Branle-bas de combat dans l’Éducation nationale ! D’ici 2021, le baccalauréat que l’on connaît tous devrait radicalement changer. La plate-forme d’inscription dans l’Enseignement supérieur Parcoursup est déjà opérationnelle – normalement – mais c’est toute l’organisation de l’enseignement au lycée qui devrait repensée et mise en application avant la du quinquennat Macron. C’est en tout cas la mission qu’a donné le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, au politologue français et ancien directeur de Sciences-Po Lille, Pierre Mathiot. Ce dernier a publié son rapport la semaine dernière.
Et si aujourd’hui, l’enseignement de l’informatique est bien peu présent dans les établissements du secondaire, le rapporteur préconise de ramener cette discipline au centre des formations. C’est « un véritable Plan Marshall en ce domaine » que veut Pierre Mathiot. « Il s'agit aussi d'acculturer l'ensemble des élèves au numérique, en ne se focalisant bien sûr pas uniquement sur ceux que l'informatique intéresse » peut-on lire dans le rapport. « Une initiation minimale au codage, aux enjeux de la sécurité informatique et de la e-réputation, une formation qui pourrait apparaître triviale à la bureautique constituent autant d'objectifs complémentaires de ceux liés à l'informatique stricto sensu. »
L'informatique obligatoire en seconde et en première
Fini les trimestres, les cours communs à tous, et les filières L, ES et S. Le lycée est redessiné à la mode universitaire et Pierre Mathiot veut que le lycéen puisse personnaliser ses enseignements en fonction de ses projets d’avenirs. Les cours seraient donc répartis en trois unités d’enseignements sur deux semestres. Une unité générale de cours communs à tous où se retrouveraient les fondamentaux : français, histoire-géographie, langues vivantes, etc. Et un point particulier. Aux mathématiques serait couplé l’informatique. La discipline deviendrait donc obligatoire en seconde et première.
La deuxième unité permettrait au lycée de choisir des enseignements complémentaires selon ses envies, ses objectifs. Il pourrait ainsi avoir des cours d’informatiques supplémentaires et pourquoi pas les coupler avec d’autres disciplines comme les maths, les SES ou la littérature. La dernière unité d’enseignement se focalise sur l’accompagnement du lycéen. « Pour que cette partie spécifique de l'organisation du lycée puisse trouver sa place et son sens » le rapport préconise, entre autres, « l'appui sur les ressources numériques pour améliorer l'information des lycéens (Mooc, sites publics et associatifs dédiés) et pour répondre au problème de la distance entre certains établissements et les métropoles universitaires (visioconférence, Skype...), l'accompagnement généralisé des élèves à la préparation du dossier Parcoursup ». Et pour le Grand oral prévu pour le Bac, les lycéens devraient pouvoir être autorisés à s’appuyer sur des ressources numériques dans leur présentation.
Formation pour les lycéens... mais aussi pour le personnel du lycée
Plus généralement, le rapport recommande de démocratiser l’usage des outils informatiques comme instrument pédagogique. Par exemple, comme outil de certification dans les cours de langues vivantes. Le chargé de mission du gouvernement insiste sur la nécessité que tous les lycées apprennent les rudiments du développement informatique, « en ne se focalisant bien sûr pas uniquement sur ceux que l'informatique intéresse ». Et pour Pierre Mathiot, il est « il est crucial que le lycée lui-même (et à travers lui le ministère de l'Éducation nationale) franchisse aussi le cap et s'appuie sur le numérique comme une source d'amélioration du travail. La formation des personnels est essentielle car il faut constater parfois que les équipements existent mais ne sont pas utilisés par les enseignants ou les personnels administratifs, faute de formation adéquate. »
Le rapport note bien la complexité de ce « véritable changement de paradigme ». Il va être nécessaire de créer un enseignement de l’informatique, inexistant aujourd’hui dans la majorité du secondaire. Une agrégation d’informatique « et/ou développer la certification de professeurs déjà recrutés » serait donc à mettre en place. Pour certains établissements, des moyens matériels et de formation du personnel devront être débloqués. Les pistes ont donc été tracées, reste au ministre de les suivre ou non. En espérant que cette réforme ne termine pas comme la dernière en date de 2005…
Commentaire