LMI. Comment Lenovo répond aux enjeux du digital workspace ?
Thomas Butler. Si vous regardez l'activité commerciale pour les PC, on concentre notre stratégie sur 3 domaines clés : choix des terminaux, espace de travail connecté et meilleur business. On continue à se focaliser sur les terminaux avec un succès en termes de parts de marché et de la croissance de revenus. Selon IDC, on est en amélioration significative, autour des 31-35% selon les trimestres sur les PC avec un tiers de terminaux composé de portables ThinkPad. Ensuite on développe les stations de travail : il y a 2-3 ans, nous n'étions pas un acteur fort sur ce marché, nous nous sommes concentrés sur les investissements, les équipes et l'organisation et nous culminons à 21% de PDM.
Comment se différencier ?
Nous travaillons de façon très étroite avec l'écosystème, comme Nvidia avec les GPU et de la co-ingénierie produits. Cette année, nous avons lancé la plus puissante station de travail 15 pouces, nous avons été les premiers à la mettre dans un châssis, avec des workloads IA animés par Nvidia DGX. La plupart des développements de plateformes sont tournés sur un reference design pour les produits ThinkPad, stations de travail et mobiles... Concernant les smartphones, on a ajouté la marque Moto dans notre portfolio à notre portefeuille PC, au sein de l'Intelligence Devices Group et dont le modèle RAZR va supporter les innovations.
Calcul, terminaux, notebooks, stations de travail... La puissance doit elle être dans les terminaux ou déporté dans l'Edge ?
Les deux, c'est une question facile. Vous avez toujours des clients qui ont besoin de puissance, de productivité et qui ne peuvent pas faire reposer la connectivité sur des instances cloud privées ou public. Mais chez Lenovo nous avons l'avantage d'être Edge to cloud avec les capacités de la division Datacenter Group. Notre stratégie repose sur l'Edge et l'IoT. Avec un grand nombre de terminaux qui collectent et génèrent des données, on a besoin de puissance cloud pour collecter des informations, prendre une décision... Cela passe par plus de capteurs, caméras, terminaux... Les mettre dans un large pool de données, c'est notre stratégie. On a lancé des postes de travail, des stations de travail et serveurs edge standardisés donnant la puissance dont on a besoin pour fournir de la performance à l'edge, fournir de l'analytique de données et de la sécurité pour l'infrastructure de nos clients.
Les innovations versus la concurrence : où vous situez-vous ?
On continue d'investir dans des innovations avec le PC pliable ThinkPad X1 que l'on a révélé les premiers, plus tôt dans l'année. Ce terminal va débloquer des cas d'usage qui n'existent pas sur le marché. Sur les innovations desktop, il y a Think Nano de la taille d'une station d'accueil avec des capacités de calcul et Nano IoT un matériel taillé pour l'edge, qui résiste à des environnements extrêmes, lancé en juillet-août. L'adoption est assez rapide. D'un point de vue rétrospectif on a lancé il y a 7 ans des stations de travail petites mais l'adoption cette fois est encore plus importante. Nous voyons de plus en plus les clients qui se détachent des traditionnelles tours PC dans des environnements de bureau qui deviennent ouverts avec plus d'interaction... Ils regardent la façon dont ils pourraient mieux collaborer et gagner de l’espace de travail. J'ai eu cette discussion avec des clients qui se demandent comment la vidéo conférence peut améliorer l'engagement. C'est pour cela que l'on développe des outils de collaboration pour faciliter les conférences call, les smart calls...
Slack, Microsoft avec Teams... pour vous ce sont des partenaires ou des co-opétiteurs ?
Nous développons notre plateforme qui fonctionne avec Teams et Zoom, bientôt Google Apps. Lenovo est agnostique et n'a pas d'ambition à créer une suite collaborative en tant que telle. Nous répondons aux besoins collaboratifs et nos outils fonctionnent dessus.
Comment répondez-vous aux offres collaboratives de téléprésence ?
Des acteurs comme Cisco, Tandberg... Ce sont des solutions extrêmement robustes mais qui nécessitent des pièces dédiées et sont chères. On se concentre sur ce qui se passe chez les clients. Ils ont des petites salles, avec des équipes de 4-5 personnes qui collaborent. On place au centre de la table le dispositif pour rejoindre des réunions. On est partenaire avec Logitech. Montrer rapidement des vidéos, partager des contenus... c'est une évolution rapide de l'environnement de travail.
Comment voyez vous le futur du digital workplace ?
Comme une prochaine étape. Lenovo est au milieu du gué pour plus de collaboration sur des environnements ouverts. Nous optimisons les plateformes avec des terminaux dont les micros sont directionnels pour répondre au contexte d'environnements bruyants. Ce que l'on veut c'est créer des moyens rapides pour rejoindre des discussions et collaborer. Historiquement on va au bureau, on travaille, on s'en va. La différence avec BYOD ? Ce que l'on a trouvé c'est que ce qui existe avec le mobile n'est pas forcément pertinent avec le PC, le plus important étant de garder le contrôle sur la sécurité. Si on ne contrôle pas les mises à jour, la gestion des plateformes, on s'ouvre aux menaces, fuites internes pertes de mot de passe, connexions à un mauvais WiFi, regards par-dessus l'épaule dans un café...
L'architecture zero trust est-elle la base de la sécurité du digital workplace ?
On a Think Shield qui repose sur 4 clés : données, identité, online et terminaux. Des mesures de sécurité permettent de protéger les terminaux quand on se connecte : authentification à double facteur, empreinte, la camera - qui ne nécessite pas d'enlever ses vêtements, ses lunettes... le cache intégré de webcam. On travaille avec Intel, Microsoft, sur une supply chain fiable : on peut prendre une photo et l'envoyer pour voir s'il y a un problème. Nous avons également investi dans un autre logiciel afin de tracer les connexions WiFi. Ainsi il n'y a pas d'émulation possible des points d'accès : nous identifions les éventuels problèmes et prévenons l'utilisateur. ePrivacy est une solution pouvant dynamiquement fermer un site web. Nous pouvons aussi envoyer une alerte pour indiquer que quelqu'un regarde par-dessus votre épaule. Le BYOD n'a jamais décollé car nous n’avons jamais pu travailler en sécurité.
Quelles ressources mobilisez-vous dans ce business ?
Nous avons des investissements incrémentaux forts et des architectes solutions dédiés pour les stations de travail, l’environnement de travail, avec des services dédiés pour offrir un support premium. Mais aussi du device as a service avec des systèmes préparamétrés et nos marques ThinkSmart, ThinkIoT, et ThinkReality avec un premier casque qui vise les professionnels et des sociétés comme Airbus chez qui on est en POC. On se concentre sur des applications car dans la VR on n'est pas capable de voir le vrai rendu. Il faut des applications avec beaucoup plus de valeur dans l'AR. Notre casque est léger car la batterie et la puissance sont déportées dans un boitier. Sa sortie est prévue courant 2020. En termes de revenus par géographie, on est réparti 25% par région, avec une grosse présence en Chine, Amérique du Nord, EMEA. D'un point de vue global et macro, les régions s'équilibrent entre elles ce qui évite des dépendances d'un marché par rapport à l'autre.
Quand vous rencontrez les clients : de quoi parlez vous ? Qu'est-ce qui est compte pour eux ?
Nous voyageons autour du monde afin de comprendre ce que les clients désirent comme produits. Nous prenons en compte leur avis. Les milléniums et la gen Z veulent différentes choses : du design alu versus carbone magnésium. On prend beaucoup de temps dans la sécurité, la migration et le déploiement de terminaux Windows 7 vers 10. Nous répondons aux besoins d'une IT moderne, avec des équipes services centrées sur le déploiement zero touch et le DaaS. Cela n'est pas seulement charger des images mais proposer des apps et services pour chaque utilisateur et générer un gain de temps et d'implémentation massif. Les DSI font face à des projets stratégiques et ils ont besoin de temps sans avoir plus de ressources.
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