Le temps des grands rapprochements sur le marché français de l'open source est arrivé. Deux entreprises historiques dans le domaine des services et des logiciels libres ont annoncé un accord historique. Positionné dans le conseil et les applications open source, Smile acquiert ainsi une participation majoritaire chez son concurrent Alter Way qui devient l'une de ses filiales au même titre que Neopixl, UX-Republic et SensioLabs. « Avec Alter Way, Smile devient le premier acteur et champion de l'open source au niveau européen et montre qu'en France on peut non seulement avoir des ambitions mais aussi des moyens », nous a expliqué Véronique Torner, cofondatrice et directrice générale d'Alter Way. « Cela envoie un message très positif au marché et permet de répondre aux grands clients qui ont de grands projets d'avoir confiance pour prendre un grand virage vers l'open source ».
Détenant jusqu'alors un peu plus de 60% du capital d'Alter Way, Econocom cède dans le cadre de cette opération toutes ses parts à Smile pour un montant non communiqué. D'autres actionnaires minoritaires de la SSLL en font autant, laissant à Smile une très grande marge de manoeuvre pour contrôler l'ensemble au chiffre d'affaires dépassant largement 120 millions d'euros. Ce rapprochement bénéficie du soutien actif des actionnaires de Smile, à savoir Keensight Capital et Eurazeo. Suite à cette opération, l'ensemble des équipes d'Alter Way rejoignent celles de Smile, y compris Véronique Torner qui fait pour l'occasion son entrée au comité exécutif du groupe et va diriger le « nouvel » Alter Way recentré sur l'activité infrastructure. Jusqu'à présent et co-fondateur et président d'Alter Way, Philippe Montargès se retire de toute activité opérationnelle mais est mandaté pour représenter Smile dans toutes les instances open source et l'animation du groupe open innovation au sein du pôle de compétitivité Systematic. Il est en effet responsable du hub open source.
L'actuel président de Smile, Marc Palazon, étend sa fonction au nouvel ensemble. L'opération est bouclée et sera effective dès début novembre 2021. « Au niveau européen, il n'y a pas d'acteurs de taille équivalente », nous a indiqué Marc Palazon. « On est bénéficiaire, on l'a toujours été et on va continuer à l'être et on a parmi nos axes de développement d'autres acquisitions potentielles en fonds propres ».
Des regroupements d'équipes prévus
Dans le cadre de ce rapprochement, Alter Way conserve sa marque et va désormais concentrer la totalité de l'activité infrastructure du groupe en absorbant l'équipe de Smile (un peu moins de 100 personnes) en charge de ce domaine. Réciproquement, Alter Way va céder à Smile ses opérations liées aux applicatifs : « Notre activité était jusqu'alors à 60% sur les infrastructures et 40% sur les applicatifs », précise Véronique Torner. Des rapprochements d'équipes sont prévus en tenant compte aussi de l'évolution des changements organisationnels liés par exemple à la montée en puissance du télétravail. Dans certains lieux où Alter Way et Smile ont chacun des équipes, des regroupements sont naturellement prévus, comme à Marseille, Montpellier et Lyon. « On va se regrouper sur le même site pour que cela donne du sens », fait savoir Véronique Torner.
En termes de répartition du business, Alter Way va se charger de la commercialisation de toute l'offre infrastructure, conseil, devops, prestations d'infogérance et services managés cloud. La société récupère l'activité infrastructure de Smile qui comptait pour 10-15% de l'ensemble de son activité. De son côté, Smile se concentrera sur les services applicatifs et numériques ainsi que sur les domaines des logiciels embarqués orientés IoT et des développements autour du CRM et de l'ERP notamment. En unissant leurs forces, Smile et Alter Way forment un groupe dépassant les 1 800 employés, dont environ 1 200 en France en particulier à Lille, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Grenoble et Paris. Et les prochains mois s'annoncent prometteurs avec de nombreux recrutements et une stratégie de développement et de croissance ambitieuse, portée notamment par les projets et besoins autour des offres numériques responsables et souveraines : « l'open source a un grand rôle à jouer et essentiel même s'il n'est pas le seul, dans les dispositifs de transparence, d'interopérabilité et d'innovation ouverte », assure Véronique Torner.
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