utilisateurs et corrompu les secteurs (MBR) des disques durs. L’auteur à l’origine de cette cyberattaque n’a cependant toujours pas été identifié et ce numéro sème davantage la confusion, rendant l'attribution de l'attaque plus difficile encore.
Des attaques récurrentes
Une histoire qui n'est pas sans rappeler celle du site nucléaire de Bushehr, infecté par Stuxnet en 2010 puis en 2018. Plus tard, en avril 2021, c'est la centrale d'enrichissement d'uranium de Natanz qui aurait cette fois-ci fait les frais d'une cyberattaque. Cette-dernière est intervenue après l'inauguration officielle des dernières centrifugeuses plus performantes, et dans une période de troubles d'un point de vue diplomatique avec les Etats-Unis pour revenir sur l'accord nucléaire de 2015 rejeté par l'administration Trump.
Alors que le moral du pays est loin d’être au beau fixe, cette attaque vient accentuer les problèmes économiques rencontrés par la population. Certaines stations-service n'acceptant que l'argent liquide et ne faisant pas partie du réseau de cartes de subvention ont continué à pomper du carburant. Par ailleurs, Ouest France annonce que sur les 4 300 stations-service à travers le pays, seulement 220 ont pu être reconnectées au système central de distribution, a expliqué dans la matinée à l’agence officielle IRNA la porte-parole de la société nationale de distribution des produits pétroliers, Fatemeh Kahi.
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