La France ne restera pas sur le bord du chemin en matière de projets IoT. C'est en tout cas l'impression qui ressort des interventions et de notre parcours dans les allées de la dernière édition du salon IoT World qui se déroule en ce moment à Paris (Parc des Expositions à la Porte de Versailles), ces 22 et 23 mars. Start-ups, PME mais également grands comptes : les entreprises françaises amorcent, poursuivent ou passent en production sur des projets en Internet des objets. Les offreurs et sociétés de services répondent évidemment à l'appel en apportant un vaste éventail de solutions sur les enjeux business et les usages d'aujourd'hui mais aussi de demain.
« Nous avons identifié qu'il y a en France 100 000 PME qui doivent intégrer l'Internet des objets. Des entreprises qui ont une faible valeur ajoutée pourront mourir demain si elles ne sont pas assez compétitives et ne parviennent pas à intégrer l'internet des objets en tant que valeur ajoutée », a prévenu Olivier Midière, ambassadeur numérique du Medef lors de la conférence inaugurale de l'IoT World ce mercredi matin. Et M. Midiere d'illustrer son propos en prenant le cas d'une entreprise spécialisée dans la fabrication de béquilles : « Demain, cette entreprise proposera gratuitement ses béquilles mais fournira par exemple aux maisons de retraite des services de géolocalisation, de détection et de déclenchement d'alertes en cas de chute et de remontées d'informations physiologiques ».
Des capteurs connectés dans les toilettes des rames à la SNCF
Pierre Cotte (responsable du développement de MicroEJ) et Vincent Perrier (directeur marketing de MicroEJ) sur le salon IoT World à Paris. (crédit : D.F.)
Si les plus petites entreprises se lancent - à marche forcée ou non - dans l'IoT, les grands comptes ne sont pas les derniers à s'aventurer dans de tels projets. La SNCF, par exemple, a identifié plusieurs centaines de cas d'usage mais se garde toutefois bien de les faire tous aboutir. « L'IoT, c'est exaltant et dangereux. Il y a des milliers de cas d'usage et il faut les passer au tamis du ROI », a expliqué Emmanuel Cox, responsable du programme IoT de la SNCF. Ainsi, seuls une dizaine de programmes ont été retenus, et 5 ont été menés comme par exemple ceux concernant la maintenance en gare des ascenseurs et des escalators afin d'anticiper les défaillances qui perturbent la fluidité du trafic passager, provoquent des engorgements et pénalisent le service utilisateur.
Idem pour les capteurs implémentés sur les chasses d'eau dans toilettes des rames de train. Le sujet est loin d'être anecdotique car une rame doit être immobilisée si les deux toilettes ne fonctionnent pas, ce qui peut donc provoquer des perturbations de production et toujours de l'insatisfaction client, ce à quoi la SNCF veille comme le lait sur le feu. « Nous avions mené un projet de capteurs connectés pour mesurer la tension physique des lignes de caténaires mais il se trouve que cela débouchait sur des opérations de maintenance indésirables provoquées par des faux positifs. Les opérateurs de maintenance se sont plaints et nous ne sommes pas allés plus loin », nous a expliqué Emmanuel Cox. En tout, une cinquantaine de collaborateurs de la SNCF sont mobilisés pour les projets IoT du groupe, à Nantes, Toulouse, Lyon, Paris et bientôt dans le Nord et dans l'Est, avec des profils d'électroniciens, développeurs, geeks mais aussi des experts télécoms et cybersécurité.
Un premier pas vers le smart grid chez Legrand
Du côté du géant du transport de marchandises Gefco, les capteurs connectés sont également utilisés. « Nous avons commencé il y a 5/6 ans sur de la géolocalisation, pour échanger des données de voyages marchandises, les kilomètres parcourus et les arrêts des chauffeurs », a fait savoir Beray Legouverneur, vice-présidente exécutive SI groupe Gefco. Afin de suivre l'évolution des besoins de ses clients, Gefco a par la suite étendu les usages des capteurs. « Il faut être très prédictible pour livrer à temps et éviter de payer des frais aux clients. Nous pouvons donner une meilleure estimation des délais de livraison, améliorer la satisfaction client et éviter des pénalités ».
D'autres grands comptes ont aussi sauté dans le grand bain de l'Internet des objets. C'est le cas notamment pour EDF. Pas uniquement pour ce qui concerne son compteur connecté Linky, mais aussi plus récemment avec le lancement de Sowee, une station connectée pour la maison permettant de faire remonter diverses informations liées à la température, à l'humidité d'une pièce ou encore à la pression atmosphérique et même à la pollution. Une prévention qui permet aux usagers d'anticiper et d'adapter en conséquence leurs habitudes. Derrière Sowee, on trouve le logiciel de la société nantaise MicroEJ (anciennement IS2J). Sur base RTOS (Real-Time Operating System) adossée à une machine virtuelle Java ne dépassant pas 30ko, MicroEJ est taillé pour les environnements connectés puisqu'on le retrouve également embarqué dans des smartwatchs des Chinois Huawei et Bong. Le principal intérêt de MicroEJ est d'être low cost et basse consommation, la technologie étant couplée avec un micro-contrôleur qui s'avère beaucoup moins énergivore qu'un microprocesseur. Résultat : une autonomie d'une semaine pour les montres connectées. « Chaque constructeur peut concevoir un app store avec des apps dédiées à télécharger », nous a précisé Vincent Perrier, directeur marketing de MicroEJ.
Edwin de Boer (directeur du marketing de Raritan) pose à côté de la dernière unité de distribution d'énergie PX Intelligent Rack PDUS de Legrand. (crédit : D.F.)
Egalement présent sur le salon IoT World, Legrand est venu avec la dernière version de son unité de distribution d'énergie (Power Distribution Unit) qui pourrait bien préfigurer un premier pas vers le smart grid et le contrôle intelligent d'énergie. Baptisée PX Intelligent Rack PDUS, la solution de Raritan, société néerlandaise rachetée par Legrand en 2015, permet de faire en temps réel des mesures d'ampérage, de tension ou encore de consommation killowatt/heure sur les infrastructures informatiques (serveurs, baies...). Le suivi de ces indicateurs peut être poussé sur smartphones, tablettes ou PC en mode web sécurisé HTTPS.
D'Angers - avec la Cité des objets connectés - à Toulouse (IoT Valley) en passant par la région Rhône-Alpes ou encore Mulhouse, dans toutes les régions on ne compte plus les écosystèmes portant et reliant entre eux des projets en Internet des objets. C'est le cas également en région Paca avec le CNRFID (Centre National de Référence RFID) qui propose aux starts-up et PME innovantes et prometteuses dans le domaine des objets connectés BtoB de rejoindre l'initiative Connectwave. C'est le cas par exemple d'Editag, qui conçoit et fabrique des objets connectés pour la supervision des biens et des processus industriels. Ces solutions taillées pour l'usine du futur (4.0) s'inscrivent dans le cadre de la mise en place d'une stratégie de lean management (flux tendus) répondant aux contraintes et à l'optimisation de la chaine logistique.
Editag propose des objets connectés taillés pour la supervision des biens et des processus industriels. (crédit : D.R.)
Faisant également partie de l'initiative Connectwave, on trouve également la jeune pousse Wid proposant des capteurs combinant des technologies RFID et NFC pour garantir l'authenticité des bouteilles de vin, sécuriser la distribution et limiter les risques de contrefaçon.
Wid propose un système d'authentification et de traçabilité pour les bouteilles de vin permettant d'éviter les contrefaçons. (crédit : D.F.)
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