Les préoccupations de souveraineté numérique, remises au premier plan en France par le gouvernement et le Sénat, trouvent leur prolongement à l’échelle européenne. Le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, et son homologue allemand Peter Altmaier, viennent de diffuser un communiqué commun confirmant un projet franco-allemand sur une infrastructure de données sécurisée. La France rejoint ici un projet de cloud européen engagé par l’Allemagne, les deux pays cherchant à apporter à leurs entreprises respectives une solution purement européenne pour stocker leurs données critiques, qu’il s’agisse de données de santé, financières ou autres, face aux services d’hébergement cloud de fournisseurs américains ou chinois ayant installé leurs propres datacenters en Europe, tels AWS, Microsoft ou Alibaba.
Outre Rhin, l’éditeur SAP et l’opérateur Deutsche Telekom auraient commencé à travailler sur le projet, aux côtés du groupe bancaire Deutsche Bank, selon un document du ministère allemand de l’Economie cité par Bloomberg. Du côté français, Bruno Le Maire avait annoncé au début du mois que Dassault Systèmes, maison mère d’Outscale, et OVH, avaient été approchés pour travailler à la mise en place d'un cloud national stratégique que le ministre avait évoqué quelques mois plus tôt. Il avait alors été précisé que le projet ne serait pas cantonné aux frontières françaises mais qu’il s’étendrait à l’Europe, en commençant par l’Allemagne.
Un pool de données plus vaste pour développer les algorithmes
Le communiqué franco-allemand diffusé aujourd’hui précise que, sur la base de la feuille de route déjà établie de façon conjointe pour un réseau de recherche et d'innovation sur l’Intelligence artificielle, plusieurs étapes sont prévues. D’ici la fin novembre se tiendra un atelier de travail au cours duquel les entreprises françaises et allemandes intéressées seront consultées sur ce projet d'infrastructure de données. Des experts des deux gouvernements se réuniront ensuite avant la fin de l’année pour mettre sur pied la gouvernance du projet et déterminer, entre autres, les domaines sur lesquels cette infrastructure européenne pourra être utilisée. Toujours avant fin 2019, les experts constitueront ensuite une structure pour élaborer le framework technologique. La France et l’Allemagne se mettront ensuite en relation avec les autres membres de l’Union européenne souhaitant participer au projet et avec la Commission européenne pour envisager les conditions d’un déploiement à l’échelle européenne. L’objectif est de présenter au printemps 2020 aux autres Etats membres, à Bruxelles, le contexte technique et organisationnel dans lequel ce projet d’infrastructure de données fédérées pourrait se mettre en place.
« Je suis fermement convaincu qu’une coopération étroite entre la France, l’Allemagne et d’autres pays européens est nécessaire pour aborder la révolution technologique du 21ème siècle », déclare Bruno Le Maire dans le communiqué conjoint. « Nous voulons établir une infrastructure de données européennes sûre et souveraine, incluant entrepôts de données et pools de données et développer une interopérabilité sur les données ». En travaillant ensemble, les entreprises européennes bénéficieront d’un corpus de données plus vaste pour développer leurs algorithmes et renforcer leurs positions sur un marché mondial et très concurrentiel, souligne le ministre français en concluant : « C’est important pour l’autonomie numérique et technologique de l’Europe ».
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