Le 2 décembre 2021, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a examiné une note scientifique (portant le numéro 28) sur « Les outils de visioconférence : risques et opportunités » signée par le sénateur Ronan Le Gleut (groupe Les Républicains). La vidéoconférence est le symbole de la bascule au télétravail, bascule massive et réalisée dans l'urgence à l'occasion des récents confinements liés à la crise sanitaire Covid-19. Cette note vise à tirer un bilan de la situation en vue d'éclairer le législateur. Si les outils sont bien disponibles et efficaces, leur emploi pose en effet bien des questions voire de réels problèmes.
Le sénateur Ronan Le Gleut relève l'impact environnemental négligeable de la vidéoconférence et même son bilan carbone très positif dans le sens où elle évite des déplacements. De même, un autre frein est battu en brèche : « contrairement à une idée largement répandue au début de la crise, ni la visioconférence, ni le télétravail, ne semblent diminuer la productivité, bien au contraire. » Beaucoup d'avantages indéniables, donc, qui ne peuvent pas faire oublier des dangers et des inconvénients.
Des inconvénients à ne pas négliger
Le premier soucis relevé est, encore une fois, la domination des solutions d'acteurs multinationaux d'origine américaine : Zoom, Microsoft Teams, Google Meet... Des acteurs alternatifs se font parfois une petite place en misant sur des aspects de sécurité et de confidentialité (notamment la solution libre Jitsi). Mais la disponibilité, le faible coût et la qualité de service d'un Zoom ou équivalent restent inégalés. « Les outils actuellement disponibles n'offrent pas de garanties suffisantes en matière de sécurité, de respect de la vie privée et de souveraineté » dénonce la note. Cependant, dans l'immense majorité des cas, un véritable chiffrement de bout-en-bout semble totalement inutile.
Par contre, ce symbole du télétravail concentre les inconvénients associés à cette pratique aujourd'hui généralisée. Les interactions informelles, le langage non-verbal, la mobilité physique (y compris dans sa capacité à améliorer la réflexion), etc. sont ainsi les victimes de ces pratiques. Les utilisateurs se retrouvent en situation de stress, avec des préoccupations d'image personnelle délivrée et de mauvaise appréhension des intentions sous-jacentes des locuteurs (perception abusive d'agressivité...). De nouvelles approches comme la réalité virtuelle (rencontres en metavers) peuvent être présentées comme des solutions mais qui restent à éprouver. Pour le sénateur auteur de la note, ces inconvénients peuvent être en partie (voire en grande partie) atténués par une bonne doctrine d'emploi des outils, par exemple en limitant le nombre et la durée des sessions. Le pire est bien de transposer dans la virtualité les modalités du travail présentiel, l'urgence liée à la crise sanitaire l'ayant malheureusement souvent entraîné.
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