Quelle politique de financement l’Etat va-t-il mener demain pour les entreprises du numérique qui se tiennent au 1er rang des secteurs affichant une croissance régulière en France, attestée par les bilans périodiques des professionnels du domaine ? Et va-t-il enfin sanctuariser les mesures qui se révèlent les plus efficaces ? S'il est reconnu que les phases d'amorçage des start-ups françaises sont relativement bien accompagnées, les phases de développement restent délicates et insuffisamment financées. Tech In France, qui représente les éditeurs de logiciels dans l’Hexagone, revient sur les défauts de la chaîne de financement des entreprises innovantes qui se situent « notamment au niveau du capital-investissement », rappelle l'association dans son document Disrupt 2017.
Pour y remédier, elle suggère principalement trois pistes : favoriser l’investissement des particuliers dans les PME innovantes à travers les FCPI (fonds commun de placement dans l'innovation) en élargissant le champ des incitations fiscales, orienter l’épargne existante vers ces PME et développer le « corporate venture », c’est-à-dire les investissements réalisés dans des entreprises privées par des groupes industriels. Outre le manque de « consolidateurs industriels », Tech In France regrette aussi l’absence d’une place de marché européenne.
Il faut des fonds importants pour faire croître une start-up tech
Pour l'association, si la chaîne de financement de l’entrepreneuriat technologique n’est pas renforcée en France, les emplois créés sur le territoire par ces acteurs (près de 7 300 en 2016 selon le baromètre Tech In France, 10 800 anticipés pour 2017) ne pourront pas se pérenniser et les créateurs d’entreprises innovantes continueront de migrer avec leurs projets dans d’autres pays plus aptes à accompagner leur développement, pointe l’organisation professionnelle présidée depuis juin par Bertrand Diard, co-fondateur de Talend. La croissance d’une start-up technologique qui vise une expansion à l’international « requiert des appels de fonds réguliers et importants », rappelle Tech In France.
Or, la fiscalité française reste complexe et peu incitative au risque, de l’avis des principaux intéressés qui insistent depuis plusieurs années sur ces points. A chaque automne, lors des discussions autour de la loi du projet de loi de finances, ces questions sont soulevées. En 2012, par exemple, certaines dispositions avaient déclenché le mouvement de protestation des « pigeons du web ». Plus généralement, les entreprises déplorent que les dispositions fiscales soient périodiquement modifiées, source d’instabilité pour elles.
Alors que les prétendants à la Présidence de la République s’activent de toutes parts, Tech In France estime que « trop d’obstacles se dressent sur la route des nombreuses start-ups françaises » qui veulent passer à la dimension supérieure. En dépit « de progrès significatifs, le point faible de l’écosystème français reste celui du financement », insiste l’association en rappelant qu’il n’y a en France que deux licornes au sens strict, Blablacar et OVH, deux entreprises cotées au Nasdaq, Criteo et Talend, et, toujours, un seul éditeur de logiciels dans le Top 20 mondial, Dassault Systèmes.
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