Smooth-Stone espère ainsi offrir une alternative aux puces serveur basées sur la technologie x86 comme celles d'Intel et d'Advanced Micro Devices (AMD), très gourmandes en énergie. L'ambition de Smooth-Stone a déjà value à la startup de gros titres du genre, "La startup qui veut terrasser le Goliath du processeur," ou encore, "Une bombe atomique contre Intel," laissant entendre que sa technologie serait bientôt disponible et facile à mettre en oeuvre. Mais la réalité pendra certainement un peu plus de temps. L'entreprise doit faire face à une concurrence féroce et à de redoutables défis technologiques pour transformer les coeurs de processeurs de téléphones mobiles en puces serveur compatibles. Marvell Technology et Agnilux, une entreprise récemment acquise par Google, travaillent déjà au développement de puces de ce type, et devraient être bientôt en mesure de proposer leurs produits. Sans compter le challenge qui consiste à s'opposer à Intel, dont l'histoire montre qu'elle a toujours su écraser ses rivaux.
Un soutien financier de poids
L'excitation autour de cette entreprise semble venir du fait que la société a obtenu des financements d'un groupe d'investisseurs auquel appartiennent les fabricants de processeurs Arm Holdings, Texas Instruments, et dont fait partie ATIC (Advanced Technology Investment Company), le plus important investisseur dans GlobalFoundries (structure commune avec AMD). "Ce type de participation, son montant, et la puissance du groupe qui nous soutient représentent un solide encouragement à l'innovation que nous apportons dans ce marché," a déclaré dans un communiqué Barry Evans, PDG de Smooth-Stone et lui-même ancien vice-président de Marvell où il occupait également le poste de directeur général du département des appareils mobiles et de poche, un secteur acheté à Intel par Marvell il y a quelques années. Dans sa déclaration, le PDG de Smooth-Stone précise que "le capital sera entièrement consacré au développement et à la commercialisation de processeurs haute performance et de faible puissance qui vont transformer le marché des serveurs et modifier l'architecture des centres de calcul."
Le problème que Smooth-Stone tente de résoudre est de taille, surtout dans le secteur du cloud computing dont l'expansion réclame toujours plus de datacenters. D'une part, les puissants processeurs qui font tourner les serveurs des centres de calcul ont besoin d'une grosse quantité d'électricité pour fonctionner. D'autre part, ils dégagent beaucoup de chaleur et pour empêcher les serveurs de surchauffer et de s'arrêter, il faut utiliser encore plus d'énergie pour alimenter des climatiseurs ou d'autres systèmes de refroidissement.
Des défis à surmonter
Les processeurs que Smooth-Stone et d'autres envisagent de mettre dans les serveurs sont des processeurs Arm, couramment utilisés dans les téléphones mobiles. Le fabricant de puces s'est focalisé à produire des processeurs basse consommation pour des appareils dont le fonctionnement repose sur une batterie. Mais ce choix implique aussi des limites à surmonter, principalement en matière de logiciels et de vitesse de calcul. La question des logiciels est la plus difficile à résoudre, car la plupart des programmes tournant sur les serveurs ont été écrits pour être exécutés par des processeurs x86 et devraient être réécrits pour les puces Arm de type RISC (Reduced Instruction Set Computing). Ce n'est pas un défi majeur, mais cela suppose des coûts et du temps pour y parvenir.
Par ailleurs, les coeurs des processeurs ARM sont compatibles uniquement avec des machines 32 bits, alors que l'industrie informatique évolue rapidement vers le 64 bits. Lors d'une interview donnée en juin, Mike Inglis, directeur général de la division processing chez Arm a déclaré que "pour s'adapter à la tendance de l'industrie, le fabricant travaillait à améliorer les performances de ses puces de façon à ce qu'elles puissent être intégrées à des serveurs." Mais il a également précisé que l'utilisation de processeurs Arm dans des puces serveur était à l'état de recherche et que leur mise au point pourrait encore prendre quelques années. "La presse s'est enthousiasmée trop vite sur le sujet," a t-il déclaré.
Des annonces à la fin de l'année
Pourtant, selon un responsable, Marvell envisage de lancer ses premières puces serveurs à base de coeurs ARM au plus tard cette année. Celui-ci a indiqué que le fabricant avait intégré plusieurs coeurs Arm à l'intérieur de ses puces serveurs afin de rivaliser avec ceux fabriqués par Intel. Une stratégie que Smooth-Stone et d'autres entreprises qui cherchent à entrer dans la mêlée pourraient adopter. Marvell va donc intégrer une puce quad-core basée sur des processeurs Cortex-A9 Arm pour notamment améliorer la vitesse du processeur. "Le marché des serveurs, actuellement dominé par les processeurs x86, suscite de plus en plus de préoccupations, notamment à cause de ses besoins croissant en énergie. Marvell, en exploitant la technologie des puces à faible puissance, espère faire une percée sur le secteur du serveur avec une offre qui promet de réduire par 5 la consommation en électricité pour une performance nominale équivalente à celle d'un processeur x86," écrit dans un rapport Ganesh Ramamoorthy, analyste chez Gartner.
Smooth-Stone, un acteur en devenir dans les puces serveurs à basse consommation
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Créée par d'importants fabricants de processeurs avec l'aide de fonds d'investissement, la startup Smooth-Stone a décidé de s'attaquer à la facture énergétique des centres de calcul. L'entreprise, qui a annoncé avoir levé 48 millions de dollars de financements supplémentaires, prévoit pour cela de mettre les microprocesseurs utilisés en téléphonie mobile dans les puissants serveurs informatiques des datacenters.
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