Alors que le marché traditionnel PC - portables et fixes - a mangé son pain noir pendant les dernières années écoulées, cela n'a pas été le cas pour celui des ultraportables. Depuis l'entrée sur le marché des ordinateurs portables ultrafin en 2008 avec son Macbook Air, Apple a ouvert la voie et les constructeurs de PC qui lui ont emboité le pas en lançant leurs modèles sous Windows n'ont pas cessé de grignoter des parts de marché. Après avoir selon le Gartner dépassé les 64 millions d'unités écoulées puis frôlé les 70 millions en 2019, le segment des ultraportables (ultramobiles premium selon le cabinet d'études) va toutefois connaitre un ralentissement forcé en 2020, la crise du Covid-19 étant passée par là. Pour autant, il devrait plutôt bien résister par rapport à d'autres (PC traditionnels, smartphones...). 

L'engouement autour des ultraportables, en particulier auprès des entreprises (commerciaux, dirigeants...) s'explique à la fois par leur poids - autour d'1,5 kg la plupart du temps voire en-dessous parfois -, la qualité de conception et d'assemblage, et bien évidemment leu encombrement réduit avec des châssis autant que des écrans remarquables par leur finesse dont la taille est comprise essentiellement entre 13 et 14 pouces. Sur ce marché, les forces en présence sont nombreuses, spécifiquement sur celui des modèles Windows, le MacBook Air d'appel étant le seul représentant bien sûr tournant sur MacOS. Parmi les compétiteurs et forces en présence, on retrouve en particulier Dell (Lattitude), HP (Elitebook) ou encore Lenovo (Thinkpad), sans oublier d'autres comme Huawei (MateBook X Pro) ou encore Microsoft (Surface Laptop 3) mais plutôt sur le haut de gamme grand public. Cette année, un nouvel entrant arrive sur le segment pro et compte bien séduire les entreprises par des caractéristiques tout feu tout flamme : il s'agit d'Asus qui dégaine un ExpertBook qui a pu tomber dans les mains de la rédaction pour un test.

Zoom sur les caractéristiques techniques

Le modèle d'ExpertBook qu'Asus a prêté à la rédaction pour ce test est le B9450F doté d'un écran Full HD (1920X1080) de 14 pouces en 16:9. L'angle de vision atteint 178 degrés sachant que la dalle traitée antireflet affiche une luminosité maximales de 300 nits. La finesse du cadre (4mm) permet à ce terminal d'afficher un ration écran/appareil de 94%. Embarquant un processeur Intel Core i7-10510 (4 cœurs cadencés à 1,8 GHz avec Turbo Boost jusqu'à 4,9 GHz et 8 Mo en cache) et une carte graphique intégrée Intel UHD 620, le modèle testé est doté de 1To de SSD (Dual M.2 NVMe PCIe 3.0 x4). 16 Go de RAM sont proposés et côté réseaux, le Wi-Fi 6 (802.11ax) est de la partie ainsi que le Bluetooth 5.0. Concernant la connectique, on retrouve 2 ports Thunderbolt 3 USB-C, 1 port USB 3.1 Gen 2 Type-A, 1 port HDMI ainsi qu'un port RJ45 qu'on ne retrouve pas toujours sur les ultraportables. 1 prise jack audio est aussi présente. La batterie intégrée est de 33W (2 cellules) pour ce modèle.

Côté sécurité, Asus a mis les petits plats dans les grands, mais on n'en attend pas moins pour un ultraportable ciblant les entreprises, à savoir la présence d'une puce de sécurité TPM 2.0, un lecteur d'empreintes digitales - bien placé sur le clavier -, le support de Windows Hello avec reconnaissance faciale ainsi qu'une encoche de sécurité Kensington sans oublier la suite Business Manager Secure Guard. Plusieurs fonctions intéressantes sont présentes comme device lock et system restriction permettant à l'administrateur de contrôler l'accès aux données et aux paramètres du système. Secure Storage avec secure drive, une partition virtuelle chiffrée sur le lecteur local pour sauvegarder les données importantes. Mais aussi System backtrack pour créer un point de restauration système (mais Windows en propose un aussi).

Asus

La présence d'un port HDMI permet de déporter l'affichage de l'ExpertBook sur un écran plus grand ou de basculer en mode deux écrans. (crédit : D.F.)

Une première et bonne impression

Si l'ultraportable d'Asus ExpertBook B9 est un poids-plume (900 grammes), côté prix c'est un poids-lourd. Comptez en effet un peu moins de 1 700 €HT pour profiter de ce - très - bon et performant ordinateur ultraportable. Du côté de la concurrence, il faudra compter pour des configurations comparables 1 619 €HT pour Dell (Lattitude 7310) mais avec seulement 512 Go de SSD, 1 496 €HT pour HP (Elitebook 850 G7) toujours avec 512 Go de SSD ou encore 1 639 €HT pour Lenovo (Thinkpad T14s Gen 1) dans une configuration très approchante. Au niveau de l'écran, on apprécie les réels efforts d'Asus pour un presque bord à bord sur les côtés droit et gauche bien que sur les côtés inférieur et supérieur soient un peu plus épais sans pour autant constituer un problème. Mais l'impression générale demeure bel et bien d'être en face d'un ultraportable haut de gamme et moderne dont le ratio écran/châssis très bon atteint 94%.

La navigation web est fluide pas de souci d'ouverture en cas d'onglets multiples, tout comme le multi-tâches (bureautique, vidéo...) qui permet une très bonne expérience utilisateur. Si le poids est vraiment un atout clé de ce portable en termes d'usage au quotidien, il pose question notamment sur les choix qu'à du faire Asus pour atteindre ce niveau de légèreté en termes de matériaux utilisés, en particulier pour le châssis et la batterie, deux éléments qui plombent généralement la balance. Au-delà de la prouesse et de l'innovation, il serait donc intéressant de suivre le cycle de vie dans le temps en termes de robustesse et de résistance aux aléas de la vie du (télé)travailleur comme une chute ou des chocs mais également de la durée de vie de la batterie en espérant que les cellules et l'architecture choisies par Asus qui permet de gagner la bataille de la légèreté ne finisse pas par lui faire perdre celle de l'autonomie. 

Au niveau graphisme, il ne faut cependant pas s'attendre, comme bon nombre ultraportables du marché, à quelque chose de très folichon aussi bien en termes de frame rate que de rendu avec des pixels qui ressortent sur un jeu comme Forza Sport faisant revenir une bonne dizaine d'années - voire plus - en arrière en termes de rendu graphique.

Asus

L'Asus ExpertBook n'excelle définitivement pas pour la puissance de calcul, aussi n'espérez pas faire tourner des applications trop gourmandes en ressources 2D/3D. (crédit : D.F.)

Hello Windows tu me vois bien ?

Une fois l'écran replié la mise en veille de l'ExpertBook est instantanée. On rouvre le portable, la connexion Windows Hello nous reconnait et l'on retrouve immédiatement toutes ses applications et si on regardait par exemple une vidéo, la reprise en lecture est instantanée. C'est très agréable et un grand confort encore une fois en termes d'expérience utilisateur. On apprécie le temps d'allumage court et l'extinction en une poignée de secondes qui est agréable quand on arrive en retard à une réunion et que l'on doit commencer à prendre des notes ou ouvrir une présentation. Si l'on doit partir rapidement et reprendre dans la foulée son travail part exemple parce qu'on doit libérer une pièce où une réunion doit se tenir, pour aller retravailler dans un autre endroit, on bien sortir du train et reprendre là ou on en était au bureau, cet ExpertBook rempli à 100% sa tache.

La reconnaissance Windows Hello en environnement très lumineux n'a cependant pas été capable de reconnaître le visage, ce dernier ayant été enregistré dans une pièce à l'abri du soleil. Coté authentification, au-delà de Windows hello qui peut se montrer capricieux, le lecteur d'empreintes digitales lui s'avère aussi rapide qu'efficace et n'a, lors de cette prise en mains sur quelques jours, quasiment jamais failli à la tâche. Il est effectivement arrivé que le doigt ne soit pas reconnu, obligeant à entrer le code PIN. Ce qui peut être acceptable sur un terminal entrée ou moyen de gamme l'est beaucoup moins sur un haut de gamme tel que cet ExpertBook. A l'usage, on peut rapidement avoir une préférence pour l'authentification via l'empreinte digitale, plus fiable et rapide, que la reconnaissance de visage certes très sympathique mais malgré encore quelque peu capricieuse. A noter, la présence d'un minuscule bouton physique pour désactiver la caméra malheureusement situé juste à côté de cette-dernière qui ne facilite pas son activation et risque bien de laisser des traces sur le capteur photo. On regrette à ce titre que Asus n'ait pas suivi par exemple HP avec son Spectre qui propose la même fonction mais a déporté ce bouton sur la tranche et propose en sus la possibilité d'éteindre de la même façon le micro ce que ne propose pas le constructeur taïwanais.

Asus

Sans aller jusqu'à permettre de se plier en chapiteau, l'ExpertBook peut être déposé à plat dans toute sa longueur mais on réfléchit encore à un véritable usage pertinent dans cette position. (crédit : D.F.)

Le système antireflet embarqué dans cet ExpertBook à l'écran mat fonctionne plutôt bien en limitant les réverbérations, mais on aurait apprécié de pouvoir pousser un peu plus la luminosité pour un confort maximal. Le palier des 300 nits pourrait donc être rehaussé pour répondre à ce besoin. Dans un contexte plein soleil - on pense aux chantiers en extérieur, commerciaux itinérants...) c'est un peu compliqué de travailler, mais avec quelques nuages c'est tout à fait acceptable, sauf avec le soleil de face, et attention aux coups de soleil !

Confort de frappe correct et numpad numérique malin

Côté clavier, le confort de frappe est agréable mais un peu dur au toucher par rapport à un HP Spectre par exemple, mais rien de rédhibitoire toutefois sachant que ce ressenti reste de toute façon très personnel. On regrette en revanche les touches retour arrière de frappe et saut de ligne pas très bien agencés et d'une trop petite surface là ou la touche shift droite parait a contrario surdimensionnée. Petit grief supplémentaire : les touches de sélection haut-bas-gauche-droite très resserrées et si petites qu'on se demande pourquoi Asus a fait ce choix. 

Asus

Le numpad de l'Asus ExpertBook, numérique, est inséré dans le trackpad et ne vient aucunement perturber son usage même lorsqu'il est activé. (crédit : D.F.)

Avec les ultraportables, difficile voire impossible sur les modèles de taille d'écran 14 pouces de mettre à disposition de l'utilisateur un numpad. Très pratique pour certains, futile pour d'autres, il n'empêche que ne pas avoir tout le temps à appuyer sur shift et rentrer des chiffres dont l'accessibilité en rang d'oignon en haut de clavier n'a rien de très pratique pour un humain, constitue un plus. Sans avoir fait le choix de tenter d'insérer un numpad physique, bien qu'il y ait de la place perdue au niveau des contours droit et gauche du clavier, Asus a fait un choix très judicieux. Sans aller jusqu'à proposer un double écran - d'un intérêt somme toute discutable compte tenu du peu d'applications conçues pour vraiment en profiter de façon utile - le constructeur taïwanais a fait le choix d'une activation des touches de chiffres dans le trackpad. Pas de souci, on peut bien utiliser ce dernier en mode souris sans que des chiffres s'affichent à l'écran : il faut « vraiment » appuyer dessus pour les enclencher. 2 niveaux de luminosité sont possibles ce qui se révèle, une fois encore, bien pratique en environnement extérieur. Son activation se fait très simplement via une pression d'icône dans le coin supérieur droit du trackpad, une autre icone opposée étant celle de la luminosité. On ne comprend pas en revanche trop pourquoi le retroéclairage des touches est tout le temps allumé. Il aurait été judicieux de pouvoir le contrôler facilement depuis le track pad via une icone supplémentaire.

Asus

En environnement extérieur avec le soleil dans le dos l'Asus ExpertBook permet tout de même aux contenus d'être lisibles en jouant sur l'inclinaison. (crédit : D.F.)

Si la possibilité de positionner l'écran en position couchée en condition de travail classique parait anodine, lors d'un travail en plein air où l'on se bat un peu avec les reflets, cela facilite la recherche du meilleur angle d'inclinaison possible pour continuer à travailler dans de bonnes conditions.

Asus

La dalle 4K de l'Asus ExpertBook est de grande qualité permettant d'afficher de façon très fluide des vidéos haute résolution, visibles même en plein soleil. (crédit : D.F.)

Le son qui s’échappe des hauts parleurs Harman / Kardon est clair et limpide. Peut être un peu trop, manque de profondeur par défaut et on regrette aussi le choix d'Asus d'avoir positionné son haut parleur sous le portable qui est un choix des plus discutables. A noter par ailleurs que le revêtement marque assez facilement avec des traces de poussière ou de très légers frottements (sortie de hausse, sacoche de portable...). Au-delà de ces considérations, le revêtement non glissant et mate dans une robe joliment parsemée de petits éclats bleutés et violacés s'avère agréable et apparaît de bonne facture.

Au bout de deux heures d'utilisation, on a par ailleurs constaté une chauffe qui parait excessive dans la partie haute du terminal en plus de celle naturelle sous l'appareil. Et ce, alors que l'usage n'était pas intensif, à savoir de la simple navigation web multi-onglets avec WiFi et VPN activé. Un défaut à corriger pour une prochaine mouture ? Côté autonomie, on reste un peu sur sa faim. Après 30 minutes de test (bureautique et web) l'indicateur de batterie indique 4h19... avant de remonter après redémarrage à 8h01. Si on peut espérer tenir une journée de travail par jour sans recharger en mode « 35h » , en lecture vidéo il ne faudra guère compter dépasser les 4h30. Attention donc si on panache vidéo et usage classique, au risque de devoir poser une demi-journée de RTT si on ne se trouve pas à proximité d'une prise...