Le passage au télétravail provoqué par le Covid-19 ne s’est pas borné aux entreprises. A la NASA, des équipes ont également poursuivi leur mission à domicile comme l’a récemment illustré celle du rover Curiosity qui explore Mars depuis presque 8 ans. A partir du 20 mars, les opérations habituellement pilotées depuis le laboratoire Jet Propulsion de Pasadena (en Californie du Sud) se sont faites à distance. Pour la première fois, l’équipe était entièrement en télétravail et, deux jours plus tard, les commandes envoyées vers Curiosity se sont exécutées comme prévu, relate l’agence spatiale dans un billet. En l’occurrence, le rover a prélevé un échantillon de roche sur un lieu dénommé Edinburgh.
L’équipe de la mission avait anticipé son repli deux semaines plus tôt et distribué une partie de l’équipement nécessaire comme les casques et les écrans. En revanche, impossible d’en faire autant pour les ordinateurs haute performance équipés de cartes graphiques avancées qui affichent les images 3D de Mars. Ce sont ces images, examinées à l’aide de lunettes spéciales, qui permettent aux planificateurs de mieux discerner les paysages vers lesquels Curiosity va être envoyé et d’évaluer la distance d’extension possible du bras robotique. Il a donc fallu se rabattre sur des notebooks classiques et des lunettes 3D rouge-bleu.
Planifier avec des scientifiques répartis dans le monde
L’autre difficulté portait sur la coordination avec les scientifiques. La mission travaille avec des centaines d’entre eux répartis dans le monde pour déterminer où le rover doit se déplacer et comment il rassemble ses données, explique la NASA. Ces échanges se font déjà à distance. En revanche, la programmation de chaque séquence implique une vingtaine de personnes qui développent et testent les commandes tout en dialoguant avec des dizaines d’autres personnes distantes. « Nous sommes généralement tous dans la même pièce et partageons des écrans, des images et des données. Chacun parle en petits groupes et avec l’ensemble des autres personnes dans la pièce », explique dans le billet Alicia Allbaugh, qui dirige l’équipe.
Pour obtenir l’équivalent en télétravail, il faut à la fois établir plusieurs visioconférences en même temps et utiliser des messageries instantanées. Ce qui requiert évidemment un surcroît d’efforts pour s’assurer que tout le monde se comprend. En moyenne, chaque journée de planification prend une à deux heures de plus qu’en temps normal, ce qui limite le nombre de commandes qui peuvent être envoyées chaque jour. Mais pour l’essentiel, la productivité de la mission reste la même, constate l’agence spatiale américaine.
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