En direct d'Amsterdam - Talentsoft est un « pure player de l’expérience employé », a souligné son PDG Jean-Stéphane Arcis, hier à Amsterdam en ouvrant la conférence utilisateurs Club Talentsoft. Sa plateforme cloud de gestion des ressources humaines gagne 100 à 200 clients tous les trimestres et l’éditeur français a dépassé les 1 800 clients sur 130 pays, avec une progression de 30% de ses ventes sur les 12 derniers mois (70 M€ visés en 2018, autour de 90 M€ en 2019). « L’année prochaine, nous serons la 1ère entreprise SaaS en Europe », projette son PDG en évoquant le trophée de la Future Licorne attribué à sa société par Euronext/Roland Berger/EM-Lyon dans cette catégorie en mars. « Etre un pure player, cela permet de mettre en œuvre rapidement, de faire du quick win RH », nous a indiqué Jean-Stéphane Arcis lors d’un entretien. « Nous nous concentrons sur l’expérience candidat, l’expérience collaborateur, la gestion intégrée des talents et le hub d’administration des données employés pour être les meilleurs en Europe et il existe beaucoup d’opportunités d’innovations », explique-t-il. Par rapport aux concurrents dont l’offre n’est pas uniquement axée sur les ressources humaines, « cela nous permet de développer une qualité de conversation de long terme avec nos clients ».
Ce dialogue, engagé depuis l’origine avec ses utilisateurs pour faire évoluer sa suite RH dans le cloud, l’éditeur la fait maintenant passer à la vitesse supérieure en ouvrant la Communauté Talentsoft. Basée sur la technologie Community de Salesforce, celle-ci va permettre aux utilisateurs d’échanger en ligne leurs bonnes pratiques en RH, de suggérer des idées de développement pour l’offre et de voter pour établir les priorités d’évolution de Talentsoft. « C’est un potentiel incroyable quand on a 2 000 clients », pointe Jean-Stéphane Arcis. Parmi les groupes français qu’il accompagne à l’international dans son cloud RH, Talentsoft compte par exemple Safran, Clarins, Crédit Agricole, EDF Framatome ou PSA, et en Europe, l’Allemand DB Schenker ou l’Italien Maxmara, notamment.
iPaaS et évaluation continue des collaborateurs
Sur la conférence Club Talentsoft, Jean-Stéphane Arcis a par ailleurs annoncé l’ouverture de sa plateforme RH aux développements partenaires à travers un PaaS d’intégration d’ores et déjà disponible. Ce dernier permet aux éditeurs tiers de développer des widgets apparaissant sur l’interface MyTalentsoft, depuis lesquels les utilisateurs pourront accéder à d’autres applications. A Amsterdam, l’éditeur Bodet Software, spécialiste de la gestion des temps, présentait déjà un 1er widget affichant le décompte des temps de présence du collaborateur. Dans cet iPaaS, Talentsoft met à disposition un SDK, basé sur Visual Studio et intégrant JavaScript, des fonctions d’authentification (OpenID) et de SSO ainsi qu’un jeu d’API pour unifier l’expérience utilisateur, nous a par la suite détaillé Joël Bentolila, directeur technique de Talensoft. « Dans ce portail développeur, nous proposons aussi de la documentation et un environnement bac à sable pour les tests ». La gestion des API repose sur Apigee et la technologie de messaging sur Kafka.
« La data sur les employés est devenue tellement stratégique qu'il y a maintenant des DSIRH », nous a confié hier le CTO Joël Bentolila, sur la conférence Club Talentsoft 2018 à Amsterdam, avant d'animer une session sur les intégrations entre applications et SIRH. (Crédit : LMI/MG).
D’un point de vue fonctionnel, la conférence d’Amsterdam a été riche en annonces. L’une des plus intéressantes, la « conversation continue » fait évoluer l’évaluation des collaborateurs en permettant un dialogue permanent entre les managers et leurs équipes. « Beaucoup de sociétés sont dans une réévaluation quasi permanente des collaborateurs, par exemple pour évaluer leurs contributions à un projet », donne en exemple Joël Bentolila. Pour être pertinent, ce type d’évaluation sur un projet ponctuel doit être fait sur le moment et pas plusieurs mois après, lors de l’entretien annuel. Ces fonctionnalités de conversation continue qui mettent en œuvre des processus OKR (objectives and key results) sont maintenant disponibles sur le cloud de Talentsoft. « Nous y travaillons depuis un an à peu près », précise le directeur technique en expliquant avoir notamment tiré parti de l’expérience social feed-backs.
L'évaluation des collaborateurs en mode conversation continue s'appuie sur la méthode des processus OKR (objectives and key results). Agrandir l'image.
Core RH hybride, injection d'IA et marketplace formation
L’éditeur a également fait évoluer Talentsoft Hub, son module Core RH qui concentre toute la partie administrative de la gestion des ressources humaines. « C’est le point de vérité de toutes les informations sur les collaborateurs », résume Joël Bentolila. Pour tenir compte des investissements déjà réalisés par ses clients, il permet de connecter sa suite via des API aux systèmes RH déjà installés dans l’entreprise mais qui sont incomplets. « Cela vient en complément d’investissement et pas en remplacement », souligne le directeur technique. « Le Core RH doit être en mode hybride, afin qu’une partie des données puisse être gérée dans le Hub et qu’une partie soit en self-service ». Une douzaine de clients utilise déjà ce Hub et une centaine l’a acquis. Il concerne potentiellement 1 500 clients dès l’année prochaine. Par ailleurs, comme de nombreux éditeurs, Talentsoft est en train d’injecter de l’intelligence artificielle dans ses fonctionnalités. Il en propose déjà à travers les analyses prédictives proposées à l’expert RH. Demain, l’IA permettra par exemple d’affiner les recommandations faites aux collaborateurs sur les formations et actions correspondant le mieux à leurs objectifs en analysant les données de leurs parcours.
Spécialiste des problématiques RH, Alexandre Pachulski, directeur produit de Talentsoft, a exposé l'intérêt d'utiliser l'intelligence artificielle, totalement dénuée d'a-priori dans ses recommandations. (Crédit : LMI/MG)
Sur la formation, Talentsoft continue par ailleurs à enrichir l’offre de learning qu’il a acquise avec e-doceo et qui, avec un millier de clients, représente sa base installée la plus importante, notamment à l’international. Les briques de gestion de la formation et des contenus (LMS/LCMS), créées par les équipes de Jérôme Bruet, fondateur d’e-doceo, aujourd’hui vice-président chez Talentsoft, totalisent notamment une soixantaine de clients au Canada. Elles sont également utilisées au Brésil et en Colombie. Dans ce domaine, l’éditeur français lance une marketplace où sont regroupés des éditeurs de contenus comme Cegos ou Xos Learning. Parmi les autres évolutions de Talentsoft Learning, il est maintenant possible de se connecter à une formation depuis son mobile en scannant un QR Code envoyé sur une convocation ou par e-mail. « Nous avons poussé un peu plus loin sur le blending learning où ce QR Code peut être utilisé sur les formations en présentiel », nous a expliqué Jérôme Bruet lors d’un entretien. « Le formateur peut imprimer la feuille de présence sur lequel le collaborateur scannera le QR Code ». Ce qui, au passage, permet d’unifier l’expérience entre présentiel et formation en ligne.
Ci-dessus, Justus Geist, directeur des opérations de Talentsoft, a présenté l'utilisation du QR Code pour permettre à un collaborateur d'accéder à une formation ou valider sa présence (agrandir l'image).
A Amsterdam, Ashley Robinson, spécialiste du blended learning pour Campus Veolia, est également venu témoigner de l'utilisation de Talentsoft Learning sur mobile. Veolia, prestataire de gestion optimisée des ressources, compte près de 170 000 employés dans le monde. (Crédit : LMI/MG)
L'infrastructure as-a-code pour déployer les datacenters
Sur la partie infrastructure de son offre, Talentsoft s’est employé ces derniers mois à industrialiser le déploiement de ses datacenters pour accueillir le flux de ses nouveaux clients. Cette infrastructure est hébergée en grande partie sur Azure de Microsoft, à Dublin, Amsterdam, Francfort et bientôt Paris, mais également dans des environnements managés par Talentsoft avec des hébergeurs, en France, en Suisse et au Canada. L’éditeur travaille notamment avec Interxion, Equinix et OVH, en France et en Amérique du Nord. « Comme nous accélérons notre déploiement, nous avons de plus en plus de datacenters Azure et il nous fallait industrialiser notre approche sur un mode infrastructure as-a-code », nous a exposé Joël Bentolila. Il n’était plus possible de lancer à la main serveurs, stockage, ressources réseaux, etc. En mode infrastructure as-a-code, la mise en œuvre des différents éléments se modélise entièrement sous forme de scripts : adresse du lieu de déploiement, création des serveurs, bases de données, firewalls, load balancers, ftp, serveurs de sécurité, annuaires, serveurs de connexion de logs, etc.
Le premier projet d'infrastructure as-a-code a été mené en Allemagne sur un site Azure géré par T-Systems. « Nous avons théorisé l’ensemble des machines de nos datacenters, chacune a un script. Le déploiement a pris quelques heures », nous a relaté Joël Bentolila en précisant : « nous avons également automatisé la mise à jour de nos logiciels avec Puppet ». Ce sont dès lors les serveurs qui demandent eux-mêmes s’ils doivent installer des mises à jour. Le site de Francfort est opérationnel depuis début juin. Talentsoft a prévu de lancer cet automne le script pour ceux d'Azure implantés par Microsoft en France. « Nous sommes en saturation sur tous nos datacenters, il nous faut en ouvrir de nouveaux », ajoute le directeur technique. D'où l'industrialisation qui permet d'accélérer les déploiements. A Francfort, il fallait rénover l’installation. L'éditeur y bénéficie maintenant d’un site de Tier 4. Chaque client choisit le site où il souhaite que ses applications Talentsoft soient installées. Les implantations Azure ouvertes dans l’Hexagone par Microsoft ont plutôt vocation à accueillir les nouveaux clients de l’éditeur RH.
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