« Apprendre en faisant, n’est-ce pas la seule option viable aujourd’hui ? » Pour Alexandre Pachulski, directeur produit de Talentsoft, l’un des enjeux RH de 2018, c’est de donner les moyens nécessaires pour que chaque collaborateur puisse développer ses compétences au fil de l’eau avec la formation. Le cofondateur de la plateforme cloud de gestion des talents est intervenu cette semaine dans le cadre du Lab RH, à Paris, pour décrire les évolutions à maîtriser en matière de recrutement, d’aspiration des collaborateurs, de leadership et d’innovation RH. Sur le recrutement, les entreprises devront capitaliser sur la relation engagée avec les candidats, en s’appuyant sur un CRM devenu ici « candidate relationship management » et en se concentrant sur les envies et ambitions des postulants, assure Alexandre Pachulski. Du côté DRH, les enjeux consisteront à proposer du sur-mesure, à personnaliser l’organisation du cadre de travail et à élaborer des expériences intégrées à forte valeur ajoutée. Sur le plan du management, le directeur des produits de Talentsoft décrit l’émergence d’un leadership partagé qui s’appuiera sur un ensemble d’expertises variées et diverses.
Toutes ces tendances vont tirer profit de la convergence entre plusieurs technologies, cloud, mobilité, intelligence artificielle, logiciels collaboratifs, réseaux sociaux, etc. L’utilisation du smartphone et des MooC, conjuguée à d’autres outils, permettent maintenant de se former plus vite et d’être mis en contact avec d’autres collaborateurs détenteurs des connaissances recherchées. « C’est possible aujourd’hui d’apprendre et de transmettre rapidement », souligne Alexandre Pachulski qui voit se développer, dans le monde de l’entreprise et des RH, la notion d’assistants personnels accessibles sur le smartphone. Ces assistants vont recourir à des agents logiciels pour pousser aux collaborateurs des recommandations personnalisées au fil de leur parcours professionnel et répondre aux questions qu’ils se posent.
Des requêtes simplifiées, du push de recommandations
Une application mobile est en préparation chez Talentsoft. A travers un agent, elle permettra de communiquer avec le SIRH (système d’information de gestion des ressources humaines) de Talentsoft. Un SIRH « qui s’est suffisamment ouvert pour penser en termes de plateforme » sur laquelle des solutions externes peuvent se connecter afin d’offrir un ensemble de services à ses utilisateurs. « Notre enjeu est d’offrir tous les services sur une plateforme avec un seul login/mot de passe », rappelle le cofondateur de l'éditeur français. Parallèlement à son application mobile ayant vocation à jouer un rôle d’assistant personnel pour les collaborateurs, Talentsoft prépare la possibilité de constituer des « bourses aux missions », ainsi que nous l’a décrit Alexandre Pachulski. L’objectif est de permettre aux entreprises de communiquer sur des missions ponctuelles sur lesquelles des collaborateurs pourront choisir de s’engager pour quelques semaines ou quelques mois, avec une autre équipe que la leur. Il s’agirait en quelque sorte d’une marketplace de l’emploi interne. Cette capacité à personnaliser l’organisation du cadre de travail et du parcours est l’une des évolutions 2018 décrites par Talentsoft.
A travers son app, une conversation continue pourra s’engager entre les collaborateurs et leur management. L’entretien annuel d’évaluation, s’il est important, ne constitue que la face émergée de l’iceberg, rappelle de son côté David Guillocheau, directeur des programmes stratégiques chez Talentsoft. Le reste du temps, les collaborateurs ont peu d’occasion de se connecter au SIRH. « L’un des enjeux est d’offrir davantage de possibilités consommables par l’utilisateur. Les technologies existent mais elles sont réservées à un profil un peu avancé, c’est le dernier kilomètre qui est le plus difficile », expose David Guillocheau qui précise que Talentsoft a consacré une équipe dédiée à l’app qui sera dévoilée lors du prochain Club Talentsoft, la conférence des utilisateurs européens de l’éditeur français, qui se tiendra les 12 et 13 juin prochains à Amsterdam. Des détails seront présentés sur la simplification des interfaces et la convergence de technologies permettant des interactions simples. Cela permettra « d’être alerté de façon intelligente, par exemple en période d’évaluation, avec des informations priorisées et des filtres pour éviter l’obésité en termes d’informations », nous a indiqué David Guillocheau.
L’utilisateur pourra également faire des requêtes de manière simple à travers un chatbot, par texte ou à la voix, et trouver l’information dont il a besoin sans savoir où la chercher, sans avoir besoin d’indiquer des critères compliqués sur un moteur de recherche. « Ce qui nous paraît important, ce n’est pas tant le chatboting, nous travaillons avec des partenaires et il y a un écosystème de chatbots pour les candidats notamment », nous a précisé le responsable des programmes stratégiques. Dans ce projet, l’objectif est de devenir « le compagnon, pas seulement sur un événement, mais sur l’ensemble de la carrière d’une personne et des étapes de son parcours dans l’entreprise », nous a indiqué David Guillocheau. « Le chatboting, c’est du pull, alors que notre agent, c’est aussi du push intelligent sans que l’utilisateur le déclenche. Nous sommes moins dans la réponse réactive du chatbot que dans la recommandation, par exemple pour suggérer une formation, ou avoir un feedback sur une compétence, obtenir des informations sans les chercher en évitant d’être noyé. Nous allons pousser des recommandations et des insights ».
Des mécanismes de publication pour les missions
L’un des rôles de l’application mobile sera de répondre à des cas d’usage, pour des populations de plus en plus nomades, avec des cas très différents, nous a décrit David Guillocheau. « Ce peut être, pour un manager qui va rencontrer des collaborateurs en visitant un bureau, d’avoir des informations avec l’entretien ». Le fait de pouvoir interagir avec la plateforme RH via une app mobile, par exemple pour acter de façon instantanée que l’on est intéressé par une mission, ou encore fournir un feed-back immédiat, cela peut contribuer à fluidifier une partie très peu formalisée du SIRH, mais qui constitue une mine d’or, explique David Guillocheau. Dans un contexte agile, « nous sommes sur des définitions d’objectifs de plus en plus courts, qui mobilisent les collaborateurs sur des sprints ».
Les bourses aux missions peuvent s’inscrire dans la relation manager/managé. Comme pour toute place de marché, il faut qu’il y ait une publication sur l’offre avec une description de la mission. « Il y aura des mécanismes de publication et de diffusion, et l’agent de l’app mobile pourra les détecter ». Bien sûr, la mise en place de ce type de fonctionnalités « demande une maturité et de l’accompagnement », reconnait David Guillocheau. « Et c’est là que les RH ont un rôle important ». Les versions bêtas de l’app et des fonctionnalités de marketplace de l’emploi pourraient être accessibles avant le prochain Club Talentsoft de juin prochain. L’app devrait être livrée juste après cette date.
Très belle interview.
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