En direct de Berlin. Le rachat de Tableau par Salesforce pour 15,7 Md$, annoncé il y a 8 jours à peine, ne perturbe en rien la conférence européenne de l’éditeur d’outils de visualisation de données qui se tient en ce moment à Berlin (17-19 juin). Sur plus de 2000 participants, la délégation française y réunit 200 personnes environ. En France, l’éditeur compte parmi ses grands clients des groupes comme La Poste, Schneider Electric, BNP Paribas, Auchan, EDF, Criteo, Blablacar ou OVH. L’offre de Tableau s’est fortement renforcée ces derniers mois avec l’arrivée d'un moteur de base de données colonnes en mémoire (Hyper), d’outils de préparation des données (Prep et Conductor) et de fonctions de requête en langage naturel (Ask Data). L’ambition de développer une plateforme complète - qui restera indépendante - se poursuit avec le projet McKinley destiné à améliorer la fiabilité et la mise à l’échelle des déploiements, avec des outils de monitoring des serveurs à travers les différents environnements et, côté sécurité, le chiffrement des données au repos et à l'extraction prévu pour la version 2019.3. Tableau s’est aussi attelé à la gouvernance en self-service avec le développement de Catalog qui apportera des fonctions de data lineage d'ici la fin de l'année. Sur l'interrogation des données, après Ask Data, le moteur Explain Data va aider les utilisateurs à comprendre les tendances apparaissant dans les données.
« Nous allons continuer à rendre Tableau plus intuitif pour les utilisateurs travaillant sur les données, avec du self-service et des déploiements dans tous les formats », a indiqué Adam Selipsky, président et CEO de Tableau. (Crédit : LMI/MG)
A Berlin, le rachat par Salesforce n'a pas été abordé d'emblée pendant la session plénière. Après une introduction sur l'importance de développer une culture de la donnée dans l'entreprise, Adam Selipsky, président et CEO de Tableau, est tout de même venu rassurer les clients, en particulier ceux qui ont engagé des projets critiques sur la technologie de l'éditeur basé à Seattle et qui s’inquièteraient de devoir les remettre en question. Si l’acquisition par Salesforce ouvre assurément un « nouveau chapitre » vers une accélération de l’évolution de la plateforme, « Tableau va garder son nom et continuer à opérer indépendamment », a-t-il assuré hier matin à Berlin. « Je reste CEO et à bien des égards, tout continue comme avant, mais le meilleur des deux mondes laisse envisager de nombreuses opportunités ». Il est encore trop tôt pour en dire plus. « Il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas », a reconnu le CEO en laissant néanmoins envisager tout ce que les capacités d’intelligence artificielle et d’apprentissage machine développées par Salesforce au sein d’Einstein pourraient apporter à Tableau. Le logiciel de visualisation est déjà très popularisé parmi les utilisateurs de Salesforce. Les équipes d’ingénieurs des deux éditeurs vont travailler à créer des expériences nativement intégrées entre leurs plateformes. Quant aux équipes commerciales, elles ont devant elles des opportunités énormes pour collaborer sur le terrain, se félicite Adam Selipsky.
75 connecteurs vers des sources de données multiples
Les deux éditeurs américains ont beaucoup d'utilisateurs en commun, mais il y a également de nombreux clients qu’ils ne partagent pas encore, nous a précisé lors d'un entretien Edouard Beaucourt, directeur France et Europe du Sud de Tableau. « Nous sommes partenaires technologiques et dans de nombreux cas, Tableau est embarqué dans les applications de Salesforce ». Le spécialiste de la datavisualisation propose déjà 75 connecteurs pour importer des données de diverses sources et « l’une de nos valeurs uniques est d’être agnostique », rappelle par ailleurs Edouard Beaucourt.
En France, de grandes institutions de services publics et les banques ont compté parmi les premiers clients de Tableau, bientôt rejoints par de nombreuses start-ups et sociétés récemment créées comme Kapten ou Happn. Depuis 18 mois, un vrai décollage s'est également produit dans les entreprises de taille intermédiaire, nous a indiqué Edouard Beaucourt, directeur France et Europe du Sud de Tableau. (Crédit : LMI/MG)
Dans l’Hexagone, le plus gros client de l’éditeur reste BNP Paribas, suivi de près par Schneider Electric avec des milliers d’utilisateurs. « Plus récemment, Auchan nous a fait confiance de manière stratégique dans un contexte compliqué », cite le DG France en expliquant que le côté agnostique de Tableau a notamment motivé le choix de l’enseigne de grande distribution qui a déployé la solution sur deux projets : « d’une part avec Big Query de Google, d’autre part avec Essbase d’Oracle, avec autant d’aisance de part et d’autre pour tirer parti des données ». Auchan compte maintenant 7000 utilisateurs du logiciel d'analyse parmi ses cadres (middle et top management) dans 600 magasins en France.
Pour intégrer son offre, la filiale française de Tableau s'est entourée d'une vingtaine de partenaires dont Deloitte, Keyrus, B&D/OBS, Mydral, ActInVision et The Information Lab. Interrogé sur les modes d'utilisation du logiciel, Edouard Beaucourt souligne que le produit est à la fois disponible on-premise, sous Windows, Linux ou MacOS, qu'il se déploie dans les trois principaux clouds publics (AWS, Azure, GCP) ou se consomme en mode SaaS dans le cloud de Tableau (installé sur AWS).
Blueprint, un guide et des pratiques pour réussir son projet
A Berlin, outre les multiples apports fonctionnels attendus dans la version 2019.3, Tableau insiste également sur les démarches susceptibles d’aider les entreprises à développer une culture de la donnée. Dans ce domaine, l’éditeur a constitué Blueprint, un guide pour accompagner ses clients au fil des étapes successives dans la définition d’une stratégie, la mise sur pied d’un projet, son déploiement, son monitoring et sa maintenance, dans un contexte propre à étendre son périmètre. Blueprint couvre aussi les volets formation et bonnes pratiques, ainsi que les aspects promotion du projet, engagement et support des utilisateurs, indispensables pour constituer un cadre propice à la création d’une communauté. L'éditeur compte 86 000 entreprises clientes dans le monde dont plus de 15 000 en Europe.
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